HomeA la uneDEBOIRES JUDICIAIRES DU FILS DE L’EX-PRESIDENT MALIEN IBK

DEBOIRES JUDICIAIRES DU FILS DE L’EX-PRESIDENT MALIEN IBK


Karim Kéita, le fils du président malien déchu, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), est dans le collimateur de la Justice. Depuis le 5 juillet dernier, il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par la Justice malienne, pour son implication présumée dans la disparition d’un journaliste malien sous le régime de son père. Au-delà du risque de voir l’ex-puissant homme de Bamako qui, dit-on,  faisait et défaisait les ministres au Mali, se faire humilier, ramené pieds et poings liés à Bamako, c’est la portée pédagogique des déboires judiciaires du fils de l’ex-président, qu’il convient de souligner. Si ce n’est pas la rançon de l’implication de la famille dans la gestion du pouvoir d’Etat, cela y ressemble fort. Car, on ne le dira jamais assez : la démocratie n’est pas la monarchie. Autrement dit, la gestion du pouvoir d’Etat n’est pas une question de famille avec tout ce que cela comporte comme abus de la part de gens qui se croient souvent tout permis. Pour ne l’avoir pas compris, bien des dirigeants africains sont en passe de creuser la tombe politique de leurs proches dont certains sont petit à petit en train d’être rattrapés par leur passé.

 

A se demander si cette façon de gérer le pouvoir « en famille » n’est pas devenue la règle en Afrique

 

 

Et les exemples ne manquent pas. A commencer par celui de François Compaoré, le frère cadet de l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré, dont les déboires judiciaires dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, qui dure depuis près de deux décennies, attendent toujours de connaître leur épilogue. Il en est de même pour Karim Wade, nommé « ministre du Ciel et de la Terre », aux pouvoirs les plus étendus, de son ex-président de père, Abdoulaye Wade, dont les déboires judiciaires pour enrichissement illicite, se sont terminés dans les conditions que l’on sait. Et que dire du cas de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l’ex-président tunisien, Zine Abidine Ben Ali, poursuivi en justice, après la chute du régime, pour délits financiers et accusé d’avoir « pillé des entreprises tunisiennes », aux côtés du président déchu ? Et la liste est loin d’être exhaustive puisque, pendant que de nombreux autres fils de…continuent d’être poussés au soleil par leur géniteur comme on l’a vu en Angola de José Eduardo Dos Santos, en Libye de Mouammar Kadhafi ou encore au Gabon de Omar Bongo, d’autres attendent de sortir de l’ombre de leur père comme on l’a vu au Togo avec Faure Gnassingbé, et récemment au Tchad avec Mahamat Idriss Deby. Pendant ce temps, d’autres encore rongent leurs freins dans l’antichambre du pouvoir comme au Cameroun de Paul Biya, au Congo Brazzaville de Denis Sassou Nguesso ou encore en Ouganda de Yoweri Museveni où les rejetons respectifs de ces chefs d’Etat encore en activité, sont, à en croire de nombreuses sources, en train d’être préparés dans le secret des palais pour ce qui ressemble à une succession dynastique. C’est à se demander si cette façon de gérer le pouvoir « en famille » n’est pas devenue la règle en Afrique.  Et quand ce n’est pas le fils ou la fille, c’est le frère, la belle-mère ou que savons-nous encore qui est tapis dans l’ombre, confortablement installé au cœur du pouvoir pour amasser fortune.

 

 

Si la faute incombe aux chefs d’Etat, il appartient à leurs proches de savoir aussi se montrer exemplaires

 

 

Il ne s’agit pas de dénier à ces proches de présidents, le droit de prétendre, à égalité de chances avec leurs compatriotes, à des postes de hautes responsabilités. Car, l’ascension du père ne doit pas être un obstacle à celle du fils. Mais là où le bât blesse, c’est que bien souvent, les choses sont loin de se passer dans les règles de l’art.  Si fait que dans bien des cas,  ce genre d’ascensions fulgurantes jurent, sous nos tropiques, avec les règles de l’équité et de l’orthodoxie pour tomber dans le registre du pur népotisme. Le hic est que, généralement, ces proches du chef de l’Etat ne se fixent pas de limites dans les excès en tous genres, dans l’impunité la plus totale, oubliant presque que le pouvoir du président peut avoir une fin. Mais si la faute incombe aux chefs d’Etat, il appartient à leurs proches de savoir aussi se montrer exemplaires.  En tout état de cause, à la lumière de la multiplication des déboires judiciaires de proches de présidents après la chute de ces derniers, tout porte à croire que pour protéger sa famille, il vaut mieux la tenir éloignée de la gestion du pouvoir d’Etat. C’est ce que semblait avoir compris l’ex-président ivoirien, Félix Houphouët Boigny, qui reste aujourd’hui encore en la matière, une des rares exceptions. De fait, répondant à la question d’un journaliste sur l’absence notable de membres de sa famille dans son sillage dans les hautes sphères de l’Etat,  Le « Bélier de Yamoussoukro » s’était plu à dire, non sans un zeste d’humour, qu’il avait « fait la politique pour deux générations de Houphouët ». C’est tout dire. Et aujourd’hui, à la lumière de ce qui se passe dans bien des palais (présidentiels et de justice) en Afrique, il faut bien admettre que son surnom de « Vieux sage » était loin d’être usurpé.

 

« Le Pays »

 

 


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