HomeA la uneDr BOUKARY SAWADOGO, MEILLEUR PROFESSEUR 2021 à NEW-YORK, A PROPOS DE L’ATTRAIT DES USA

Dr BOUKARY SAWADOGO, MEILLEUR PROFESSEUR 2021 à NEW-YORK, A PROPOS DE L’ATTRAIT DES USA


Dr Boukary Sawadogo a été désigné, le 19 avril 2021, l’un des deux meilleurs professeurs 2021 dans les 24 universités et parmi les milliers de professeurs que compte CUNY à New-York, aux Etats-Unis.  En séjour au Burkina Faso pour des raisons de famille, il a bien voulu nous accorder un entretien.

 

« Le Pays » : Dans quel cadre séjournez-vous au Burkina Faso ?

 

Dr Boukary Sawadogo : Avant tout, je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez afin que je m’exprime et m’adresse au public.  Je suis ici, au Burkina Faso, dans un cadre privé voire familiale pour 12 jours.  J’ai perdu ma mère, il y a de cela 3 mois, dans un accident de la circulation. Je suis là pour le doua du centième jour. 

 

Quels sentiments vous animent après votre désignation comme meilleur professeur aux Etats- Unis ?

 

C’est un sentiment de grande fierté qui m’anime après avoir pris connaissance de cette nouvelle. Chaque année, dans le consortium des 24 universités qui composent City universities  of New York qui compte plus de 10 mille professeurs, on sélectionne le ou la meilleur(e) professeur de l’année. Cette année, le choix a été porté sur ma modeste personne. Je précise que ce n’est pas une distinction ou un prix auquel on postule. Ce sont vos travaux qui attirent l’attention d’une commission qui se réunit chaque année, délibère et décide de qui va être le lauréat de ce prix.

 

Quelles disciplines enseignez-vous ?

 

J’enseigne principalement les cinémas.  Je ne dis pas le cinéma mais les cinémas parce que je me suis   spécialisé dans   les cinémas africains. J’enseigne les cinémas  africains. Mais accessoirement, j’enseigne le cinéma noir américain. J’enseigne une étude comparative entre le cinéma africain et le cinéma noir- américain. Je suis aussi appelé à enseigner l’histoire et la théorie du cinéma en général et particulièrement deux cours. Il y a l’histoire et la théorie du cinéma, de l’invention du cinéma jusqu’en 1945 et de 1945 jusqu’à nos jours. C’est une étude du cinéma mondial à savoir du chinois, japonais, européen, iranien, américain, etc.  Au niveau de mon université, contractuellement, je dois enseigner chaque semestre un cours qui porte sur les études africaines. C’est un sujet sur lequel je travaille beaucoup. D’ailleurs, c’est l’un de mes sujets sur lequel portera mon prochain livre qui va paraître dans 5 mois. Et le titre du livre est : « Les Africains à Harlem : l’histoire méconnue de New-York ». Pour donner un peu sur les rencontres entre l’Afrique et Harlem et pour montrer l’existence entre la diaspora africaine et l’Afrique.

 

Qu’est-ce qui, selon vous, a milité pour votre désignation comme meilleur professeur ?

 

Au risque de me répéter, je ne suis pas dans les secrets des délibérations mais de ce que je perçois et de ce que les gens ont toujours dit autour de moi à propos de moi-même, c ’est cette production intellectuelle intense de grande qualité  dont je fais preuve par rapport à ma jeune carrière. Je vous donne un exemple : mon ouvrage qui va paraître,  cette année, est mon 4e livre.  Chez nous, pour être professeur titulaire à l’université, on a besoin de  deux livres. D’habitude, les gens prennent 15 à 25 ans alors que  j’ai  moins de 10 ans mais  j’ai déjà produit 4 livres. Aussi, j’ai beaucoup d’articles et beaucoup de chapitres de livres, un festival que je viens de lancer. En toute modestie, c’est difficile de parler de soi -même mais aux Etats-Unis, on me considère comme la prochaine génération qui porterait haut tout ce qui   concerne le cinéma et les études africaines. J’ai eu beaucoup de reconnaissances en Europe.

 

Comment vous êtes-vous retrouvé aux Etats-Unis ?

 

C’est une longue histoire mais je vais essayer de la raccourcir. Je suis né à Adjamé à Abidjan, c’est en République de Côte d’Ivoire.   Très tôt, à l’âge de 5 ans,  mes parents m’ont envoyé au village à Touya, dans le département de Tangaye dans la  province du Yatenga, pour que je fasse  mon école primaire. Après  le Certificat d’études primaires  (CEP), j’ai été inscrit  au Lycée Yamwaya de Ouahigouya où  j’ai fait mon cycle secondaire. Le baccalauréat en poche, j’ai été orienté au département d’anglais à l’université de Ouagadougou devenue Université Pr Joseph Ki-Zerbo où j’ai obtenu le DEUG 2 en études anglophones. A l’époque, il y avait un concours sous-régional qui regroupe le Sénégal, le Burkina, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin. On recrute les 25 meilleurs étudiants pour aller faire une licence et une maîtrise en langue étrangère appliquée à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar. C’était une bourse de la francophonie.  Après les deux ans, j’ai obtenu la licence et la maîtrise,  je suis revenu  à Ouagadougou. Ça n’a pas été facile parce que c’était difficile  d’avoir du travail à temps plein. Je faisais de petits boulots comme   professeur d’anglais dans les centres de formation, guide de touristes, traducteur, je travaillais comme interprète de conférence  pour Amnesty International quand elle avait  des conférences en anglais- français. Comme on le dit, je me battais et c’est en me  battant que j’ai passé avec succès, le concours des  conseillers  des affaires étrangères. Je fais partie de la première promotion de l’Institut diplomatique et des relations internationales (IDRI) qui est devenu Institut national des hautes études  internationales (INHEI). Quand je venais de Dakar, je passais tout mon temps au centre américain où je lisais pour ne pas perdre mon anglais.  Parallèlement, je cherchais des informations pour une inscription dans une université américaine. J’ai eu le concours de conseillers des affaires étrangères tout en continuant d’envoyer mes demandes d’admission dans une université américaine. Dieu voulant, c’est quand je finissais la 2e année de ma formation que  j’ai obtenu une bourse complète pour aller aux Etats-Unis. J’étais à un croisement, soit aller au ministère des Affaires étrangères ou aller faire le Master et le Ph D.  C’était un choix difficile mais j’ai toujours pensé que  si je faisais  des études plus poussées, je serais plus  compétitif. C’est pour cela que je me suis retrouvé aux USA, à l’université de l’Iowa du Nord deux ans après à l’université de Louisiane où j’ai passé 4 ans. Avant de finir mon  doctorat, l’université m’a recruté dans un Etat qu’on appelle Vermont près du Canada. J’ai enseigné pendant deux ans là-bas. Après, j’ai eu un poste  à Boston.  De Boston,  j’ai eu un poste là où je suis, à l’issue d’un recrutement national. Il y avait plus de 600 docteurs. Le recrutement se fait en plusieurs phases. Il y a d’abord un examen sur dossier, suivi d’interview par téléphone.  La 3e étape, on vous invite à venir sur le campus où vous rencontrez les responsables  de l’administration, le département, c’est-à-dire ceux qui pourront être vos collègues et enfin les étudiants.   On vous met dans une salle pour enseigner des étudiants. De telle sorte que l’administration, à l’issue de cette séance de travail,  vos futurs collègues et les étudiants donnent leurs opinions. C’est ainsi que j’ai été recruté à l’université de New-York. Je travaille et habite à Harlem.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre profession ?

 

Je suis aux Etat-Unis depuis 2006. Mais j’ai pris deux ans pour le Master, 4 années pour le doctorat. Le reste, j’ai commencé à travailler en tant qu’enseignant-chercheur. Il y a une grande différence par rapport au système francophone parce que je me rappelle bien que quand je suis arrivé, je devais être inscrit à 3 cours. Je disais qu’à Dakar, nous prenions sept cours. Donc, trois cours, c’était peu. On m’a dit d’attendre que même avec les trois cours, j’en aurai pour mon compte.  Là-bas, à chaque séance de cours, le professeur vous donne 2 ou 3 articles à lire avant de venir en classe.  Et un article fait 20 à 25 pages à lire avant de venir en classe. Or, dans les pays francophones, le professeur dispense le cours et c’est fini. Là-bas, il y a une certaine responsabilisation des étudiants. Ce que j’ai remarqué aussi quand tu arrives, ton anglais n’est pas comme celui de ceux qui y sont nés.   Au début, tu ne comprends pas leur accent. C’est vrai que tu as fait des études anglophones mais tu ne comprends pas leur accent. Néanmoins, ils prennent leur temps de bien articuler pour que tu comprennes.  Ils prennent aussi leur temps pour essayer de te comprendre. J’ai bien apprécié parce que l’intégration est fluide. Sinon, on peut rapidement se refermer sur soi-même et cela devient un handicap pour notre développement.  Ce que j’ai remarqué, c’est l’image qu’on a des Etats-Unis.  Dans les films, on voit de  grosses  voitures, des immeubles. Mais quand on arrive, on voit que ce n’est pas partout que les choses sont ainsi.

 

« En matière de créativité, les cinémas africains n’ont rien à envier aux  autres »

 

Certainement, vous avez aussi des regrets dans votre profession d’enseignant. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?

 

Dans ma profession, le regret que j’ai, c’est un constat amer que je fais, qui n’est pas à mon niveau, mais je me bats contre cela. Tout ce qui est cinéma africain reste toujours en marge dans le grand champ des études du cinéma. Il y a des départements de cinéma certes, mais on n’y dispense pas de cours de cinéma africain. Ce qui fait que quand on va dans des conférences où il y a 10 000 ou 15 000 participants, on a peut-être 3 ou 4 panels où l’on discute du cinéma africain. Dans ces conditions, je me retrouve à faire beaucoup plus d’efforts dans mes productions parce que je me dis que le champ est vierge et il faut faire porter la voix et la présence des  cinémas africains plus loin. C’est un peu ce regret de constater qu’en matière de créativité, les cinémas africains n’ont rien à envier aux  autres. En matière de construction esthétique, en matière de narratif, c’est pareil. Nos réalisateurs maîtrisent l’outil filmique mais simplement, pour des raisons structurelles, les cinémas africains ne sont pas aussi distribués aux USA comme ils devaient l’être. Aussi, tout ce qui est critique autour de ce cinéma, est absent au niveau de l’enseignement.

 

Quel pourrait être l’apport d’un professeur de qualité comme vous au Burkina Faso ?

 

Le débat s’était déjà posé sur les réseaux sociaux par rapport à mon retour au pays. Mais je dis d’emblée que là où je suis, je peux contribuer au développement du Burkina. Je le fais déjà beaucoup. J’ai créé une association au Burkina pour le cinéma, il y a moins de deux ans. En novembre 2019, j’ai fait la dédicace de trois  de mes livres au siège du FESPACO et j’avais déjà lancé, en 2020, des formations pour tout ce qui est cinéma et audiovisuel. En 2020, le Covid-19 a tout bloqué mais l’association reste en place. Quand les conditions sanitaires seront améliorées, on reprendra les formations avec les réalisateurs au cours des mois de juin et de juillet 2021. Il y a une formation que j’ai faite à l’intention des élèves et étudiants de Ouagadougou, de Bobo-Dioulasso et de Ouahigouya pour combiner la maîtrise du numérique avec l’entrepreneuriat. Ce que je peux apporter au niveau des formations, c’est le croisement entre le numérique et la création des entreprises. Ce ne seront pas des formations payantes mais ma contribution parce que j’ai beaucoup bénéficié de mon pays.

 

Est-ce facile de vivre aux USA ?

 

Il ne faut pas qu’on se fie surtout à ce l’on voit dans les clips ou dans les films où tout est rose aux USA. Je pense que dans chaque pays, quand on arrive, il faut retrousser les manches et se battre. Quand vous arrivez, c’est encore plus facile quand vous êtes dans la légalité. Si ce sont les études qui vous y amènent, vous pouvez faire vos études puis quand vous finissez, on vous donne de façon habituelle 1 à 2 ans et demi de permis de travail. Cela vous permet déjà d’être dans la légalité. Après, vous pouvez avoir un contrat de travail et une carte verte. Je dirais que c’est relativement facile si l’on part dans la légalité et qu’on demeure dans la légalité. Si on tombe dans l’illégalité, c’est-à-dire que le visa a expiré et qu’on doit passer par des chemins qui ne sont pas légaux pour prolonger le séjour, vivre là-bas sera difficile.

 

Le racisme aussi est un fait. Est-ce que vous le sentez aux USA ?

 

J’ai  fait plusieurs Etats comme l’Iowa, Vermont, Louisiane et New-York. Une fois dans l’Etat de Vermont, en partant à l’Université, j’ai garé mon véhicule pour m’acheter un café et un croissant, quand j’ai vu une jeune dame sortir me dire que je ne pouvais pas garer où j’ai garé mon véhicule. C’est une expérience que je ne peux pas généraliser parce que nous avons une communauté noire aux USA et on sait que les années 60 ont été marquées par le mouvement des droits civiques pour les Noirs- Américains. Après la guerre de sécession, les Américains- Noirs étaient toujours considérés comme des citoyens de seconde zone. Si ces derniers ne s’étaient pas battus, je ne pense pas que nous les Noirs, nous serions là-bas. Peut-être plus tard dans l’histoire, mais pas maintenant.

 

Parlez-nous un peu de votre festival. Quel sont ses objectifs ?

 

Le Harlem african animation festival (Festival d’animation africaine à Harlem). Le constat, il est simple. D’abord, tout ce qui concerne les films d’animation sur le continent, les Africains n’ont pas de présence. Pourtant, quand on remonte dans les années 60 avec les Moustapha Alassane, cinéaste nigérien décédé il y a quelques années, que je considère comme le père de l’animation africaine, c’était une pratique qui existait et qu’on a pu vulgariser. Pour moi, c’est de faire connaître cette pratique et cette tradition. Pourquoi Harlem parce c’est à Harlem qu’on a la plus grande concentration d’Africains, surtout les Ouest-Africains francophones à New-York. Historiquement, on connaît aussi ce que Harlem représente dans l’imaginaire collectif des Noirs. C’est pour moi aussi une manière de donner une visibilité et une présence à l’animation africaine mais aussi, à travers l’animation, créer des ponts et des connexions entre l’Afrique et les Noirs- Américains parce qu’on a beaucoup de choses à partager. Pour dire la vérité, avant que je ne parte aux USA, je ne pensais pas avoir visionné un film noir américain. J’ai vu des acteurs noirs américains dans des films mais je n’ai pas vu de  films noirs américains.

 

Ouagadougou est qualifiée à tort ou à raison, par certains, de capitale du cinéma africain. Est-ce que Ouagadougou mérite cette appellation ?

 

Là, c’est une colle. Je le dis   parce que l’on a déjà le siège du FESPACO et on sait que c’est le plus grand festival du cinéma en Afrique. On voit aussi comment l’Etat, d’une manière progressive ou même progressiste, a su asseoir une politique du cinéma dès les années 70 pour soutenir le cinéma africain pendant que d’autres pays ne l’ont pas fait. Et chaque fois, quand les autorités burkinabè ont été sollicitées pour porter la voix du cinéma africain au niveau de l’Union africaine, elles ont toujours répondu présentes. Dans ce sens, je dirais que Ouagadougou est la capitale du cinéma africain. Maintenant, le Burkina ne doit pas dormir sur ses lauriers parce que la concurrence est rude et il faut que l’on garde la cadence ou peut-être qu’on accélère.

 

 

Vous êtes auteur de quelques ouvrages, pouvez-vous revenir sur les titres des différents ouvrages que vous avez déjà publiés ?

 

Le premier, c’est « les cinémas francophones ouest-africains 1990-2005 ». J’ai voulu, sur une période de 15 ans,  voir quelles sont les mutations esthétiques et thématiques des cinémas africains. J’ai pris 90 parce que c’est la fin de la guerre froide et 2005 parce que c’est le début de tout ce qui est vidéo.   Donc, il y a eu des changements et j’ai voulu parler de ces changements. Après ça, c’est « Introduction aux études   cinématographiques africaines ». Il n’y a pas de manuel d’enseignement et d’apprentissage des cinémas africains au niveau des universités aux Etats-Unis. J’ai écrit ce manuel, je suis sur la deuxième édition qui va sortir en 2022. Tout est déjà révisé. Celui-ci,  West African Screen media. Mot à mot, ça veut dire  « Les médias de l’écran :  comédie, série télé et transnationalisation ». J’ai fait les interviews de beaucoup de réalisateurs burkinabè.   Aboubacar Diallo, Missa Hébié, les comédiens comme Abdoulaye Komboudri et j’oublie des noms.  En 2019, j’ai été   invité à Lagos pour parler de ce livre. Le 4e  va sortir dans quatre mois, le titre c’est  «Les Africains à Harlem,  l’histoire méconnue de New- York», là où je parle des échanges entre l’Afrique et les Noirs-Américains.  Je parle par exemple de la visite de Thomas Sankara à Harlem en 1984 là où il a fait son discours. Il y a une partie de son discours qui est dans le livre. Il y a  un témoin oculaire qui est journaliste, qui a eu l’amabilité de me raconter comment cela s’est passé parce qu’il était dans la salle. Dans le livre, on parle aussi de mon histoire et de New-York.  C’est pour permettre à mes frères et sœurs  de New-York de se sentir aussi New-Yorkais que ceux qui y sont nés. L’histoire de New-York a commencé par les Noirs parce que le premier habitant de ce qui  est  devenu la ville de New- York, à part les Amérindiens,     est un métis. Sa mère était Africaine et son père d’origine portugaise. Il était le premier habitant avant que les Blancs n’arrivent. Les autochtones sont évidemment les Indiens. On parle toujours de Wall Street mais les gens oublient l’histoire de Wall- Street. C’était la place où on achetait et vendait des esclaves. C’est une partie de l’histoire qui ne remonte pas toujours à la surface. C’est pour  montrer à nos frères et sœurs que  New-York est peut-être une ville difficile à s’approprier, mais s’il y a une ville où on doit se sentir en tant qu’Africain, on devrait s’y sentir à l’aise   très bien. Pour finir, il y a un cimetière à  Harlem qui est le cimetière des premiers esclaves africains qu’on a enterrés à New-York  parce qu’ils venaient de ce qu’on appelait Angola. En ce temps, l’Angola regroupait la République démocratique du Congo  et l’Angola actuel. Et on les a enterrés dès le milieu du 16e siècle.

 

Quel espoir suscite en vous l’élection de Joe Biden ?

 

Personnellement, je ne vais pas dire que je n’ai pas participé à la campagne. J’ai participé au niveau des bureaux de vote parce que j’ai travaillé en tant que chargé de communication dans un bureau de vote à Harlem. Et on était parti à 4 h pour finir le travail vers 1h  du matin. Personnellement, je me suis investi dans cette campagne  au niveau du bureau de vote parce qu’aussi bien au niveau de la politique de son prédécesseur qu’au niveau de l’immigration, c’était un peu difficile. Il y avait certains pays qui étaient simplement sur une liste pour les visas. Aussi, il y avait  cette crainte au niveau de la communauté.  Avec l’élection de Joe Biden, on sentait un certain virage sur plusieurs axes dont le premier sur le plan multilatéral. Cela a contribué à  désamorcer le climat à l’international mais aussi à l’intérieur, au niveau des communautés d’immigrés.

 

« Je ne ferme pas la porte aux opportunités du Burkina. J’attends de voir quelles sont ces opportunités pour les examiner »

 

Est-ce que Dr Boukary Sawadogo compte revenir au bercail ?

 

Je reviens régulièrement au Burkina Faso parce que toutes les vacances, je suis là sauf l’année dernière à cause du Covid-19. Chaque fois que je viens, il y a mes anciens professeurs qui ont  l’amabilité et la générosité de m’inviter  dans les classes au département d’anglais. Dans deux heures, je pars rejoindre mes frères et sœurs pour leur donner des conseils   pour que, eux aussi, voient en moi un modèle parce que j’ai fait les bancs ici. Il n’y a pas de complexe. Je ne ferme pas la porte aux opportunités du Burkina. J’attends de voir quelles sont ces opportunités pour les examiner. Que je sois au Burkina Faso 365 jours ou pas, j’ai commencé des activités de formation à l’intention de mes jeunes frères et sœurs en matière d’audiovisuel, et de numérique et en matière d’entrepreneuriat pour les jeunes. C’est ce que je vais continuer de faire. S’il y a une université ou une structure qui veut que je vienne   pour une formation modulaire, je suis prêt à le faire parce que c’est le peu que je puisse redonner au Burkina.

 

Propos recueillis par Issa SIGUIRE

 

 


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