HomeA la uneDEPLOIEMENT EN RDC, D’UNE FORCE REGIONALE : Vers la fin de la gangrène ?

DEPLOIEMENT EN RDC, D’UNE FORCE REGIONALE : Vers la fin de la gangrène ?


Ca y est ! Attendus depuis plusieurs mois, les premiers éléments de l’armée kényane ont débarqué en RDC, précisément à Goma, la capitale de la région du Nord-Kivu, pétaudière à ciel ouvert dans laquelle l’armée congolaise est à nouveau aux prises avec les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, selon Kinshasa. Le week-end écoulé, ces premiers éléments étaient une centaine à avoir foulé le tarmac de l’aéroport de Goma.  Mais l’effectif devrait évoluer, le Parlement kényan ayant donné son feu vert pour le déploiement de 903 soldats au total, qui feront partie de l’effectif de la force régionale annoncée en fin juin, par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (EAC). Il est attendu de cette force, qu’elle lutte contre les groupes armés actifs dans l’Est de la RDC, y compris le M23 qui aurait conquis de nouveaux territoires. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Kenya pose là, un acte de solidarité agissante à l’égard d’un pays frère, la RDC. Engluée dans une instabilité chronique aggravée par la reprise des hostilités opposant ses forces armées et les rebelles en tout genre et en particulier le M23, la RDC mesure, à sa juste valeur, ce renfort qui lui met du baume au cœur. Si un tel déploiement peut contribuer à ramener la paix en RDC, ou, à tout le moins, à réduire la voilure des rebelles, c’est tant mieux. En attendant, on peut se féliciter de l’esprit qui anime le nouveau président kényan, William Ruto, pour qui « il est de notre responsabilité collective, de préserver la sécurité de notre région et de notre continent ».   Ce déploiement constitue un pas dans la bonne direction.   Cela dit, s’achemine-t-on vers la fin d’une gangrène ? Une chose est sûre : le chemin menant à la paix et les moyens d’y parvenir, restent encore de gros défis à relever.

 

Attendons de voir pour juger sur pièces

 

 Mais il est déjà heureux que sur le coût de la mission kényane, estimé à 37 millions d’euros pour un déploiement initial de six mois, jugé trop exorbitant, le Parlement ait fini par surmonter un obstacle de taille en donnant son quitus à l’opération. Le pays voudrait, du reste, compter sur le soutien de ses partenaires, notamment l’ONU, dont il espère qu’elle acceptera de décaisser une partie de ce montant.   Mieux, concernant les modalités de financement de cette force régionale, chaque pays contributeur de troupes, sera appelé à financer sa participation, si l’on en croit Christophe Lutundula, le chef de la diplomatie congolaise, qui précise que le principe est déjà acquis et qu’une autre partie du financement viendra du Fonds spécial de l’EAC. Pour tout dire, en matière de financement de cette force, l’espoir semble permis.  Reste que, évidemment, la réussite d’une telle initiative ne se mesurera pas seulement à l’aune des décaissements. Plusieurs questions restent en suspens. Si l’on sait, par exemple, où seront déployés les soldats kényans, on peut se demander quelles conséquences cet engagement des troupes kényanes, peut avoir dans cette partie orientale de la RDC, laquelle fut le théâtre d’une guerre par procuration.   Il ne faut pas prendre à la légère, la crainte des députés kényans qui n’écartent pas la possibilité que ce déploiement implique Nairobi « dans une guerre par procuration » au bénéfice du Rwanda et de l’Ouganda.  Partagent-ils les mêmes craintes, ces jeunes Congolais qui, plutôt que de se réjouir de ce déploiement, semblent ne pas le voir d’un bon œil?  Eux, veulent compter sur leurs propres forces, à travers un appel à s’enrôler pour faire face aux rebelles, estimant que personne ne viendra faire   leur bonheur à leur place.  Autres questions en suspens : les soldats de cette force se déplaceront-ils sur les lignes de front aux côtés de l’armée congolaise, comme le souhaite, du reste, la RDC ?  Certes, l’on annonce que ces troupes constitueront une force offensive qui ne s’attaquera pas seulement qu’au M23 et au FDLR, mais à tous les groupes armés réfractaires au processus politique. Attendons de voir pour juger sur pièces. Autre préoccupation qui n’est pas sans fondement : pourquoi est-ce l’EAC qui prend à bras-le-corps, cette affaire quand on sait que la RDC n’en n’est pas membre ? Cela fait-il le bonheur du Rwanda qui en est un pays membre ?  Toujours est-il qu’on peut se demander quelle sera la réaction du pays des mille collines face au déploiement de cette force régionale. A priori, Kigali ne devrait pas s’en offusquer outre-mesure pour autant qu’elle soit sincère. Car, on se rappelle que ce pays avait appelé de tous ses vœux, la mise en place de cette force dont l’opérationnalisation contribuerait, selon lui, à protéger tout le monde, y compris lui.  En tout état de cause, on peut espérer qu’il n’agira pas en sous-main aux fins de   torpiller l’initiative communautaire.  Mais l’on signale déjà que la force en question, ne comprendra pas de soldats rwandais. 

 

« Le Pays »


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