HomeA la uneDENEGATION DU POUVOIR BURUNDAIS A PROPOS D’UN RISQUE DE GENOCIDE : Peut-on encore croire au pouvoir burundais ?

DENEGATION DU POUVOIR BURUNDAIS A PROPOS D’UN RISQUE DE GENOCIDE : Peut-on encore croire au pouvoir burundais ?


 

En lançant, le 2 novembre, un ultimatum – qui a expiré le samedi 7 novembre dernier – aux contestataires du 3è mandat du président Pierre Nkurunziza pour qu’ils déposent les armes, Bujumbura avait menacé de traiter «d’ ennemis de l’Etat » tous ceux qui ne s’y plieraient pas et de les désarmer par « tous les moyens ». A la sortie médiatique du président Nkurunziza himself, s’ajoutera celle du président du Sénat, Réverin Ndikuriyo, qui, pour sa part, avait menacé de « pulvériser les quartiers contestataires » de Bujumbura. Suite à cette rhétorique incendiaire, la communauté internationale s’en est émue, exprimant même au passage ses craintes de voir le pays sombrer dans une guerre civile ou un génocide. Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) annonça, dans la foulée, une réunion pour ce lundi 9 novembre sur la crise burundaise. La procureure de la Cour pénale internationale, (CPI), Fatou Bensouda, menaça de traduire devant sa juridiction les auteurs d’éventuels crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Burundi. Bref, il n’en fallait pas plus pour que les thuriféraires du régime burundais, réalisent une pirouette en se fendant d’un communiqué où la présidence dénie avoir tenu des propos haineux. « La communauté internationale a été victime de mauvaises traductions et d’une manipulation orchestrée par l’opposition mal intentionnée », s’est exclamé Willy Nyamitwe, conseiller en communication de Nkurunziza, qui a tenté de rassurer l’opinion en promettant qu’il n’y « aura ni guerre ni génocide » dans le pays. Si ce n’est un rétropédalage, cela y ressemble fort.

La communauté internationale ne doit pas se laisser attendrir par la sortie des autorités burundaises

Dans tous les cas, peut-on encore croire au pouvoir burundais quand on sait que la violence continue de plus belle au pays du pasteur-président ? En effet, après s’en être violemment pris au défenseur des droits de l’Homme, Pierre Claver Mbonimpa – actuellement en traitement en Belgique –, et assassiné son gendre, Bujumbura vient d’envoyer  ad patres son fils. Par ailleurs, dans la soirée du samedi dernier, 7 personnes périrent lors d’une attaque d’un bar au Sud de Bujumbura. En l’espace de huit mois, le boucher de Bujumbura aura donc réussi la prouesse d’ériger le crime organisé au rang de patrimoine national : 200 morts et 20 000 déplacés. En somme, Nkurunzia aura fait de son pays une véritable nécropole à ciel ouvert. C’est dire si la communauté internationale ne doit pas se laisser attendrir par la récente sortie des autorités burundaises. Elle doit plutôt accentuer la pression sur celles-ci pour que l’autocrate de Bujumbura qui avance, une colombe dans la main et un canif dans le dos, revienne à la raison. Certes, Bujumbura a tenté de rassurer sa population. Mais l’escalade de la violence et la rhétorique incendiaire des autorités ont achevé de convaincre les habitants de Mutakura, notamment, quartier situé au nord de la capitale, de prendre le chemin de l’exil. Et ces images cafardeuses de populations civiles fuyant leurs domiciles pour échapper à la mort, suffit à interpeller la communauté internationale à voler au secours de ce peuple en danger. C’est dans ce contexte d’insécurité ambiant que le président rwandais, Paul Kagamé, a, le 6 novembre dernier, tancé les dirigeants burundais qui « massacrent leurs populations » alors qu’ils « se targuent d’être des hommes de Dieu ». Même si Kagamé n’est pas un modèle en matière de démocratie, force est de reconnaître que sa sortie médiatique est opportune et traduit toute la réalité du désastre burundais. Et l’on est en droit de se poser, comme lui, la question suivante : où se terre Nkurunziza qui prétend encore diriger son pays ? Quand on sait que l’Union africaine (UA) a jusque-là fait preuve de laxisme dans la gestion de la crise burundaise, il faut espérer que cette position de Kigali pousse l’UA à sortir de sa torpeur, pour secourir réellement le peuple burundais. Car, comme le dit un proverbe africain, « le cri de détresse d’un seul gouverné ne vient pas à bout du tambour ».

Adama KABORE


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