HomeA la uneDESARMEMENT SUR FOND DE CRIMES DE SANG AU BURUNDI : Qui arrêtera Nkurunziza ?

DESARMEMENT SUR FOND DE CRIMES DE SANG AU BURUNDI : Qui arrêtera Nkurunziza ?


 

Les opérations de désarmement forcé annoncées par les autorités burundaises, ont débuté le 8 novembre dernier avec une incursion meurtrière de la police dans le quartier de Mutakura dont la quasi-totalité des habitants avaient fui quelques heures plus tôt, de peur d’être massacrés par les alguazils de Pierre Nkurunziza. On pourrait se demander où est-ce que les fuyards pourraient trouver encore une parcelle de sécurité dans ce Burundi transformé en far West par un président qui, lui-même, semble-t-il, ne dort plus que d’un seul œil. La situation est d’autant plus dramatique pour tous ces milliers de Burundais, opposants comme personnes neutres, que nul ne sait jusqu’où iront Pierre Nkurunziza et ses miliciens dans la commission des atrocités, ni quand et comment ils seront chassés du pouvoir afin de soulager le Burundi et les pays voisins qui accueillent les flots incessants de réfugiés.

Espérons que la communauté internationale ne laissera pas sombrer le Burundi

A en juger par la violence de la répression et la rhétorique de plus en plus radicale de certains de ses partisans et de Nkurunziza himself, on ne peut que s’attendre, hélas, à une dégradation plus grave encore de la situation dans les jours et semaines à venir, à moins que par extraordinaire et sous la contrainte, le pasteur et ses brebis égarées n’abandonnent la partie. Mais tout porte malheureusement à croire que le départ pacifique du pouvoir du président burundais est aussi improbable que faire de la géométrie dans l’espace, et que les policiers et miliciens acquis à sa cause sanguinaire continueront de « pulvériser les quartiers contestataires de Bujumbura », comme l’a affirmé  le président actuel du Sénat burundais et homme-lige de Nkurunziza, Révérien Ndikuriyo. La quinzaine de morts officiellement répertoriée depuis le début de ce qui s’apparente davantage à une liquidation physique des opposants qu’à une opération de désarmement, est la preuve par le crime que le clan présidentiel a décidé que désormais, au Burundi, on se soumet au Président Nkurunziza ou « on ferme sa gueule », pour paraphraser l’ancien ministre français de la Défense, Jean Pierre Chevènement. Tous ceux qui refusent d’être réduits au silence ou de boire, comme Agathon Rwassa, le calice de la compromission jusqu’à la lie, n’auront d’autre choix que de se muer eux-aussi en terroristes, avec le risque évident de transformer leur pays en un immense brasier que les pompiers de la communauté internationale viendront éteindre avec leurs canadairs remplis de Casques bleus. Malheureusement, sous les cendres du Burundi brûlé par l’inconséquence de Nkurunziza et l’incurie de la communauté internationale, couveront les braises ardentes de l’ethnicisme que les accords d’Arusha ont jusqu’ici réussi tant bien que mal à rendre non-inflammables, malgré les soufflets de certains hommes politiques dans le sérail du pouvoir actuel. Touchons du bois en espérant que la communauté internationale ne laissera pas sombrer ce pays enclavé, mais qui abrite tout de même le Lac Tanganyka, le deuxième au monde par son volume et sa profondeur, après le lac Baïkal. Pour circonscrire l’incendie meurtrier déclenché par Pierre Nkurunziza resté droit dans ses bottes et autiste suite à toutes les mises en garde de son opposition et de certains pays partenaires du Burundi, la communauté internationale devra prendre des mesures encore plus hardies que celles qui ont été annoncées hier par le Conseil de sécurité et qui, quoi qu’on dise, mettront beaucoup de temps avant de produire les effets escomptés, notamment le départ du potentat du pouvoir et l’organisation d’élections libres et transparentes, sur la base des accords d’Arusha.

Le compte à rebours semble avoir commencé pour Pierre Nkurunziza

 

Les sanctions ciblées et la suspension du Burundi des instances de l’ONU, n’arrêteront pas ad nutum les massacres, mais radicaliseront plutôt le groupuscule au sommet de l’Etat burundais qui, en désespoir de cause, pourrait opter pour un suicide collectif plutôt que de plier l’échine. Mais comme il s’agit de sanctions graduelles telles que c’est énoncé, le fruit déjà avarié finira par pourrir au sommet de l’arbre et tomber de lui-même, quel que soit le temps que cela va prendre. Espérons toutefois qu’on fera l’économie d’une longue guerre civile forcément meurtrière et que la région des Grands lacs, si souvent habituée aux conflits ethniques et aux pogroms, ne souffrira pas davantage de la mégalomanie du boucher de Bujumbura. Si les sanctions onusiennes ne viennent pas à bout de l’imposteur, les Burundais et tous les démocrates africains devraient tourner les yeux vers le Rwanda voisin, d’où pourrait venir la solution, malheureusement par les armes, avec tous ces milliers de réfugiés qui n’hésiteront pas à s’enrôler pour aller à l’assaut de la citadelle jusqu’ici imprenable. Cette solution serait la moins souhaitable, d’abord parce que le président rwandais, Paul Kagamé, n’est pas lui non plus un démocrate, ensuite parce qu’elle pourrait raviver les tensions latentes entre Hutus et Tutsis avec le risque de voir entrer en scène les hutus rwandais revanchards et actuellement en déshérence dans le sud de la République démocratique du Congo. En tout état de cause, le compte à rebours semble avoir commencé pour Pierre Nkurunziza, acculé à l’intérieur de son pays par des « commandos invisibles » et malmené à l’extérieur par une communauté internationale enfin décidée à lui faire rendre gorge. Les dernières escalades verbales et « les opérations de ratissage maison par maison »  à Bujumbura, ressemblent aux signes qui précèdent généralement la chute des dictateurs, une chute que tous les Africains épris de paix et de démocratie attendent avec anxiété certes, mais surtout avec impatience. Le Général Nyombaré a manqué de peu de combler cette attente en mai dernier avec l’échec de son putsch, mais il est fort probable qu’une autre action plus murie et mieux organisée soit en cours de préparation pour refermer définitivement cette parenthèse douloureuse du 3è mandat de Pierre Nkurunziza.

« Le Pays »


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