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DIALOGUE AVEC LES GROUPES ARMES / « Le gouvernement n’a aucun sou à donner à qui que ce soit », dixit Yéro Boly


C’est le ministre en charge de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale, Yéro Boly lui-même, qui était face aux Hommes de médias, le 19 avril 2022, pour donner des éléments d’appréciations sur l’initiative de mise en place des Comité locaux de dialogue, décrétée le 13 avril dernier en Conseil des ministres. Au cours de ce point presse tenu à Ouagadougou, l’on apprend que ce sont les groupes armés eux-mêmes, qui ont demandé à dialoguer avec leurs référents moraux.

 

Des combattants armés souhaitent parler à leurs notabilités. C’est du moins ce qu’a affirmé le second ministre en charge de la réconciliation nationale que le Burkina connaît en l’espace de deux ans. Cette déclaration a été faite lors des échanges avec les Hommes de médias, le 19 avril dernier. Yéro Boly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a déclaré ceci : « Ce sont eux qui ont manifesté leur désir de parler à leurs coutumiers, à leurs religieux…Ils ont pris langue avec eux et le dialogue suit son cours. Certains sont partis des chefs-lieux de provinces (les notabilités, ndlr), d’autres ont quitté Ouagadougou pour répondre à cet appel au dialogue». Une Coordination nationale (voir encadré) a donc été mise en place selon le ministre Boly, afin de ne pas « ignorer ces contacts et faire en sorte que tous les acquis qui résulteraient de ce dialogue puissent être consolidés ».  A écouter « monsieur dialogue du président Damiba », la Coordination nationale qui sera mise en place aura pour tâche de piloter ce processus de dialogue enclenché en vue d’accompagner les notabilités à engager des discussions avec leurs « enfants ». Objectif : les démobiliser et les ramener dans la République. « C‘est une initiative porteuse d’espoir », s’est réjoui Yéro Boly. Mais de rappeler ceci : «  Il ne s’agit point de négociations avec les groupes armés. Ils veulent parler à des gens en qui ils ont confiance ». Sur la question de la contrepartie financière que pourrait céder le pays des Hommes intègres  dans le cadre de ces dialogues, Yéro Boly s’est voulu, on ne peut plus ferme. « Le gouvernement n’a aucun sou à donner à qui que ce soit. Tout ce qui nous aurons comme moyens rentrera dans le cadre de la réinsertion de ceux qui vont revenir ». Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette nouvelle attitude de ceux qui ont pris les armes ? « On est dans l’impasse. Le chemin qu’ils ont emprunté est sans avenir. C’est le constat fait par ces jeunes-là. Voici les raisons pour lesquelles ils veulent revenir. Mais revenir demande des garanties, au regard de ce qui s’est passé», a-t-il expliqué.

 

« Nous n’avons pas affaire à Moustapha Chafi »

 

Dans ce processus de dialogue officialisé par un décret pris en Conseil des ministres, « nous n’avons pas affaire à Moustapha Chafi », a coupé court le ministre, aux supputations sur la supposée implication de cet ex-pensionnaire de la prison de Haute sécurité de Ouagadougou. «  Nous avons affaire à des Burkinabè qui se sont insurgés pour plusieurs raisons et qui ont rejoint les groupes armés », a poursuivi le ministre en charge de la réconciliation nationale. Et de laisser apprécier : « Chafi n’a absolument rien à voir dans ce dossier. Nous n’avons aucun contact avec lui dans ce dossier précis ». Accepter ce dialogue n’est-il pas un aveu d’impuissance comme le pensent bien des Burkinabè ? « Il n’y a pas d’aveu d’impuissance de la part du gouvernement. Chacun fait son travail. Les Comités locaux feront leur travail de dialogue avec les enfants du Burkina qui veulent revenir au village et les autres composantes sur le plan sécuritaire, continueront leur travail », a répondu Yéro Boly.  Le ministre en charge de la réconciliation nationale dit être prêt à travailler avec des Organisations spécialisées dans des discussions avec des dissidents. Et tout ceci,  « pour faire respecter les engagements pris mais qui n’auront aucune incidence sur la souveraineté, la laïcité et l’indépendance du Burkina», a-t-il promis.

 

Boureima KINDO

 

Yéro Boly, à propos de la coordination nationale des Comités locaux de dialogue

 

 

 

« La Coordination nationale est une structure qui va être créée par décret, rattachée au ministère en charge de la cohésion sociale. Elle va comprendre un certain nombre de ministères qui seront impliqués dans la réinsertion des jeunes qui vont déposer les armes et revenir à la République. Nous aurons le département de la sécurité, la défense, l’action humanitaire, les droits humains, etc. La Coordination sera composée de 10 membres et pilotée par un coordonnateur  nommé par décret en fonction d’un certain nombre de critères dont la compétence avérée et sa crédibilité.»

 


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