HomeA la uneDUREE DE LA TRANSITION AU NIGER : Niamey cherche-t-elle à imposer son calendrier à la CEDEAO ?

DUREE DE LA TRANSITION AU NIGER : Niamey cherche-t-elle à imposer son calendrier à la CEDEAO ?


Le 10 janvier 2024, Niamey devrait accueillir les missi dominici de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Mais dans un courriel officiel adressé à l’organisation sous-régionale,  le Premier ministre nigérien, Lamine Zeine demande le report de la mission au 25 janvier. Motif du report : les autorités nigériennes entendent utiliser le décalage temporel pour tenir les assises nationales annoncées par le Général Abdourahamane Tchani, l’homme fort de Niamey, afin de définir une feuille de route pour la transition. « Ces assises, avait-il laissé entendre, lors de son message radiotélévisé à l’occasion de la date anniversaire de l’accession du Niger à la souveraineté internationale, proposeront des réformes nécessaires pour le futur avec une feuille de route pour la transition et un programme stratégique d’actions pour la refondation de l’Etat ». Cette décision du report de la rencontre avec les émissaires de la CEDEAO, comme l’on pouvait s’y attendre, n’est pas  accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les faucons de l’institution sous- régionale qui n’y voient qu’une manœuvre orchestrée par la junte pour se donner du temps, à l’effet d’imposer son calendrier. Mais le général Tchani et ses frères d’armes ont-ils tort d’user de cette stratégie ? Assurément non ! Car, comme on le sait. « C’est le terrain qui commande la manœuvre », avait laissé entendre un ancien dignitaire du régime déchu de Blaise Compaoré au Burkina Faso, Djibril Bassolet.

 

 

S’il y a un retour à la normalité constitutionnelle au Niger, ce sera au rythme voulu par le général Tchani et ses troupes

 

Après avoir réussi à tenir tête à la Communauté sous-régionale qui avait pris une avalanche de sanctions contre le Niger, le régime militaire nigérien, avec l’appui des régimes frères du Mali et du Burkina, se sent en position de force face à la CEDEAO qui, non seulement a perdu de sa légitimité et de sa crédibilité mais est aussi minée par des dissensions apparentes avec la décision de certains pays côtiers de ne pas respecter l’embargo à la suite des Etats voisins du Niger de l’hinterland. Et puis, que risque encore le général Tchani après avoir réussi à éloigner de ses frontières les menaces d’intervention militaire ? Mieux, la recette que s’apprête à mettre en œuvre Niamey a fait ses preuves au Mali et au Burkina Faso. Pourquoi le Niger ne marcherait-il pas dans les pas de ses devanciers qui lui servent de «  coaches  »  en sous-main ? Cela dit, il faudra logiquement s’attendre, comme ce fut le cas au Mali et au Burkina que les Assises nationales qui seront convoquées et qui seront composées de partisans du pouvoir, valident un agenda déjà bien élaboré par le régime et qui lui accorde une légitimité qu’il ne se privera pas d’opposer à la CEDEAO et à toute la communauté internationale. S’il y a un retour à la normalité constitutionnelle au Niger, ce sera au rythme voulu par le général Tchani et ses troupes. Tout est donc savamment orchestré même s’il reste encore une grande inconnue dans l’équation nigérienne : celle de l’insécurité qui a servi de prétexte au coup d’Etat qui a renversé Mohamed Bazoum. Cela dit, en attendant de voir donc le général dérouler sa stratégie, l’on peut néanmoins se féliciter du fait que le dialogue ne soit pas rompu avec la CEDEAO, et ce, malgré ce report. L’institution sous- régionale, au lieu de s’offusquer du report, devrait aussi mettre à profit le laps de temps dégagé pour définir de meilleures perspectives d’accompagnement du Niger.

 

SAHO

 


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