HomeA la uneDEMANDE D’EXTRADITION DE FRANÇOIS COMPAORE

DEMANDE D’EXTRADITION DE FRANÇOIS COMPAORE


C’est, en  principe, aujourd’hui, 18 décembre, que le Conseil d’Etat français va décider de l’extradition ou non de François Compaoré dans le Cadre de l’affaire Norbert Zongo. En rappel, les avocats de l’accusé avaient attaqué l’autorisation du gouvernement français, datant de mars 2020, d’extrader leur client vers son pays d’origine, le Burkina Faso. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Burkinabè sont suspendus à la décision du Conseil d’Etat français. Et pour cause : les circonstances dans lesquelles Norbert Zongo a été assassiné ont fortement ému pratiquement l’ensemble des Burkinabè si fait que ces derniers espèrent que tous les mystères qui entourent cet acte odieux, seront élucidés par la Justice. Et l’attente dure depuis 22 ans. C’est pourquoi les Burkinabè en général et les militants des mouvements des droits humain en particulier, espèrent que le Conseil d’Etat français va permettre l’extradition de François Compaoré afin qu’il apporte sa part de vérité dans cette affaire. Au plan endogène, tous les ingrédients, peut-on dire, d’une justice civilisée et respectueuse des droits de l’accusé semblent réunis. L’on peut noter, entre autres, le retrait, du corpus juridique du pays, de la peine de mort et la garantie d’un procès contradictoire. De ce point de vue, l’on peut dire que les autorités burkinabè ont mis les petits plats dans les grands pour que le procès qui se profile à l’horizon, se déroule dans les règles de l’art. In fine, l’objectif de toutes ces précautions est de permettre la manifestation de la vérité et de toute la vérité dans ce qu’il convient de qualifier comme l’affaire la plus emblématique de l’histoire de la Justice burkinabè. L’autre dossier tout aussi emblématique est celui de l’assassinat du père de la Révolution burkinabè, Thomas Sankara. Mais à la différence de cette dernière affaire, peut-on dire, l’enjeu, dans l’affaire Norbert Zongo, réside beaucoup plus dans la défense de la liberté de la presse que dans tout autre considération.

 

Le  peuple burkinabè ne baissera jamais la garde tant que la lumière ne sera pas faite sur cette affaire

 

C’est pourquoi les Burkinabè, toutes obédiences politiques confondues, les militants des droits humains ainsi que le citoyen tartempion se retrouvent, main dans main, dans le vaste mouvement populaire mis en place depuis 1998, date de l’assassinat de l’illustre journaliste, pour lever toutes les zones d’ombres qui entourent sa tragique disparition. Le sens de ce combat, selon Robert Zongo, frère de l’illustre disparu, c’est de faire en sorte que « ce qui est arrivé à Norbert ne puisse plus arriver à aucun Burkinabè digne de ce nom ». De ce qui précède, l’on peut prendre le risque de dire que le principal argument brandi par la défense de François Compaoré, selon lequel cette affaire est politique, a de fortes chances de ne pas convaincre le Conseil d’Etat français. L’autre argument de la défense, consistant à soutenir que la sécurité de François Compaoré ainsi que celle de ses conseils ne saurait être garantie, pourrait également subir le même sort auprès du Conseil d’Etat. Car, le Burkina Faso a tous les attributs d’un véritable  Etat de droit et son peuple est mature. L’un dans l’autre, François Compaoré a intérêt à se présenter devant la Justice de son pays pour contribuer à la manifestation de la vérité dans l’affaire Norbert Zongo. Trois personnes ont été inculpées pour des faits d’assassinat et de destruction de biens, et de ce fait, ont été mis en examen depuis le 9 décembre 2015. François Compaoré est le 4e acteur de cet acte. Et les Burkinabè épris de justice, et au-delà, toutes les personnes de bien de par l’Afrique et d’ailleurs, militent pour qu’enfin, le  procès de l’affaire Norbert Zongo ait lieu. Et cela, en présence de François Compaoré qui, faut-il le rappeler, bénéficie de la présomption d’innocence. Et ce principe cardinal de droit devra être observé, au cas où il se présenterait en chair et en os au Burkina pour être jugé. Mais si en dépit des garanties données par le Burkina quant à la tenue d’un procès digne d’un Etat de droit, le Conseil d’Etat français accède à la requête des avocats de François Compaoré, l’on peut affirmer sans grand risque de se tromper que le perdant dans ce scénario est François Compaoré. Car, il n’est pas impossible qu’il soit jugé par contumace. Et il est facile d’imaginer le risque auquel il s’expose dans un tel scénario. A cela, il faut ajouter que le peuple burkinabè ne baissera jamais la garde tant que la lumière ne sera pas faite sur cette affaire. Et plus que jamais, il est convaincu de ceci : « Aussi longtemps que durera la nuit, le jour finira      par se lever ». Le peuple est également convaincu que la réconciliation à laquelle appelle de ses vœux presque l’ensemble de la classe politique, sera vouée à l’échec tant que les crimes de sang qui ont émaillé l’histoire du Burkina et qui sont restés impunis, ne seront pas élucidés. Et l’assassinat de Norbert Zongo est le plus odieux d’entre d’eux.

 

Pousdem PICKOU


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