ELECTION DE LA RDC AU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DE L’ONU : Comme une invite à mieux faire
Depuis le 9 octobre dernier, la République démocratique du Congo (RDC) est membre du Conseil des droits de l’ONU. Avec le Bénin, la Gambie, le Kenya et l’Ethiopie, ils composent le groupe des cinq représentants du continent africain qui ont été élus pour un mandat de trois ans, à compter du 1er janvier prochain où ils commenceront à siéger. Une élection qui est d’autant plus un ouf de soulagement pour Kinshasa que la candidature de la RDC à ce poste au sein de l’Organisation mondiale, avait suscité la polémique au pays de Félix Tshisékédi. La controverse était menée par l’opposition qui estimait que le gouvernement devait nécessairement revoir sa copie avant de prétendre à un tel poste, au regard des multiples entorses aux droits humains dans le pays. Et la partie semblait d’autant plus mal engagée pour le pouvoir que le timing de la publication de cette candidature tombait au mauvais moment, où l’opposition avait organisé des manifestations pour dénoncer des arrestations arbitraires de militants et d’activistes de la société civile, comme Seth Kikuni, Jacques Sinzahera, Gloire Saasita, Glori Senga, Robert Bunda et autres Chadrack Tshadio.
Cette élection de la RDC à ce poste aussi hautement symbolique que représentatif, était loin d’être gagnée d’avance
Toujours est-il que les échos de ces manifestations sont parvenus au siège de l’Organisation mondiale à New-York. Et les préoccupations de l’opposition ont été reprises par certaines Organisations non gouvernementales de défense des droits humais comme Human Rights Watch qui, soit dit en passant, n’a pas manqué de condamner fermement les violentes répressions qui se sont indistinctement abattues sur militants de l’opposition, activistes de la société civile, journalistes et autres voix critiques tout au long de la période de la présidentielle de 2023. C’est dire si cette élection de la RDC à ce poste aussi hautement symbolique que représentatif, était loin d’être gagnée d’avance. C’est dire aussi si elle est loin d’être une récompense, au regard des griefs soulevés contre le régime de Kinshasa, en matière de violation des droits humains. C’est pourquoi, au-delà de la victoire diplomatique pour le pouvoir, cette cooptation de la RDC sonne comme une invite à mieux faire en matière de respect des droits de l’Homme. On est d’autant plus porté à le croire que relativement à la présente élection, il n’y avait que cinq candidatures pour cinq postes pour le compte de l’Afrique. Ce n’est donc pas une victoire à la Pyrrhus que la RDC a arrachée dans cette élection où il n’y avait pratiquement pas de suspense. Et où tout porte à croire que ce n’est pas un hasard si le nombre de prétendants correspond exactement au nombre de postes à pourvoir. Surtout en l’absence de critères clairement définis pour le citoyen lambda. Mais cela n’enlève rien au mérite de la RDC en quête de représentativité au sein des organisations internationales.
Travailler à montrer un meilleur visage de la RDC, en matière de respect des droits humains
Et si cela est bon pour son image, il appartient au pouvoir du président Félix Tshisékédi, de se montrer à la hauteur de la responsabilité qui lui incombe désormais. Et de tout mettre en œuvre pour correspondre au profil de l’emploi. Car, le monde entier a désormais les yeux rivés sur lui et il n’aura pas d’excuses en cas de graves manquements. C’est dire s’il lui revient de mesurer la portée de cette élection au sein de cette instance des Nations unies et de prouver qu’il mérite cette place qui paraît plus un pari sur l’avenir qu’une récompense pour l’ensemble de son œuvre. Le plus dur reste donc à venir. Car, le tout n’est pas de se faire élire. Mais de travailler à montrer un meilleur visage de la RDC, en matière de respect des droits humains. Et dans le cas d’espèce, tout porte à croire que la RDC a besoin de faire des progrès. En tout état de cause, comme dit l’adage, « c’est au pied du mur qu’on reconnaît le bon maçon ». Et au-delà du score, cette élection au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, sonne comme un autre défi pour le pouvoir du président Félix Tshisékédi. Et c’est peu dire qu’il sera attendu au tournant, dans un pays confronté à la guerre en raison de la prolifération des groupes armés et où la violence politique a pignon sur rue. Saura-t-il relever le défi ? On attend de voir.
« Le Pays »