HomeA la uneDR JEAN-GABRIEL TAOKO, SPECIALISTE DE CHIRURGIE, CHIRURGIEN UROLOGUE : « Quand Blaise Compaoré a démissionné, j’ai pleuré »

DR JEAN-GABRIEL TAOKO, SPECIALISTE DE CHIRURGIE, CHIRURGIEN UROLOGUE : « Quand Blaise Compaoré a démissionné, j’ai pleuré »


Il est médecin, spécialiste de chirurgie, chirurgien urologue spécialisé en cancérologie. Après près de 30 années d’exil en France, il a décidé de  rentrer au bercail en 2012.  Dr Jean-Gabriel Taoko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, dit faire partie des premiers médecins chirurgiens du Burkina.  Dans l’entretien qu’il a accordé le 1er novembre 2016 à notre rédaction, il revient un peu sur les conditions dans lesquelles il avait quitté le pays en 1983. Passionné des questions de santé humaine, il nous dévoile également le projet qui lui tient à cœur et dont il souhaite qu’il voie le jour sur sa terre natale, le Burkina Faso. Il s’agit de l’ouverture d’une polyclinique de chirurgie cancérologique. D’ailleurs, dit-il, c’est à cause de ce projet qu’il est rentré au pays. Lisez !

 

Le Pays : Dans les années 80, vous étiez quasiment, quelques années avant la révolution, le premier urologue de la Haute-Volta ? Quand la révolution est arrivée, vous décidez de partir en exil. Pourquoi ?

 

Taoko : J’ai été formé à Abidjan puis en France où j’ai terminé mes études de base.  Je suis rentré au pays en octobre 1971 avant mon 27e anniversaire. Entre octobre 1971 et octobre 1983, j’ai beaucoup travaillé à l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Je crois avoir le nombre  le plus élevé d’interventions chirurgicales               aussi bien en intervention programmée qu’en intervention d’urgence.  J’ai été le plus jeune médecin chirurgien du Burkina, en ce temps Haute-Volta, pendant 27 ans.     J’ai mené des actions pédagogiques et sociales. J’ai été le premier médecin, en Afrique de l’Ouest, à m’attaquer aux problèmes de mutilations génitales avec un article que j’ai fait publier en 1975 dans « Famille et développement », à Dakar. C’est suite à cet article que la communauté internationale a décidé de mener des actions pour combattre les mutilations génitales. Alors que je travaillais à l’hôpital Yalgado Ouédraogo, le 26 octobre 1983, j’ai été cité comme un dégagé (NDRL : radié de la Fonction publique).

 

« Je suis resté en contact avec mes parents et amis »

 

Pourtant, je n’étais ni syndicaliste encore moins politicien.  A ce moment, je n’avais pas 40 ans. J’ai donc décidé, avec mon jeune âge,  de quitter le pays. Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais su pourquoi j’ai été dégagé. Donc, je n’ai pas quitté le pays de mon plein gré. J’ai été sanctionné sans motifs car jusque-là, personne ne m’a donné les raisons de mon dégagement. Je suis parti parce que je ne voulais pas rester les bras ballants dans ce pays. Ce que je peux dire aujourd’hui, c’est qu’on  m’a licencié de la Fonction publique en 1983 par jalousie parce que j’étais le plus jeune. J’ai été brillant dans mes études. Mais à l’université, on ne voulait pas de moi, de même qu’à l’hôpital  Yalgado où je travaillais. Dans cet hôpital, on m’appelait le paysan de Boussé parce que mes parents sont des prolétaires.   C’est le  système de l’époque  qui ne voulait pas de moi à la Fonction publique.

 

Aujourd’hui, vous êtes de retour. Pourquoi ?

 

Je suis rentré à la fin de l’année 2012 parce que j’ai des projets pour mon pays. Et je devrais rentrer un peu plus tôt. En 1980, lorsqu’un certain nombre de nos confrères avaient compris qu’on marginalisait ceux qui avaient le mérite, nous avons décidé, nous les marginalisés,   de créer la clinique de néphro-urologie au Kadiogo pour sortir du système qui était en train de se déglinguer. Nous étions au nombre de 6 médecins. Le président Sangoulé Lamizana et le chef du gouvernement Joseph Conombo, en leur temps,  nous ont donné leur autorisation et leurs félicitations. Tout était prêt et nous avons même bénéficié d’un terrain pour ériger ladite clinique. Puis est arrivé le Conseil national populaire (CNP). C’est pourquoi nous avons mis notre projet en veilleuse  jusqu’à ce qu’arrive le régime du Conseil national de a Révolution (CNR). Je me dis encore aujourd’hui que j’ai été dégagé à cause de ce projet. Donc, si j’ai décidé de rentrer en 2012 au pays, c’est parce que  je suis convaincu que le projet que nous avions eu en 1980 est  encore pertinent et qu’il est toujours réalisable.

 

Quel impact l’exil a-t-il eu sur votre famille, notamment sur votre épouse et vos enfants ?

 

Il n’y a pas eu un jour où je n’ai pas pensé à mon retour au pays. Je suis resté en contact avec mes parents et amis. Mon épouse  a beaucoup souffert de mon exil de même que mes enfants qui étaient loin de leur origine. Mes grands-parents n’ont pas vu leurs petits- enfants grandir et ces derniers n’ont pas non plus connu leurs grands-parents. A Paris, ma femme a repris ses études en infirmerie car le diplôme dont elle disposait n’avait pas d’équivalent là-bas. Nous avons  travaillé dur pour le bonheur de nos enfants.

 

Quand vous êtes rentré au Burkina, qu’est-ce qui vous a le plus frappé, notamment au plan politique, économique et social ?

 

30 ans après mon départ, il était difficile de juger l’évolution politique et économique puisque le régime est resté tel. Il n’y pas eu de changement.

 

Mais vous avez quitté le pays sous la Révolution ?

 

Non ! Il n’y a pas eu de révolution.  C’était une mutinerie au sein  de l’armée. Ce qui s’est passé en 1983, n’était pas une Révolution.  C’était une jacquerie. C’était une mutinerie. La Révolution, c’est ce qui s’est passé en 2014 où les femmes sont sorties avec des spatules. Car en 1984, il n’y pas eu d’opposition.  Tout le monde suivait le système. Il n’y a jamais de contre-coups. Je dirai que nous sommes rentrés très tard en Révolution. Nos sociologues et autres intellectuels n’avaient pas compris que le système allait se casser la gueule. Nous sommes le dernier pays à nous déclarer République démocratique populaire. Heureusement, on est sorti avant 1989 et c’était une bonne chose. Beaucoup  de choses se sont passées dans ce pays et il fallait beaucoup de temps pour que les gens puissent oublier. Blaise Compaoré était fatigué du pouvoir et ne s’en occupait pas. Ceux qui ont souffert de la Révolution n’ont pas oublié. C’est pourquoi l’insurrection est arrivée et elle devait arriver.

 

Donc, vous étiez convaincu que l’insurrection devait avoir lieu au Burkina ?

 

Oui. Je savais que l’insurrection allait arriver un jour ou l’autre au Burkina. Quand ? Je ne le savais pas et  l’heure m’a beaucoup surpris.

 

Pourquoi ?

 

Parce que je ne m’attendais pas à cela à ce moment. J’ai été surpris. Le 30 octobre 2014, avec mon âge, je n’étais pas sorti dans la rue, mais  j’ai suivi l’évènement à travers les chaînes de télévisions.  Quand Blaise Compaoré a démissionné, j’ai pleuré car c’était très émouvant. J’ai pleuré les enfants qui sont tombés. Ces jeunes se sont battus pour qu’on retrouve la démocratie et la liberté. J’aurai aimé être à leur place mais mes jambes ne me le permettaient plus. (Rire) (…).

 

« Il faut que tout le monde participe à la reconstruction de ce pays »

 

On aurait dû éviter tous ces morts qu’il  y  a eus.  Dans mon for intérieur, je  me disais toujours que Blaise Compaoré n’allait jamais demander à renouveler son mandat et beaucoup de mes amis me disaient que je délirais. J’ai toujours cru que c’était le jour du dépôt des candidatures qu’il allait surprendre les gens. Parce que pour moi, ce jour-là, les gens allaient beaucoup l’attendre jusqu’à minuit, croyant qu’il allait venir déposer sa candidature, mais en vain.

 

Quel regard portez-vous sur la Transition alors conduite par Michel Kafando ?

 

Michel Kafando que beaucoup de personnes appellent affectueusement M’ba Michel est un ami d’enfance que je connais très bien. Il a dû prendre ses jambes au cou le 4 août 1983 pour partir en exil. C’est lui qui a été choisi démocratiquement comme président de la Transition et j’étais très content pour lui.  C’est pourquoi je citerai cette phrase qui n’est pas de moi et qui dit ceci : «  la pierre rejetée par les bâtisseurs, je dirais par les démolisseurs de la Révolution, est devenue pierre d’engrais ». J’ai été très ému quand j’ai entendu sa nomination. La tâche lui a été très difficile car il ne s’y était pas bien préparé, mais il y est allé par devoir. C’est en cela que c’était émouvant. Ce n’est pas quelqu’un qui est vindicatif. Il a été éduqué comme tel.  C’est un  fonctionnaire honnête, qui n’a pas de vengeance à assouvir. Pendant la Transition, sans connaître qui était membre de son gouvernement, avec qui il devait travailler,  il s’est sacrifié pour son pays.

 

Connaissez-vous bien le président Roch Marc Christian Kaboré ?

 

Roch Marc Christian Kaboré  est arrivé à l’issue des élections démocratiques et transparentes. Je garde un grand souvenir de cet homme quand il était à la Banque internationale voltaïque (BIV) devenue plus tard Banque internationale du Burkina (BIB), et à l’Assemblée nationale. En effet, quand j’ai été dégagé de la Fonction publique en 1983,  les gens se sont précipités pour geler mon compte à la BIV.  Roch Marc Christian Kaboré qui y travaillait s’est opposé. Il a dit à ces individus-là : « non, vous ne pouvez pas lui faire cela. Laissez lui, le temps de régler son crédit ». Grâce à lui, ma maison a été sauvée. Il m’a aussi aidé quand il était président de l’Assemblée nationale.  Je cherchais une autorisation de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour pouvoir utiliser les éléments radio-actifs à des fins médicales. Le Burkina n’avait pas encore de réglementation en la matière. Grâce à Roch Marc Christian Kaboré, une loi a été prise par l’Assemblée nationale en fin 2004 et cela m’a permis d’obtenir l’autorisation de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Apprécier son bilan de gestion du pays, après 10 mois, c’est devancer l’iguane dans l’eau. Car après tant d’années de gâchis avec le régime déchu, il est difficile qu’en quelques mois, l’on puisse changer l’image du pays. Pour moi, il serait trop tôt de juger son bilan au pouvoir. Avec la situation socio-économique actuelle, notamment sur le plan de la santé, de l’éducation et de la lutte contre le chômage, en 10 ans, il ne peut pas résoudre 50% des problèmes. Il faut des actions citoyennes de tous. Il faut que tout le monde participe à la reconstruction de ce pays.

 

Comment appréciez-vous les associations d’auto-défense communément appelées Koglwéogo ?

 

Quand j’ai entendu parler des Koglwéogo pour la première fois, j’étais remonté. Car pour moi, il est inadmissible qu’il y ait  deux pouvoirs dans un pays. Avec le temps et avec les explications des uns et des autres, j’ai compris qu’ils font des actions qu’il faut saluer. J’admire le ministre en charge de la Sécurité intérieure,  Simon Compaoré, qui a su les encadrer. Car, l’insécurité est un problème réel au Burkina et moi-même, j’ai été victime d’un cambriolage.  En tout cas, j’apprécie les Koglwéogo pour ce qu’ils font pour la sécurité des personnes et de leurs biens.

 

Connaissez-vous les opposants politiques burkinabè actuels ?

 

Les opposants politiques du pays, honnêtement, je ne les connais pas tous, seuls quelques-uns. D’ailleurs, celui que je connais théoriquement le plus, si je peux m’exprimer ainsi, c’est Ablassé Ouédraogo parce qu’il a fait l’école avec ma sœur. Cette dernière me disait qu’ils  se battaient tout le temps quand ils étaient ensemble à l’école. Il y a aussi Juliette Bonkoungou qui est la belle-sœur de mon beau-frère, l’épouse de mon copain intime Pascal.  Pour moi, au Burkina, il n’y a pas un seul des opposants qui veut le malheur de ce pays. A l’opposition, comme au pouvoir, tous veulent du bien de ce pays. Mais les politiciens sont ce qu’ils sont. Ce sont des utopistes.  Un opposant a toujours eu l’art de critiquer et de faire de belles propositions, mais une fois au pouvoir, il se rend compte qu’il est facile de critiquer mais difficile de gérer un pays.

 

En tant que spécialiste de santé, quel regard portez-vous sur le système de santé au Burkina?

 

En 1968, il y avait zéro Voltaïque comme chirurgien pour la simple raison que la formation des chirurgiens était longue et difficile.  C’était une formation sélective. Malgré cela, beaucoup de Burkinabè se sont illustrés depuis l’extérieur comme d’excellents chirurgiens. Je veux parler de Hubert Ouédraogo, de Gallien Nébié. Ils ont travaillé dur pour rendre, ce pays l’image qu’il lui fallait. Sinon, en 1960, par exemple, le Burkina Faso, à l’époque Haute-Volta, ne disposait pas de chirurgien.

 

« Nous accusons un grand retard sur le plan de la prise en charge des malades »

 

Le Président Maurice Yaméogo a été obligé, en son temps d’employer un Ivoirien comme ministre de la Santé pour ce pays. Juste pour vous dire que pour être chirurgien, il faut avoir de l’expérience. Il en est de même de la fonction de médecin. Etre médecin ne signifie pas avoir le diplôme de médecin, mais savoir pratiquer  le métier de médecin. Il faut  avoir de l’expérience. On n’apprend  pas la médecine sur internet.  Il faut avoir la formation théorique et pratique.

 

« Ce n’est pas le matériel qui fait la qualité du médecin »

 

Quand je suis rentré en fin 2012, je me suis rendu compte que chez nous, au Burkina,  il y a  très peu de gens qui savent faire une anosthécopie, c’est-à-dire regarder dans la vessie. Je me suis aperçu que le Burkina n’avait pas bénéficié  de  la révolution technologique et conceptuelle des années 1980. Beaucoup de réalisations ont été faites pendant ces années. Nous accusons un retard important sur le point de vue théorique. Nous n’avons pas des éléments formés pour enseigner la médecine scientifique. C’est dramatique. Peut-être que d’aucuns trouveront que je suis très critique vis-à-vis de mon pays. Nous accusons un grand retard sur le plan de la prise en charge des malades. Si ce n’était pas le cas, les Tunisiens n’allaient pas venir au Burkina. Les gens se plaignent qu’on n’a pas de matériels, mais ce n’est pas le matériel qui fait la qualité du médecin. Il faut de la méthodologie, c’est-à-dire  la formation de base. L’hôpital Yalgado Ouédraogo a perdu sa virginité au profit des hôpitaux tunisiens, marocains et parisiens qui sont devenus aujourd’hui ses relais (…). Depuis 2000, on n’a plus un titre de docteur en  médecine  et d’une spécialité à vie.  Il faut valider la formation continue tous les 5 ans (…). Mon souci aujourd’hui est le suivant :  qui va nous soigner demain? J’ai été toujours disponible à former des gens dans ce pays. J’ai envoyé une dizaine de médecins pour se faire former auprès de mes confrères en France. Le projet que nous avons initié en 1980 et que je poursuis aujourd’hui a pour objectif d’installer à Ouagadougou, une structure pilote. Chacun de mes confrères, en France, m’a écrit une lettre pour venir former des jeunes médecins burkinabè qui vont certainement assurer la relève. Mais hélas ! Aujourd’hui, je n’ai plus le pouvoir de recommander des médecins burkinabè en Europe pour se faire former, mais je peux faire venir des spécialistes européens au Burkina pour former nos jeunes médecins. Pour l’amélioration du système sanitaire burkinabè, j’ai beaucoup de projets sur lesquels ils ont mis des barrières pour permettre des évacuations à l’extérieur parce que c’est lucratif pour certains. Ils ne font pas tout cela pour rien. En radiothérapie, j’ai formé un Togolais, un Malien. Mais je n’ai pas eu assez de candidats burkinabè (…). Le seul Burkinabè  que j’ai d’ailleurs  formé en France n’est plus revenu au pays. Il y est resté avec sa famille.

 

Mais pour bien des personnes, ce n’est pas un problème de ressources humaines. Sont-ce les  plateaux techniques qui ne sont pas à la hauteur ?

 

Pour moi, c’est un faux problème car c’est une expertise qu’il faut pour former des gens. Au moment où Chris Bernard faisait la greffe du cœur en  Afrique du Sud, son bloc opératoire  n’était pas aussi bien outillé que ceux des hôpitaux et des cliniques de Ouagadougou en 2016. En 1980, lorsque nous évacuions des gens à Paris, je connaissais bien à l’époque des cliniques parisiennes qui étaient moins équipées que nos hôpitaux et cliniques burkinabè d’aujourd’hui. Mais ces cliniques  recevaient des urgences. C’est l’expertise et la formation qu’il faut. A titre d’exemple, en avril 2014, avec la mutualisation de nos compétences, nous avons réalisé à Ouagadougou, dans une polyclinique, la chirurgie la plus importante d’urologie.  On a fait un remplacement de vessie à partir d’un intestin. A partir de cet exemple, je veux faire comprendre aux gens que ce n’est pas une question de moyens mais d’expertise et c’est ce qu’il faut à nos jeunes médecins. Le patient a vécu 18 mois de plus et ce n’est quand même pas mal car il n’y croyait plus. Nous avions écrit au ministère de la Santé burkinabè pour lui dire, voilà ce qu’on peut faire. Mettez-nous au parfum car nous voulons le faire pour le bonheur du plus grand nombre de malades burkinabè. Les autorités nous ont répondu que ce n’était pas possible parce qu’elles ont des contrats avec des hôpitaux tunisiens, marocains et autres. Voilà pourquoi je disais que les évacuations les malades à l’extérieur profitent à certains dans ce pays. Je souhaite que le régime de Roch Marc Christian Kaboré soit ferme en mettant les gens devant leurs responsabilités. Qu’il mette l’accent sur les compétences dans le domaine sanitaire car cela y va de l’intérêt de tous. Que ceux qui ne sont pas compétents aillent faire autre chose. Si aujourd’hui, beaucoup de médecins tunisiens viennent s’installer au Burkina, c’est qu’ils ont constaté que nous ne valons rien et que nous ne cherchons pas à nous améliorer.

 

Les maladies de la prostate semblent devenues de plus en plus récurrentes. Quels sont les facteurs explicatifs de cette recrudescence ?

 

C’est un sujet large, sur lequel on ne peut pas finir de débattre. Il faut dire que les Américains nous ont lancé une perche. En effet, c’est en Amérique que les médecins ont découvert que les Afro-américains  faisaient plus de cancer que les Caucasiens. En France, nous avons entendu le message et les études ont été menées à cet effet. Mais ce que je peux dire, c’est que de plus en plus, on détecte que  la recrudescence des cancers est liée à notre origine génétique, à nos modes de vie, à l’environnement, à l’alimentation. Parlant de l’alimentation, avant, on avait des obésités, mais aujourd’hui ce sont des hommes enceintes  qui n’hésiteraient pas à passer devant une maternité. (Rires). Juste pour dire que l’alimentation joue beaucoup sur notre santé. Par exemple, le cancer de sein est particulier chez la femme noire qui  développe de signes triples négatifs. Les Européens ne cherchent pas à savoir ce qui se passe car chez eux, ils ne connaissent pas ce genre de problèmes et d’ailleurs, ils ont résolu leur problème à ce niveau. C’est à nous, Africains,  de trouver une solution à notre problème (…).

 

Il semble que vous êtes en train d’ouvrir une polyclinique en  association avec des médecins français. Quel sera le spectre ?

 

Il s’agira d’une polyclinique de chirurgie cancérologique.  J’ai émis des souhaits de sorte à ce qu’on me facilite l’acquisition, par des exonérations fiscales, d’instruments pédagogiques afin de pouvoir assouvir ma passion de transmettre. Je ne demande pas de l’argent à qui que ce soit. Ma commande de matériels est en cours, mais on me fait vivre toutes les misères possibles pour que ce matériel ne rentre pas au pays. J’ai l’habitude de faire la cancérologie ouverte, mais dans deux ou trois ans, il faut que des jeunes arrivent à opérer avec des robots.  Cela arrivera. A ce moment, au Burkina, nous serons encore en déphasage. Les Tunisiens qui ne cessent de  pomper notre argent  pour consolider leurs hôpitaux, seront encore devant nous (…). Les gens ont peur de dire cela, mais c’est une réalité. Les évacuations des malades à l’extérieur leur profitent. Pour conclure, je dirai que ce qu’il faut au système sanitaire burkinabè, c’est la formation et la rigueur.

 

Propos recueillis par Mamouda TANKOANO

 

 

Quelques œuvres de Jean-Gabriel Taoko

 

 – Résultats des adénomectomies selon le procédé de Milin :  J-G Taoko et coll Afrique médicale 20, 195 (599-600)-1981

 

– Considérations sur la lithiase urinaire, J-G Taoko et coll Afrique médicale 1983-22, 206 pages 29-31

 

– Tuberculose urogénitale à l’hôpital Yalgado Ouédraogo de Ouagadougo :J-G Taoko et coll Afrique médicale 1983-22, 209 pages 215-217

 

– Considération sur la splénectomie d’urgence : J-G Taoko Médecine d’Afrique noire 1983, 30 (6)

 

– Cancer de la prostate : S. Koury, C. Chatelain, J-G. Taoko FII S Jin 1988

 

– Drainage urinaire par cathéter sus pubien : N.P.N Médécine Tome VIII-Janv.1988

 

Filmographie :

– L’intervention de Goebell-Stoeckel

 

– Cystectomie-cysto entéroplastie détubulée à basse pression selon le procédé de Camey II.

 


Comments
  • Pouver-vous nous indiquer dans quelle structure intervient le Docteur To

    17 novembre 2016
  • Je souhaiterais savoir dans quelle structure de la place intervient le Docteur TAOKO. Merci d’avance.

    17 novembre 2016
  • Commentaire…salut jai besion de rencontre ce docteur si posible ces tres urgent

    14 juin 2017

Leave A Comment