HomeA la uneDRAME DE YIRGOU« Il faut introduire une plainte contre les usurpateurs du MPP à la CPI », dit Soumane Touré

DRAME DE YIRGOU« Il faut introduire une plainte contre les usurpateurs du MPP à la CPI », dit Soumane Touré


 

Le parti de l’Indépendance, du travail et de la justice (PITJ) a tenu son 13e rendez-vous annuel avec les organes de presse le 30 mars 2019 à Ouagadougou. Ce rendez-vous qui a servi de rentrée politique du parti, a coïncidé avec le centenaire de la création de la Haute Volta aujourd’hui Burkina Faso, le 1er mars 1919 par le colonisateur français.

 

Soumane Touré, président du PITJ, au cours de la rencontre annuelle de son parti, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger les autorités politiques du Burkina, les OSC, les organisations de défense des droits de l’Homme, etc., par rapport à la mauvaise commémoration de cette date que ce dernier juge très importante pour le pays. Le président du PITJ a profité de l’occasion pour se prononcer sur des sujets d’actualité.« Cent ans dans la vie d’un pays et d’une nation, cela nécessite une halte pour la réflexion avant de s’engager dans l’action pour les cent ans à venir », a suggéré le président du PITJ, Soumane Touré. Pour lui, il est important de savoir d’où l’on vient, où on est et où l’on va. « Cent ans, c’est important et c’est assez pour s’interroger sur l’héritage que nous avons reçu de nos devanciers et savoir si nous avons pu le consolider pour réaliser leurs projets », a-t-il martelé.

De la création de notre pays à nos jours

L’analyse que Soumane Touré fait depuis la création de notre nation, le 1e Mars 1919 à nos jours, c’est que les choses vont de mal en pis sur tous les plans. A son avis, l’insurrection des 30 et 31 octobre n’aurait pas arrangé les choses, comme « les usurpateurs du Mouvement du peuple pour le progrès (MMP) » ont eu à vouloir le faire croire au lendemain de ce mouvement d’humeur de la population. Au contraire, du « plus rien ne sera comme avant », on assiste, selon Soumane Touré, à tout va de travers entre crise sécuritaire, économique, politique, conflits intercommunautaires, etc. La transition qui a été pointée du doigt par Soumane Touré, qu’il a traitée de « transition batarde », a, selon lui, manipulé le Code électoral au lendemain de l’insurrection, en vue de priver les citoyens de leurs droits civiques et politiques, aux seules fins de les exclure des scrutins. Selon toujours ce dernier, les vraies responsables de la situation chaotique que traverse le Burkina Faso depuis sa création par le colonisateur, ne sont ni plus ni moins que « les forces obscures et rétrogrades du Centre », car, celles-ci ont montré jusque-là qu’elles étaient intéressées par le pouvoir, les intérêts bassement terrestres et qu’elles étaient corrompues jusqu’à la moelle. « Que l’on arrête donc de nous casser les oreilles avec de prétendus valeurs traditionnelles qui constituent nos règles de vivre-ensemble. Les règles de vivre-ensemble sont celles consignées dans la Constitution et les lois de la République », a-t-il assené. Le PITJ a démontré que ces forces obscures et rétrogrades sont à la base de l’instabilité politique chronique de notre pays, que par leurs manœuvres, elles ont infiltré et détruit complètement notre armée, travaillé contre l’unité nationale en reprenant leur rêve de restauration monarchique depuis le coup d’Etat de novembre 2014 du lieutenant-colonel Zida, a-t-il soutenu. Au cours de la rencontre, le président du PITJ n’a pas manqué de dénoncer la complicité du pouvoir en place, dans les agissements de ces « forces obscures ». Il a dit avoir dénoncé l’implication de ces « forces obscures et rétrogrades du Centre » dans la gestion des affaires publiques lors de sa dernière conférence de presse du 30 mars dernier. «  La réaction des usurpateurs du MPP qui doivent à ces forces obscures et rétrogrades d’être hissés à la tête de l’Etat, ne s’est pas fait attendre ». « Par une déclaration signée du président par intérim du MPP, Simon Compaoré, ils ont, dans un amalgame de contres vérité, cherché à salir notre parti, en le traitant d’ethniciste et de dépassé », a déclaré Soumane Touré. En invitant la classe politique et les OSC à se démarquer de son parti, Soumane Touré a déclaré que ceux-ci souhaitaient isoler son parti et le jeter en pâture à la chefferie traditionnelle. Bien au contraire, a-t-il poursuivi, c’est le contraire qui s’est produit. « Des autres royaumes, nous avons reçu des félicitations et des encouragements parce que nous avons correctement posé le problème en stigmatisant les forces obscures et rétrogrades du Centre », a-t-il dit. Selon le président du PITJ, pour la bonne marche de la nation, ces figures ne devraient plus s’impliquer dans la gestion des affaires publiques.

Quelques initiatives pour un débat national du centenaire

Par ailleurs, Soumane Touré, faisant toujours référence au centenaire de notre nation, s’est indigné du comportement de la quatrième génération, celle qui est arrivée à la gestion des affaires publiques avec le coup d’Etat du CSP1 du médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo à la tête des jeunes officiers. Le 7 novembre 1982, bien qu’héritière, elle refuse obstinément de discuter de sa gestion. « Pourtant, la 4e génération est plus comptable et la plus responsable et n’a aucune excuse parce qu’elle est celle qui, depuis 1991, avec le soutien de la communauté internationale, avait la possibilité d’instaurer une véritable démocratie, de construire un Etat de droit démocratique avec des institutions fortes qu’elle avait la possibilité, avec le concours des partenaires techniques et financiers, de résoudre en grande partie les problèmes sociaux et de poser les bases d’une économie forte », a-t-il confié, avant de poursuivre en ces termes : « au lieu de cela, actuellement, la république, la démocratie, l’unité nationale, sont ébranlées jusque dans leurs fondements. Par une gestion mafieuse, les prédateurs de la république sont à l’œuvre dans le pillage des ressources nationales ». Il estime que ce centenaire devait être une occasion pour marquer une halte, avoir le courage de se regarder dans les yeux, se dire la vérité. Qu’importe l’ordre dans lequel le triptyque vérité-justice-réconciliation va être mis en œuvre, réunir toutes les forces vives de la nation pour un débat de centenaire franc, sincère et patriotique, mettre à nu les problèmes, les insuffisances, liquider les lourds contentieux de crimes politiques, de crimes de sang et de crimes économiques, pour se donner des chances d’aborder le prochain centenaire avec quelques espoirs de réussite. « C’est la méthode pour passer la main à la cinquième génération et construire la cinquième république », a-t-il laissé entendre. Pour cette réflexion sur le centenaire, toutes les forces vives de la nation, selon Soumane Touré, ont leur partition à jouer dans tous les domaines de la vie nationale, politique, économique, culturelle.   Notre peuple, d’après lui, a été frustré pendant longtemps de ses libertés par les différents régimes d’exception, animés par les éléments de la couche supérieure de l’armée.  C’est au prix du sacrifice en vies humaines que nous sommes arrivés à la 4e république et comme nous l’avons déjà dit, la 4e génération, la nôtre depuis le 5 novembre 1982, avec le régime du médecin commandant Jean Baptiste Ouédraogo à celui des usurpateurs du MPP, en passant par « la Transition batarde », a payé encore un lourd tribut en vies humaines  a-t-il dit. Les organisations de défense des droits de l’Homme, a-t-il suggéré, pourront apprendre aux jeunes qu’en moins de quatre années de pouvoir, « les usurpateurs du MPP », le génocide de Yirgou et ce qui s’en est suivi a fait plus de morts que tout ce que le collège des sages avait comptabilisé dans son rapport depuis l’indépendance du pays. « Les organisations des droits de l’Homme doivent se débarrasser de leurs tares congénitales pour aider à élucider les nombreux dossiers de crimes de sang », a-t-il déclaré. La situation des droits de l’Homme est tellement grave pour Soumane Touré, qu’il faille pour la justice, pour la cohésion nationale, traîner les usurpateurs du MPP, les forces obscures et rétrogrades du centre et des éléments de la couche supérieure de l’armée devant la Cour pénale internationale (CPI ) ; « tous les principaux dirigeants du MPP sont impliqués dans ce génocide. Au lieu donc de perdre le temps à ergoter sur le nombre de morts réels, il faut introduire une plainte contre eux à la CPI. Seule cette intervention extérieure est de nature à apaiser les cœurs et à donner l’espoir d’une justice aux victimes. Tant que cela n’est pas fait, le pays court de grands risques d’une guerre civile ouverte larvée », a fait savoir le président du PITJ. De son point de vue, les organisations de la société civile ont également leur rôle à jouer. « Les OSC qui s’intéressent et qui travaillent dans les domaines économique, culturel, etc., peuvent se regrouper et prendre l’initiative de faire l’historique des programmes de développement du pays, de la gestion des affaires publiques, pour dégager des orientations claires et précises dans tous les domaines ». En ce qui concerne la part de l’armée dans ce centenaire, Soumane Touré estime qu’elle doit prendre ses responsabilités. « Depuis sa création, en 1961, l’armée et les forces de défense et de sécurité n’ont jamais perdu autant d’hommes (plus de 300) que sous les 4 années du régime des usurpateurs du MPP ». L’Etat, a-t-il indiqué, a perdu le contrôle de 20% du territoire. « Mais quand on lit les publications sur la sécurité du territoire par les chancelleries, c’est le contraire, l’Etat aurait perdu le contrôle de près de 80% du territoire », a-t-il révélé, avant de poursuivre en ces termes : « la patrie et le peuple ne sont-ils pas suffisamment en danger pour que l’armée et les FDS réagissent ? ». Pour lui, c’est l’armée et les FDS qui doivent balayer les usurpateurs du MPP pour permettre la mise en œuvre de la réconciliation avec la Constitution et les lois de la république.

Actualité nationale

Pour ce qui est du procès du coup d’Etat manqué, Soumane Touré estime qu’en réalité, on ne peut pas parler de coup d’Etat car le Régiment de sécurité Présidentielle (RSP) ne s’est pas attaqué à un pouvoir élu par le peuple, « c’est le procès d’un faux coup d’Etat ». « Le RSP, avec ses moyens, était à sa façon en désobéissance civile contre un régime d’usurpation de titre et de fonction. Il n’y a donc pas d’atteinte à la sûreté de l’Etat, et il n’y avait pas d’atteinte à la Constitution. Au pire des cas, il faut traiter la question comme une mutinerie au cours de laquelle il y a eu mort d’hommes dans le maintien de l’ordre », a-t-il opiné. Dans la mesure où on veut jouer, d’après le président du PITJ, sur les sentiments en évoquant les victimes lors du coup d’Etat manqué, pour transformer le Général Diendéré et autres en boucs émissaires, il serait plutôt bon de reconsidérer calmement les choses. Les victimes du coup d’Etat manqué sont à mettre sur le même pied que les victimes de l’insurrection, selon Soumane Touré. Ce sont ceux qui ont, d’après Soumane Touré, appelés aux manifestations, qui sont, aux termes de la loi, responsables de tout ce qui est survenu. Par conséquent, ce sont les dirigeants du MPP qui ont organisé l’insurrection, qui doivent être jugés, pour les conséquences que l’on connaît.
En ce qui concerne l’élection présidentielle de 2020, Soumane Touré pense que l’avenir ne prévoit rien qui vaille pour cette question. « Pense-t-on qu’avec la situation d’insécurité actuelle, des menaces sur l’intégrité territoriale et des graves atteintes à la cohésion nationale, avec Yirgou, on peut avancer et parler d’élection de 2020 avec la même classe politique qui a complètement failli ? », s’est-il interrogé

Frédéric TIANHOUN
(Collaborateur)


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