HomeA la uneDECLARATION DE IYAD AG GHALY : Sortie opportuniste ou acte désespéré?

DECLARATION DE IYAD AG GHALY : Sortie opportuniste ou acte désespéré?


 

Dans un enregistrement sonore, rendu public en octobre dernier selon plusieurs sources sécuritaires régionales au Mali, le chef du groupe djihadiste Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly, rejette l’accord de paix signé en juin dernier par les groupes rebelles du Nord et le gouvernement malien. S’en prenant vertement aux groupes rebelles signataires de l’accord, le chef djihadiste les accuse d’avoir « bradé le sang et la terre  en signant l’accord d’Alger qui pue l’impiété et la trahison ». Non seulement, il s’en démarque et appelle les jeunes au jihad, mais aussi il appelle à poursuivre la lutte contre la France. Cette sortie de l’emblématique chef djihadiste du Nord-Mali, même cinq mois après la signature des accords de paix d’Alger, n’est pas vraiment surprenante. S’étant volontairement mis à l’écart de ces pourparlers, il était clair qu’il sortirait tôt ou tard de son silence. Maintenant qu’il a tombé le masque, l’on se demande quelle sera la réaction des signataires de l’accord qui se sont résolument engagés dans le chemin de la paix au Mali. Feront-ils volte-face ? En profiteront-ils pour radicaliser davantage leur position en faisant dans la surenchère ? Ou bien maintiendront-ils leur position en travaillant pour une application effective de l’accord d’Alger en vue d’une sortie de crise au Mali? L’avenir le dira. Mais d’ores et déjà, la diffusion de l’élément sonore, au lendemain des attaques terroristes meurtrières du vendredi noir à Paris, le 13 novembre dernier, et la prise à partie de la France, amènent à se demander si Iyad Ag Ghaly ne cherche pas à se vendre au plus offrant des organisations terroristes, au moment où la France est dans l’œil du cyclone de l’international djihadiste. D’autant que l’homme semble avoir perdu de sa superbe au Nord-Mali où d’autres groupes rebelles sont en passe de lui ravir la vedette. A moins que ce ne soit un acte désespéré pour essayer de revenir sur le devant de la scène, après une relative longue période de répit, consécutive à sa collaboration qui a permis la libération de certains otages occidentaux.

Il faudrait prendre au sérieux les menaces d’Iyad Ag Ghaly

Il n’est donc pas exclu que l’homme cherche à se refaire une santé et une nouvelle publicité, ou qu’il se sente à l’étroit dans un contexte de remontée en puissance des terroristes dans le monde. D’où un possible clin d’œil à l’Etat islamiste, au moment où les forces armées maliennes ont réorganisé leur dispositif sécuritaire, notamment au Sud où son groupe a revendiqué des attaques dans plusieurs localités. Quoi qu’il en soit, il faudrait prendre au sérieux les menaces d’Iyad Ag Ghaly, car l’homme a maintes fois prouvé sur le terrain qu’il dispose d’une capacité de nuisance redoutable. Et tant qu’il est dans la nature, il reste dangereux. Ce n’est pas pour rien que jusqu’ici, les services de renseignement qui le recherchent activement, n’ont pas pu mettre le grappin sur lui. Le président algérien Abdel Aziz Boutéflika devrait se retrouver en ce moment bien en peine,  son pays s’étant pleinement investi dans la recherche de solution à la crise malienne.  A présent, il court sérieusement le risque de se retrouver gros Jean comme devant. On peut tout aussi bien se demander si l’emblématique djihadiste malien se serait mis dans une telle posture si Blaise Compaoré était toujours au pouvoir. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que d’ici là, Iyad Ag Ghaly se signale par des actions d’éclat sur le terrain pour prouver qu’il a les moyens de sa politique de nuisance. Le Mali et la communauté internationale sont donc avertis. Toutefois, au-delà d’Iyad Ag Ghaly, ce nouveau rebondissement au Nord-Mali montre toute la difficulté à négocier avec ces groupes rebelles et autres djihadistes dont le sport favori reste la diffusion de la terreur au sein des populations, sur fond de roublardise et de rouerie. Personnages instables et versatiles à souhait, leur comportement finit de convaincre que leur parole ne vaut pas un sou ; tant ils sont coutumiers des retournements de veste. En tout cas, depuis trois ans que le Mali est dans la tourmente djihadiste, il n’en finit pas de retourner à la case départ. A quand la fin ?

Outélé KEITA


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