HomeA la uneDÉMISSIONS AU SEIN DE LA MAJORITÉ PRESIDENTIELLE AU SENEGAL : Vers une implosion de la coalition au pouvoir ?

DÉMISSIONS AU SEIN DE LA MAJORITÉ PRESIDENTIELLE AU SENEGAL : Vers une implosion de la coalition au pouvoir ?


Va-t-on vers une implosion de la coalition au pouvoir à Dakar ? C’est la question qui se pose au regard de l’enchaînement des démissions au sein de ce regroupement de partis politiques qui a porté la candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2012 contre Abdoulaye Wade, et qui lui avait renouvelé sa confiance en 2019 en lui permettant de décrocher un second bail consécutif au palais de la République. En effet, après le ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, le 8 septembre dernier, c’est au tour du Directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, Mamadou Mame Boye Diao, par ailleurs maire de la ville de Kolda, de prendre, quelques jours plus tard, ses distances avec la majorité présidentielle Benno Bokk Yakaar pour se porter candidat à la succession de Macky Sall à la tête de l’Etat sénégalais, en février 2024. La question qui se pose est de savoir si ces démissions en cascade, de cadres de la coalition, n’en entraîneront pas d’autres. Et ce, au regard des ambitions des uns et des autres, qui commencent à s’afficher depuis que le natif de Fatick s’est déclaré non partant à la course à sa propre succession pour briguer un troisième mandat.

 

Benno Bokk Yakaar ne semble pas à l’abri d’autres défections

 

La question est d’autant plus justifiée que tout porte aussi à croire que la récente désignation du Premier ministre Amadou Ba, pour porter le flambeau de la coalition à la prochaine présidentielle, n’est pas du goût de tous au sein de la majorité au pouvoir à Dakar. Et dans ce choc des ambitions, comme dans toute coalition où le chef décide de se mettre quelque peu en retrait, Benno Bokk Yakaar ne semble pas à l’abri d’autres défections. Tant dans ces genres de situations, des cadres et pas des moindres peuvent croire leur heure enfin venue, quand ils ne se demandent pas simplement pourquoi le choix n’a pas porté sur eux. C’est dire si entre frustrations mal contenues et désir d’aller voir ailleurs si ce n’est pour afficher au grand jour ses ambitions, la tâche s’annonce plutôt ardue pour le président Macky Sall pour arrêter l’hémorragie et colmater les brèches à l’effet d’éviter de nouveaux départs. Toujours est-il qu’avec le recul, on se demande si le chef de l’Etat sénégalais ne s’est pas tiré une balle dans le pied, et sa coalition avec, en tardant à clarifier sa position par rapport à la question de troisième mandat dont l’opposition lui prêtait l’intention. Si la volonté de maintenir la cohésion du groupe pour justifier ce choix est à l’honneur du chef de l’Etat, l’une des conséquences les plus dommageables de son renoncement tardif, est l’impréparation manifeste de son parti à un tel scénario. Laquelle impréparation, au-delà du casting, se lit dans cette vague de démissions qui risquent de plomber les chances de sa mouvance, à quelques encablures de la présidentielle qui s’annonce comme un grand défi pour la coalition Benno Bokk Yakaar dans sa volonté de conserver le pouvoir d’Etat.

 

Quand les rats commencent à quitter un navire, cela n’est jamais bon signe

 

 En tout cas, face à de vieux loups comme Khalifa Sall, ancien maire de Dakar,  Idrissa Seck, ex-Premier ministre et ancien maire de Thiès, Ousmane Sonko, l’étoile montante de la classe politique sénégalaise qui n’a pas encore dit son dernier mot malgré sa condamnation judiciaire qui le disqualifie, Aminata Touré, ex-Première ministre et autres Karim Wade, le fils de l’autre, dont tout porte à croire qu’ils fourbissent tous leurs armes dans l’ombre, le combat ne semble pas gagné d’avance pour le dauphin désigné de Macky Sall. Le Premier ministre Amadou Ba n’étant pas connu pour être une bête politique. Ce qui est de nature à susciter des interrogations sur sa capacité à fédérer toutes les énergies. Et à se demander si ses qualités de rassembleur seront suffisantes, à elles seules, pour faire la différence dans cette présidentielle qui s’annonce des plus ouvertes. De là à se demander si la majorité au pouvoir à Dakar ne se fera pas hara-kiri, il y a un pas que d’aucuns pourraient franchir si dans la coalition, chacun doit continuer à prêcher pour sa chapelle, à présent que les jeux semblent ouverts avec l’absence annoncée du chef de l’Etat dans les starting-blocks. Une situation qui semble d’autant plus aiguiser les appétits dans cette guerre de positionnement pour être calife à la place du calife que l’on se demande si l’avenir ne réserve pas d’autres surprises au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar. L’histoire sans doute le dira. En attendant, c’est l’opposition qui peut se frotter les mains avec ces fissures au sein de la majorité. Même si la perspective d’un éventuel front uni qui pourrait augmenter ses chances de provoquer l’alternance, ne semble pas à l’ordre du jour. Et la probabilité en semble bien mince, du moins avant un éventuel second tour. En tout état de cause, quand les rats commencent à quitter un navire, cela n’est jamais bon signe. A Benno Bokk Yakaar donc de savoir vaincre…ce signe indien.

 

 « Le Pays »  

 

 

.


No Comments

Leave A Comment