HomeA la uneDEMISSION AU SEIN DU PARTI AU POUVOIR TUNISIEN : Ennhada se frotte les mains

DEMISSION AU SEIN DU PARTI AU POUVOIR TUNISIEN : Ennhada se frotte les mains


 

La tempête qui agite le baromètre de la politique en Tunisie ne semble pas prête de s’évanouir. En effet, une trentaine de députés sur les 85 que compte le parti au pouvoir Nidaa Tounes, a démissionné du parti au pouvoir suite à la guerre que se livrent deux clans rivaux dirigés l’un par Hafedh Caid Essebsi, fils du président Essebsi et l’autre par Mohsen Marzouki, Secrétaire général du parti. Ce serait un euphémisme de dire que le parti de « l’appel tunisien » a mal à son unité depuis que les images des affrontements de cette guerre fratricide tournent en boucle sur les réseaux sociaux. Au-delà des diatribes incriminant l’un ou l’autre camp d’actes terroristes ou de tentative de coup d’Etat, ce rififi entre coalisés est l’expression de la guerre de succession à la tête de l’Etat. Pour preuve, le président Essebsi lui-même n’est pas épargné et a été écorché au vif par un pamphlet l’accusant de passivité, même s’il se refuse pour l’instant à toute intervention.   De ce point de vue, elle pourrait être interprétée comme une crise normale dans un parti politique qui, par essence, constitue une foire d’empoigne dans la conquête du pouvoir d’Etat. Elle peut aussi être une crise de rajeunissement pour donner une nouvelle dynamique à l’un des plus vieux partis de la scène politique tunisienne. Le temps, on le sait, cristallise parfois les positions, favorisant l’apparition de lignes de fracture qui ne peuvent être colmatées que par des remises  en cause circonstancielles. Du reste, cette formation hétéroclite composée de personnalités de gauche, de droite, de certains rescapés du régime déchu de Ben Ali, n’a, pour tout ciment de cohésion, que son aversion des islamistes. A l’épreuve de la gestion du pouvoir, on pouvait légitimement s’attendre à la remontée en surface des huiles de fuite de cette alliance parfois contre-nature. La sagesse africaine dit qu’ « il est plus facile de s’entendre pour abattre le lion que de s’entendre pour partager la viande».

Le scénario catastrophe n’est pas encore à l’œuvre

 

Quelles que soient cependant les motivations profondes de cette crise, elle met mal à l’aise en raison du fait que l’un des camps protagonistes est dirigé par le fils de l’actuel président.  On ne peut donc s’empêcher de voir dans cette crise, la main de  Essebsi,  comme on l’a vu ailleurs, par exemple au Sénégal, avec le président Abdoulaye Wade qui manœuvrait pour faire de Karim Wade son successeur. A preuve, les démissionnaires accusent le fils du président de vouloir faire main basse sur le parti. Dans l’éventualité d’une telle hypothèse, cette crise pourrait, au-delà du malaise, retentir comme le chant du cygne pour cette formation. Elle serait, sans nul doute, le catalyseur des signes avant-coureurs de l’implosion de cette formation politique qui avait réussi le pari de fédérer et de porter les espoirs du peuple tunisien.  L’implosion de Nidaa Tounes comme une éruption volcanique, aurait des conséquences  apocalyptiques. D’abord, parce que le parti gère le pouvoir d’Etat et certaines préoccupations du peuple tunisien sont vitales : la sécurité et l’emploi des jeunes. La lutte contre le terrorisme dans ce pays qui vit de la manne touristique, est tout aussi importante que la lutte contre le chômage des jeunes dont le sacrifice par le feu avait déclenché la révolution qui a emporté Ben Ali. La  plus grosse menace  est que cette crise renforcera les islamistes d’Ennahda qui, forts de 69 sièges à la Chambre, se frottent les mains. Ces derniers ont là une belle occasion pour prendre leur revanche en revenant aux affaires après avoir subi l’humiliation d’en avoir été chassés. Toute chose qui constitue un grand recul en termes de libertés démocratiques acquises au prix du sang. L’image même de la Tunisie qui, par la révolution du Jasmin, a été la porte d’entrée du printemps arabe, risque de se retrouver affreusement écornée. Car le président Essebi aura du mal à gouverner avec un parlement dominé par les islamistes qui ne lui feront pas de quartier. Pourtant, le  pays a un urgent besoin de stabilité, surtout en ce moment où la marmite du front social se remet à bouillir avec les grèves annoncées par les syndicats.

 

SAHO


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