HomeA la uneDECES DE GERARD KANGO OUEDRAOGO:Il repose désormais à Soubo, son village natal

DECES DE GERARD KANGO OUEDRAOGO:Il repose désormais à Soubo, son village natal


Décédé le 2 juillet 2014, l’ancien combattant infatigable pour la démocratie africaine, Gérard Kango Ouédraogo, a eu droit à un hommage digne de son rang, à Ouahigouya, hier 7 juillet. L’homme a été conduit à sa dernière demeure à Soubo, son village natal, en présence du Premier ministre Luc Adolphe Tiao, de plusieurs membres du gouvernement et d’une foule immense.

 

Gérard Kango a été inhumé hier 7 juillet 2014. Il repose désormais à Soubo, son village natal. Avant de rejoindre sa dernière demeure, le Duc du Yatenga a reçu tous les honneurs militaires dignes de son rang. Les intervenants ont, tour à tour, reconnu en Gérard Kango Ouédraogo un homme d’Etat qui s’est battu pour sa patrie. C’est aux alentours de 14h que le duc du Yatenga a été conduit à sa dernière demeure au sein de la chapelle, au milieu des caveaux familiaux. Avant son inhumation proprement dite, l’absoute a été célébrée à la cathédrale Christ Roi par le cardinal Philippe Ouédraogo. Les évêques de Koupela et de Manga étaient également présents. Le cardinal et ancien évêque de Ouahigouya a salué la mémoire de l’illustre disparu qu’il a qualifié de «passionné de Dieu ». Il a aussi souligné que Gérard était un homme de contact, respectueux et ouvert. « Il avait la passion pour les hommes et pour lui-même. Il a mené une vie bien pleine socialement, familialement, économiquement, financièrement et politiquement », a-t-il laissé entendre. Il a en outre révélé avoir rencontré Gérard Kango Ouédraogo pour la première fois en 1956, quand il était à l’école primaire à Kaya. C’était lors d’une visite que Gérard Kango et le capitaine d’Orange avaient effectuée.

Le cardinal a aussi signifié que le patriarche  est décédé à un moment difficile de la vie nationale. Il a de ce fait appelé à une prise de conscience de la part de tous les acteurs pour un Burkina de paix et d’unité avant d’ajouter que tout cela passe nécessairement par le dialogue et la négociation. Après la cathédrale, Luc Adolphe Tiao et les membres de sa délégation se sont déportés à Soubo, village natal de Gérard Kango Ouédraogo. Et comme il fallait s’y attendre, les témoignages sur les qualités de l’homme fusaient de toutes parts.

Né le 29 septembre 1925 à Soubo, Gérard Kango Ouédraogo aura fait l’essentiel de sa carrière dans la politique qu’il a commencée à l’âge de 21 ans. Il n’en sortira plus ; bien au contraire, il gravira les échelons en occupant les postes les plus importants : conseiller municipal, député, ministre, ambassadeur, président de l’Assemblée nationale, Premier ministre et président d’honneur à vie de l’ADF/RDA jusqu’à la date du 2 juillet, jour de son décès. En   1946 déjà, il fut l’un de ceux qui ont participé activement à la création du Rassemblement démocratique africain (RDA) à Bamako. L’homme qui s’en est allé laisse derrière lui 24 enfants (12 garçons et 12 filles), 29 petits-enfants et 10 arrière-petits-enfants. Il faut noter qu’aucun de ses enfants n’est décédé de son vivant.   Ce bref parcours du regretté, le Premier ministre l’a rappelé avant de saluer sa bravoure, sa combativité et son sens élevé du patriotisme. Selon le Premier ministre, l’homme a œuvré inlassablement pour la renommée de la nation voltaïque. Tout comme lui,   un des chefs coutumiers représentant Sa Majesté Naaba Kiiba a reconnu que c’était un homme de parole, une référence inattaquable, une intelligence insoupçonnée. Prenant la parole au nom des Samo, Emile Paré a laissé entendre que Gérard était non seulement un baobab, mais aussi un immeuble qui s’est écroulé à jamais. « C’est un grand esclave politique qui s’en est allé. Tu as été un puits inépuisable d’exemples de qualité, plein de talents, de loyauté »,  a-t-il dit. Comme il fallait s’y attendre en pareilles circonstances, la parenté à plaisanterie s’est invitée entre Mossi et Samo. Emile Paré n’a pas manqué d’astuces pour contraindre le beau monde à applaudir par moments. « Tu as goûté à la prison en 1982 sous ton patron Saye Zerbo. Sous la révolution, tu as encore fait la prison à Pô. Tu étais face aux juges des TPR de la révolution qui t’ont accusé de vols de cuillères et autres. A l’époque, c’était le juge Salifou Nébié et ses camarades qui t’avaient jugé. Lorsque tu as appris la mort du juge Nébié Salifou, tu étais tellement fâché que tu as décidé de le rejoindre », a-t-il ironisé avant de poursuivre : « Chef d’Etat sans Etat, bête politique, tu l’as été. Que va-t-il faire Gilbert, ton héritier politique dans cette brousse pleine de lions, d’éléphants et de tigres ? » Salve d’applaudissements. Avant de quitter le parloir, le chat noir du Nayala a encore fait sourire la foule attristée. Salifou Sawadogo, représentant des partis de la majorité, le chef de Zogoré, un représentant de la famille RDA du Mali et un représentant de l’ADF/RDA ont tous émerveillé le public par la profondeur de leurs messages.

A défaut de n’avoir pas lui-même fait le déplacement de Soubo, le président du Faso, Blaise Compaoré, a dépêché son Premier ministre pour assister en son nom aux obsèques officielles de Gérard Kango Ouédraogo. Celui-ci était entouré du directeur de cabinet du président du Faso, Sané Mohamed Topan, du représentant du président de l’Assemblée nationale, de François Compaoré, des présidents d’institutions et de plusieurs membres du gouvernement. Etaient également présents Ablassé Ouédraogo, Assimi Kouanda, Arba Diallo, etc., sans oublier les opérateurs économiques des 13 régions du Burkina Faso avec à leur tête un représentant de la présidente de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, elle-même native de Ouahigouya. Les communautés coutumières et religieuses n’ont pas aussi été en reste. En somme, c’est une foule immense qui était à Ouahigouya ce jour-là, pour dire un dernier adieu au Duc du Yatenga.

 

Hamed NABALMA

 


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