HomeA la uneDOSSIER DU PUTSCH MANQUE DE 2015 « Nous sommes inquiets du limogeage du juge Jean Marie Ouattara », selon le président de la NAFA

DOSSIER DU PUTSCH MANQUE DE 2015 « Nous sommes inquiets du limogeage du juge Jean Marie Ouattara », selon le président de la NAFA


 

 

Le Secrétariat exécutif national de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) a rencontré les Hommes de médias, le 6 février 2018 au siège du parti à Ouagadougou, pour se prononcer sur la situation de leur mentor, le Général Djibrill Bassolé, assigné en résidence surveillée alors que, selon les membres du parti, ce dernier devait plutôt bénéficier d’une liberté provisoire. « Un acharnement politique », a déploré le parti qui dit craindre que le procès prévu pour se tenir le 27 février prochain, ne soit biaisé.

 

Courant janvier 2018, l’on apprenait le « limogeage » du président de la Chambre de contrôle de l’instruction du Tribunal militaire de Ouagadougou, Jean Marie Ouattara. Selon certains médias, ce départ du juge militaire aurait été motivé par le fait que ce dernier a jugé illégal l’arrêté du ministre en charge de la Défense portant assignation en résidence surveillée de Djibrill Bassolé, poursuivi dans le cadre du putsch de 2015. Fin janvier, lors d’une de ses sorties, le ministre de la Justice, René Bagoro, a démenti cette information. «Comme le prévoit la loi, nous avons tout simplement procédé à un renouvellement des membres du tribunal, notamment au niveau des juges d’instruction», avait-il déclaré. A l’entendre donc, il ne s’est pas agi d’un « limogeage ». Mais, cette sortie du ministre n’a pas suffi pour convaincre la Nouvelle alliance du Faso (NAFA). Pour elle, et comme dirait l’autre, « cette affaire n’est pas claire ». Le parti pointe du doigt le pouvoir en place. « Nous sommes inquiets du limogeage du juge Jean Marie Ouattara », a déclaré le président de la NAFA, Pr Mamoudou Hama Dicko. Ce, a-t-il ajouté, d’autant plus que ce départ n’est intervenu qu’après que Jean Marie Ouattara a, en plus d’avoir accordé la liberté provisoire au prévenu, jugé illégal l’arrêté ministériel pris plus tard pour le garder en résidence surveillée.  « Est-ce dans de telles circonstances que nous pouvons avoir confiance en la Justice militaire qui, quoi qu’on dise, est soumise au respect de la hiérarchie militaire ? A notre avis, elle n’est pas totalement indépendante », a fait noter Mamoudou Dicko. Mais, les inquiétudes du président de la NAFA ne se limitent pas à ce niveau.

« Le procès qui arrive peut être biaisé »

« Est-ce que la personne qui l’a remplacé pourra bien s’enquérir du contenu du dossier avant le jugement ? », s’est-il encore demandé avant de conclure que « si les juges en charge du dossier sont révoqués de cette manière, le procès qui arrive peut être biaisé ». Mais, a fait remarquer Aziz Dabo, Secrétaire exécutif national adjoint et porte-parole du parti, toutes les irrégularités constatées seront reversées dans le dossier. « Tout fait nouveau sera ajouté au dossier et transmis également aux Nations unis afin de montrer à l’opinion publique nationale et internationale que le Burkina Faso n’est pas respectueux de ses engagements », a-t-il dit. Parlant d’engagements, les membres de la NAFA sont revenus sur la décision du Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire. Ce Groupe, selon le parti, a pris une décision en novembre dernier, pour signifier aux autorités que l’assignation en résidence surveillée de Djibrill Bassolé est une « continuation de la détention qui avait été considérée comme arbitraire ». Mais jusque-là, a déploré la NAFA, les autorités n’ont pas daigné s’y plier. Du reste, le parti s’est réjoui du fait de la programmation du procès le 27 février 2018. Selon lui, cela constitue une lueur d’espoir pour toutes les victimes et les parents des victimes qui pourront en fin de compte obtenir justice et réparation pour les uns et faire le deuil de leurs proches pour les autres. Par contre, selon son président, le parti condamne avec la dernière énergie les « manœuvres, les manipulations et les immixtions politiciennes injustifiées de l’Exécutif à tous les niveaux de la procédure judiciaire » et appelle les magistrats et tous les acteurs de la Justice burkinabè à travailler pour consolider l’indépendance de la Justice.

Adama SIGUE


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