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DISCOURS SUR LA SITUATION DE LA NATION


Hier, 20 mai 2021, le Premier ministre, Christophe Dabiré, était devant la Représentation nationale pour le traditionnel Discours sur la situation de la Nation (DSN). Un exercice constitutionnel d’échanges directs entre le chef du gouvernement et les élus nationaux, prévu pour se tenir au cours de la première session de l’année, de l’Assemblée nationale.  S’il ne requiert pas de vote, le DSN est par contre ouvert aux questions et observations des représentants du peuple qui ne se sont pas fait prier, à l’occasion, pour se faire les porte-voix de leurs électeurs respectifs en posant directement leurs préoccupations au chef du gouvernement. Et bien plus que les questions, les doléances n’ont pas manqué, allant des questions d’ordre général comme celles de la réalisation d’infrastructures routières, éducatives et sanitaires au profit de certaines localités, à d’autres beaucoup plus spécifiques comme le renforcement des capacités des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP),  la gestion des Déplacés internes qui reste une préoccupation majeure dans certaines contrées, sans oublier la question foncière qui reste une bombe à retardement.

 

 

Christophe Dabiré et son équipe ont encore du pain sur la planche

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Premier ministre Christophe Dabiré doit davantage retrousser ses manches. Il doit d’autant plus le faire que les chantiers énumérés comme points de satisfaction dans le bilan de l’exercice écoulé, paraissent comme autant de réalisations qui  cachent mal des défis qui restent entiers. En effet, si la crise sanitaire du Covid-19, qui est venue exacerber la crise économique, a finalement eu des effets limités, la crise sécuritaire, par contre, reste toujours d’actualité malgré les efforts du gouvernement.   Mieux, le défi sécuritaire se pose toujours avec d’autant plus d’acuité qu’il n’est pas loin de prendre les allures du mythe de Sisyphe, par la capacité des forces du mal à réapparaître là où on ne les attend pas, chaque fois qu’elles sont mises en difficulté sur le terrain par nos vaillantes Forces de défense et de sécurité qui veillent au grain. C’est ainsi qu’après la relative accalmie qui avait permis de tenir les élections présidentielle et législatives dans un climat plus ou moins apaisé, les ingénieurs du mal ont repris de plus belle leur œuvre destructrice et de sabotage de l’action gouvernementale à travers des attaques terroristes qui se multiplient aussi bien à l’Est, au Nord que dans le Sahel où la dernière en date a été enregistrée pas plus tard que le 19 mai dernier, précisément à la veille du Discours du Premier ministre, faisant une quinzaine de tués parmi les populations civiles. C’est dire si Christophe Dabiré et son équipe ont encore du pain sur la planche. Ce d’autant plus que dans le même temps, le front social qui avait aussi connu une certaine accalmie en 2020, est en train de s’embraser à nouveau.  Notamment  avec la crise en cours dans le domaine de l’éducation, relativement aux réformes y annoncées, qui est en train de prendre des proportions inquiétantes.

 

 

Il faut encourager le chef de l’Exécutif à faire du contrat de performances de ses ministres, le baromètre de l’action gouvernementale

 

 

Il en est de même pour les récents tirs de sommation de l’Unapol contre le ministre de la Sécurité, qui sont visiblement annonciateurs de lendemains difficiles.  Pendant ce temps, les partenaires sociaux ne cessent d’appeler le gouvernement à un dialogue franc et sincère  et de pousser à la réactivation du cadre du dialogue social à travers les rencontres gouvernement/syndicats qui ont pris du plomb dans l’aile depuis quelques années. Au point que le 1er mai dernier, en lieu et place du traditionnel cahier de doléances, les syndicats regroupés au sein de l’Unité d’action syndicale (UAS) se sont contentés de la remise d’une simple plateforme revendicative qui est venue rallonger la liste de leurs doléances de 29 points. Pendant ce temps, la question du chômage et de l’employabilité des jeunes se pose toujours avec acuité, au point que les efforts du gouvernement, notamment en matière de soutien et de financement de projets destinés aux jeunes et aux femmes, prennent finalement les allures de mesures cosmétiques.  Le tout dans un contexte de dénonciation continue de la corruption qui ne cesse de gangrener le système et de faire les choux gras de la presse nationale. C’est dire s’il y a encore de nombreux efforts à faire pour parvenir à un assainissement de la gouvernance économique dans le souci de mieux répondre aux aspirations des populations. C’est pourquoi, en termes de perspectives,  il faut, entre autres, encourager le chef de l’Exécutif à faire du contrat de performances de ses ministres, le baromètre de l’action gouvernementale. C’est à ce prix et à bien d’autres qu’il pourrait redresser la barre pour bonifier le second et théoriquement dernier mandat du président Kaboré, qui s’annonce comme tout, sauf une sinécure.

 

 « Le Pays »

 


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