HomeA la uneDECES DU CHEF DE TRIBU DES IFOGHAS : Quelles opportunités pour la paix ?

DECES DU CHEF DE TRIBU DES IFOGHAS : Quelles opportunités pour la paix ?


La ville de Kidal, au Nord-Mali, a connu le 21 décembre 2014, un ballet incessant de délégations de haut niveau, venues notamment du Niger, de la Mauritanie, de l’Algérie, de la Minusma, ainsi que de l’autorité centrale de Bamako. Mais cette fois-ci, ce chassé-croisé diplomatique et d’hommes politiques sur ce territoire que revendique le MNLA n’a pas de rapport direct avec le conflit qui oppose les groupes armés de cette partie du pays et le gouvernement malien. Toutes ces délégations ont été dépêchées à Kidal pour présenter les condoléances de leurs Etats respectifs à la famille de l’Ameokal Intalla Ag Attaher, chef traditionnel de la tribu des Ifoghas, décédé le 18 décembre 2014.

Si toutes ces délégations se bousculent aux portes de Kidal, à l’occasion de ce malheureux événement, c’est que l’illustre disparu était, de son vivant, un patriarche écouté, respecté par toute la communauté touareg. Un personnage dont l’autorité faisait l’unanimité au sein de sa communauté. C’est dire l’importance du rôle que ce dernier jouait dans les négociations de paix entre le MNLA, les autres groupes armés du Nord et l’Etat malien. C’est aussi la raison pour laquelle certains analystes de la scène politique malienne n’ont pas hésité à voir dans cette mort, une opportunité pour la paix au Mali. C’est un sentiment que partage d’ailleurs la délégation de l’Etat malien, qui a pu fouler à nouveau le sol de Kidal, depuis la malheureuse initiative du Premier ministre Moussa Mara, qui s’était soldée par une reprise des combats et la débâcle des soldats de l’armée malienne. Cet accueil sans kalachnikov est un signal positif dont la délégation de Bamako se réjouit du reste : « Aucun acte d’hostilité n’a été lancé contre les envoyés de Bamako, bien au contraire » a, en effet, affirmé un membre de cette délégation. Comme pour confirmer tout l’intérêt qu’il accorde à cette chance de retour rapide de la paix avec le Nord, le président  Ibrahim Boubacar Keita a désigné l’ancien Premier ministre, Modibo Keïta, comme chef de la délégation du gouvernement. On se rappelle que cet homme est en ce moment, le représentant de l’Etat malien dans les pourparlers d’Alger.

Cela dit, au-delà des vœux et des calculs des uns et des autres, la question que se pose le Malien lambda reste incontestablement celle de savoir si la disparution de cet homme va vraiment ouvrir enfin la voie à une réconciliation de tous les fils du Mali, qu’ils soient du Nord ou du Sud. A ce sujet, il faut dire que tout dépendra des instructions que le défunt chef aura laissées en guise de testament.

Tout dépendra de la dextérité avec laquelle les autorités de Bamako manoeuvreront

On sait qu’au soir de sa vie, la position de Intalla Ag Attaher sur la crise malienne avait évolué pour devenir moins radicale, moins tranchante, se voulant même parfois conciliante. Une attitude que les autorités de Bamako espèrent voir son successeur poursuivre, afin de faciliter la réunification du territoire malien. Mais là encore, il est clair que tout dépendra de la dextérité avec laquelle les autorités de Bamako manoeuvreront   dans les prochains jours. Car s’il est vrai que la mort de Intalla Ag Attaher peut être une opportunité pour la paix, il n’en est pas moins vrai qu’un faut pas de Bamako aura vite fait de remettre le feu aux poudres. Moussa Mara ne dira pas le contraire.

Dans l’hypothèse où le défunt chef n’aurait pas laissé de consignes, il faut dire que l’avenir des négociations repose désormais sur les épaules de Mohamed Ag Intalla, l’un des fils du défunt, tout indiqué pour lui succéder à la tête de la chefferie traditionnelle des Ifoghas. C’est pourquoi ce jeune homme a été au centre de tous les regards et de toutes les attentions.

Selon qu’il est un homme modéré ou radical, la situation de guerre entre le Nord et le Sud du Mali évoluera rapidement vers une sortie de crise ou vers un enlisement, avec une possibilité de raidissement des positions dans les deux camps. Toutefois, on sait que cette situation de ni guerre ni paix, si elle ne fait pas l’affaire de Bamako, est encore loin d’arranger les populations du Nord qui ont plus que besoin d’investissements, d’infrastructures et de quiétude pour se développer. C’est pourquoi on serait bien en droit de penser que cette mort va constituer une opportunité pour le MNLA et Bamako, pour faire enfin la paix des braves.

 

Dieudonné MAKIENI


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