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ELECTION A LA PRESIDENCE DE LA CAF  


« Réformer le football sans faiblir,  servir le football africain et  utiliser 100% de mon temps pour cette tâche ». Ce sont les maîtres mots du programme de l’Ivoirien Jacques Anouma, candidat à la présidence de la CAF dont l’élection est prévue le 12 mars 2021 à Rabat au Maroc. C’est dans cette perspective qu’il a annoncé officiellement sa candidature, le lundi 21 décembre 2020 à Abidjan, devant la presse nationale et internationale. A la suite de cette cérémonie, il a échangé à bâton rompu avec quelques Hommes de médias sur ses ambitions. Et Jacques Anouma a confirmé avoir reçu, dans l’après-midi le même jour, le Sud-africain Patrice Motsepe, également candidat à la présidence de la CAF.

 

Le Pays : Quel message portez-vous à l’Afrique et au monde à travers votre vision pour le football ?

 

Jacques Anouma : Le message que je voudrais adresser à mes frères africains qui me connaissent déjà, puisque cela fait des années que tous me connaissent, notamment les journalistes et à travers eux, les peuples des différents pays du continent. Ils me connaissent en tant que sportif passionné qui a toujours voulu mettre son expérience et son vécu au service de l’Afrique. Cela ne s’est pas fait et nous n’allons pas revenir sur le passé. Aujourd’hui, malgré la multitude de candidats que j’ai en face de moi et qui sont tout aussi légitimes dont certains que je connais bien, il n’y a pas de raison que je ne fasse pas maintenant, le sacrifice que j’ai voulu faire à l’époque au bénéfice du football africain. Finalement, j’ai décidé de me présenter au moment où notre faîtière ne se porte pas très bien et il est important de se mettre tous ensemble pour montrer au monde entier que les Africains ne sont pas aussi négatifs. On a tendance à toujours noircir nos activités et je souhaiterais relever ce défi. Je suis candidat pour réaliser cet objectif et j’ai aussi toute la légitimité. On ne va pas réinventer l’eau chaude mais, tous nos programmes (NDLR : parlant des candidats à la présidence de la CAF), vont tourner pratiquement vers les mêmes objectifs. Le plus important est de savoir qui porte le projet et comment le traduire en actes. Pour ce qui me concerne aujourd’hui, j’ai vraiment du temps à consacrer à la Confédération africaine de football (CAF). C’est ce que j’appelle 100% de mon temps à mettre au service du football africain, à mettre la CAF sur les rails et après, passer le témoin à une autre génération. J’entends ici et là que cela fait longtemps qu’il n’est plus président de la fédération mais, c’est un langage d’adversaires. Qu’est-ce qu’un président de fédération, même en activité, peut m’apprendre. J’ai aussi l’avantage d’avoir été au cœur des systèmes. Je sais ce qui se passe dans une fédération, à la CAF et à la FIFA et je peux mettre cette somme d’expérience au service des Africains. Ce sont les présidents de fédérations qui auront le dernier mot. Il reste encore deux mois et demi donc. C’est à nous de nous mettre à la tâche pour les convaincre que Jacques Anouma n’est pas un homme du passé et il est toujours présent au sein du football africain et mondial.

 

Que pensez-vous des autres candidats et surtout de l’Afrique de l’Ouest où on enregistre trois candidatures?

 

Je respecte tous les candidats et j’ai déjà dit que l’Afrique de l’Ouest n’a pas le droit d’aller à cette élection en ordre dispersé. Je pense que le message a été compris, peut-être aussi différemment compris. Dans ces batailles, chacun croit qu’il est le mieux placé et c’est la vérité du terrain qui va conduire chacun de nous à la présidence de la CAF. Il ne faut pas qu’on se trompe parce que gagner une élection comme celle-là, seulement par l’avantage du terrain, ne fait pas forcement de vous le meilleur candidat de la CAF. C’est à moi de convaincre mes collègues présidents de fédérations pour leur dire que je suis celui qui peut conduire à bien cette transition. C’est une véritable transition dont on parle, et je vais me risquer à le dire, entre l’ordre ancien et l’ordre nouveau. Je suis capable de faire bouger les choses avec conviction tout en respectant et appliquant de manière stricte les textes que nous nous sommes donnés. Je vous donne la primeur d’une phrase que je vais probablement utiliser pendant la campagne, c’est de « réformer sans faiblir » parce que vous pouvez avoir la volonté de réformer et le système en place vous affaiblit tellement, que vous refusez de mettre en application ces réformes qui sont importantes pour le football africain. Je n’ai pas ce fétichisme, ce spectre d’un deuxième mandat qui fait qu’on devient un président gentil sans penser à mettre en avant les intérêts du football. Certains me disent que c’est un avantage de faire un seul mandat et pour d’autres, cela peut-être un inconvénient. Je dis que c’est un avantage parce que je vais diriger cette Confédération sans penser à être un président qui prépare sa réélection dans quatre ans.

 

Vous dites que l’Afrique de l’Ouest n’a pas le droit d’aller en ordre dispersé. Que comptez-vous faire pour parvenir à un consensus sur un seul candidat et est-ce qu’on doit dire que vous avez plus de rapprochement avec le candidat sénégalais, Me Augustin Senghor puisqu’on vous voit beaucoup plus ensemble qu’avec le Mauritanien Ahmed Yahya ?

 

Je suis en train de tout mettre en œuvre pour aller rendre visite, avant le 12 janvier 2021, à mon jeune frère, le Mauritanien, Ahmed Yahya et lui tenir le même discours. Il n’est pas écarté de mon projet. C’est le plus jeune d’entre nous donc, il n’y a pas de raison qu’on le mette de côté puisqu’il est aussi légitime. J’ai commencé les discussions avec Me Augustin Senghor parce que nous avons beaucoup d’affinités mais, je n’écarte pas les autres. J’ai reçu (NDRL : l’après-midi du lundi 21 décembre 2020) la visite du Sud-africain, Patrice Motsepe, candidat à la présidence de la CAF qui a accepté de venir saluer son grand-frère comme il le dit lui-même. Nous sommes quand même en Afrique et je suis l’aîné. Je le remercie pour cette marque de considération. Nous avons passé près de deux heures ensemble pour parler de football et de son avenir sans engagement. Nous sommes tous les deux passionnés de football et maintenant, il s’agit de voir ensemble, comment mettre cette passion au service du football africain. Vous pouvez être des adversaires mais partager les mêmes idéaux. C’est un acte amical et fraternel et si mon temps me le permet, j’irai lui rendre une visite en Afrique du Sud. Je suis l’aîné certes mais, en toute humilité, je verrai pourquoi ne pas mettre nos forces ensemble au bénéfice du football continental. Toute élection, comme celle-là, laisse des traces, des frustrations et celui qui a perdu repart avec toutes ses idées qui auraient pu servir le vainqueur. Dans cette adversité, nous devons privilégier les liens fraternels parce que nous sommes tous des Africains et nous voulons le bien de notre football. 

 

Suite à certaines de vos sorties, vous dites que si tout se passe bien lors de la date fatidique du 12 janvier 2021. Cela signifie-t-il que vous avez des craintes sur l’aspect de la validation de certaines candidatures ?

 

Personnellement, je n’ai pas de crainte. Devant tout système, il faut s’attendre à tout puisque ce sont des hommes qui l’ont mis en place et qui vont prendre la décision. Il ne faut pas partir défaitiste dès le départ et je n’ai pas connaissance d’un sujet qui puisse me mettre en difficulté le 12 janvier. S’il y a une telle échéance, c’est pour passer au crible fin, la candidature de chacun d’entre nous. A ce niveau, il y a entre autres, une enquête de moralité, les conditions du dépôt de votre candidature. C’est un peu notre Conseil constitutionnel où vous déposez votre candidature et il peut l’invalider pour plusieurs raisons. Dès que cette date va arriver, c’est en ce moment que nous allons véritablement commencer la campagne.

 

Propos recueillis à Abidjan par Antoine BATTIONO

 


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