DEMISSION DE DANIEL KABLAN DUNCAN
Le vice-président de la République de Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan, a rendu sa démission le 13 juillet 2020. Si pour l’heure, on ignore les vraies raisons de l’abandon de poste que l’on qualifie à tort ou à raison de juteux, le démissionnaire invoque des raisons de convenances personnelles. Mais personne n’est dupe. Car, cette démission intervient quelques jours seulement après le décès du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, par ailleurs candidat du RHDP à la présidentielle d’octobre prochain, tant et si bien qu’il est difficile de ne pas établir un lien de cause à effet. En effet, c’est depuis le 27 février dernier que Duncan aurait adressé sa lettre de démission au Président Ouattara. Mais si ce dernier en vient à l’accepter maintenant, c’est qu’il pourrait y a voir des raisons que le commun des Ivoiriens ignore. Duncan a-t-il été déchargé pour être plus tard désigné candidat du RDHP à la présidentielle de 2020? On a des raisons de le penser d’autant qu’il fait partie du cercle très fermé des fidèles d’Alassane Dramane Ouattara (ADO). Une chose est certaine, ce vieux loup de la scène politique ivoirienne n’a pas démissionné de son poste de vice-président, pour occuper la tanière du ‘’lion’’ de Korhogo dont le cadavre est encore frais. On le sait, la mort d’Amadou Gon Coulibaly va, à coup sûr, rebattre les cartes en Côte d’Ivoire. Et tout ce qui manque au RHDP, c’est le temps, puisqu’il ne reste plus que quelque trois mois pour le rendez-vous électoral. C’est dire si ce départ majeur au sommet de l’Etat, pourrait bien obéir à une stratégie. En tout cas, tout porte à croire que la démission de ce transfuge du PDCI-RDA, est une manière de rattraper le temps perdu. Car, il faut bien le dire, la longue absence du pays, d’Amadou Gon Coulibaly qui, malheureusement, s’est soldée par sa tragique disparition, aura porté un coup dur au RHDP aussi bien en termes de cohésion que de mobilisation des militants sur le terrain.
Cette démission pourrait aussi être révélatrice d’un profond malaise au sein de la famille politique d’ADO
Du reste, Duncan, ce septuagénaire au riche parcours politique, pourrait être un très bon cheval pour la combinaison gagnante du RDHP en ce sens que sa candidature pourrait contribuer à décrisper un tant soit peu l’atmosphère très tendue sur les plans politique et social. Même s’il pourrait y avoir des tensions en interne, reste que le natif de Ouéllé semble avoir le profil de l’emploi. En tout cas, les postes de ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Premier ministre, chef du gouvernement, et vice-président de la République, qu’il a occupés, dit-on, avec brio, parlent pour lui. Toujours est-il qu’il pourrait réconcilier les héritiers de Houphouët que le choc des ambitions politiques a entraînés aujourd’hui dans des guerres de tranchées. Cela dit, cette démission pourrait aussi être révélatrice d’un profond malaise au sein de la famille politique d’ADO. Car, ce n’est un secret pour personne que le RHDP traverse une période de turbulences à cause du choix de son candidat à la présidentielle. Si cette coalition de partis et formations politiques a enregistré des départs de militants et des démissions au sein de l’équipe gouvernementale du défunt Premier ministre, comme celle de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Marcel Amon-Tanoh, c’est qu’il y a de l’électricité dans l’air. La démission de Duncan signifie-t-elle qu’il y a un feu qui couve dans la maison RHDP ? Autant de questions que l’on se pose, pour l’instant sans réponse.
Dabadi ZOUMBARA