DISCOURS DU PESIDENT SENEGALAIS
A l’occasion du 61e anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté nationale et internationale, le chef de l’Etat Macky Sall a prononcé un discours aux relents très politiques. En effet, s’inspirant des manifestations violentes et meurtrières qu’a connues son pays, il y a de cela un mois suite aux déboires judiciaires de l’opposant Ousmane Sonko, le président sénégalais s’est posé en rassembleur, appelant ainsi à un dialogue avec l’opposition dans « un pays où il n’ y a pas de place pour le particularisme ».Certes, covid-19 oblige, toutes les manifestations publiques ont été annulées mais le discours de Macky Sall ne manquera pas de retenir l’attention des uns et des autres en ce sens qu’il ressemble plus à un appel du pied fait à la jeunesse sénégalaise qui, profitant de l’affaire Sonko, n’avait pas hésité à monter au créneau pour dénoncer les errements de ses dirigeants qui roulent carrosse pendant qu’elle végète dans le chômage et la misère. En disant être désormais à « l’écoute des pulsions profondes du pays », Macky Sall semble avoir compris la mesure du péril qui guette son régime surtout que l’opposition l’accuse d’être resté sourd face aux demandes fortes et primordiales du peuple sénégalais. Morceaux choisis : « La lutte contre le chômage des jeunes nécessite un nouvel élan. J’ai décidé d’une réorientation des allocations budgétaires, à hauteur de 450 milliards de francs CFA au moins, sur trois ans, dont 150 milliards pour cette année. Ces ressources serviront à financer le programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes ; un guichet unique sera installé dans chacun de nos 45 départements. Dénommé Pôle emploi et entrepreneuriat pour les jeunes et les femmes, ce guichet servira de cadre d’accueil, de conseil et de financement des porteurs de projets. J’ai décidé d’allouer dès le mois de mai, 80 milliards de francs CFA au recrutement de 65 000 jeunes ». C’est donc clair. Conscient qu’une jeunesse désœuvrée et désabusée est capable de tout, Macky Sall a décidé de faire dans la prévention au risque de se faire emporter comme Ben Ali de la Tunisie ou encore Omar el-Béchir du Soudan, pour ne citer que ces deux exemples. Et c’est tant mieux s’il a compris le message pendant qu’il est temps. Car à l’allure où allaient les choses, plus tard pourrait se révéler trop tard. Mais une chose est de prendre des engagements, une autre est travailler à les respecter. Car très souvent, les hommes politiques sont ainsi faits que quand ils sont à l’étroit, ils font profil bas en faisant des concessions, et une fois que l’étau se desserre autour d’eux, ils tournent casaque pour montrer un autre visage. C’est pourquoi la jeunesse sénégalaise doit rester vigilante pour autant qu’elle ne veuille pas se laisser prendre au piège de ses dirigeants.
B.O