ELECTION DE MALICK DIAW A LA TETE DU CNT: Bon appétit, mon colonel !
Les militaires qui ont renversé le régime de Ibrahim Boubacar Kéita, le 18 août 2020, viennent de se tailler encore la part du lion en s’emparant du Conseil national de transition (CNT). C’est le colonel Malick Diaw, numéro 2 de la junte militaire, qui a été plébiscité à la tête de cet organe législatif de 121 membres, le 5 décembre dernier, au cours de sa session inaugurale. En attendant de savoir les avantages liés à ce poste, on peut d’ores et déjà dire : bon appétit, mon colonel ! Car, il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette fonction est un gros morceau viandé. Cela dit, en s’attribuant ce dernier poste juteux, le colonel Assimi Goïta et ses frères d’arme apportent de l’eau au moulin de ceux qui les accusent de vouloir faire main basse sur les organes de la transition.
En tout cas, le constat est fait que tous les postes clés des différents organes de la Transition, sont désormais entre les mains des hommes en treillis. Ce n’est donc pas étonnant que certains Maliens qui estiment avoir été oubliés dans le partage du gâteau, soient en colère. Mais que peuvent-ils face à des militaires déterminés à dicter la voie à suivre ? En vérité, pas grand-chose, surtout que ces spécialistes en camouflage ont convié toutes les entités, à savoir les partis politiques, les syndicats, la société civile, les groupes armés du Nord, etc., à la table du seigneur. Maintenant que les militaires s’en sont mis plein la gamelle, vont-ils se mettre enfin au boulot pour tracer les sillons du Mali nouveau tant promis? Il faut l’espérer. En tous les cas, ils n’ont plus d’excuse pour ne pas aller au charbon. Les défis sont si énormes que toute navigation à vue retarderait la marche du pays vers des lendemains meilleurs. Les Maliens, et c’est peu de le dire, espèrent beaucoup de la Transition et le colonel Assimi Goïta et ses camarades auraient tort de prendre ces attentes à la légère.
Il est temps de travailler à asseoir des institutions véritablement démocratiques
Après avoir réussi à mettre en place des institutions pour l’organisation d’élections transparentes, équitables et inclusives, la Transition que dirige l’ex-colonel-major Ba N’Daw, devra apporter des réponses aux préoccupations des travailleurs pour calmer le front social en ébullition. Et ce n’est pas tout ; elle devra aussi relever un autre défi et pas des moindres, celui sécuritaire. Et c’est peu de dire que les hommes en kaki sont beaucoup attendus à ce niveau aussi. Si, jusque-là, certains se retiennent de critiquer ouvertement l’attribution de certains postes clés à ces soldats, c’est parce qu’ils pensent qu’en prenant les manettes du pouvoir, les tombeurs d’IBK réussiront à mettre fin aux appétits gloutons de certains hommes politiques et à remettre le pays sur les rails. C’est dire si ces militaires qui semblent disposer d’une feuille de route et qui se donnent les moyens de la mettre en œuvre, n’ont pas droit à l’erreur. Cela est d’autant plus vrai que les Maliens pourraient, à force d’attendre des résultats qui ne viendraient pas, descendre dans la rue et réclamer leur départ.
Autant dire qu’ils ont tout intérêt à toiletter les textes fondamentaux du pays afin de poser les jalons du Mali ba (le grand Mali). En tout cas, tout ce que les Maliens attendent d’eux, c’est de réussir à conduire le navire malien à bon port. Ceci étant dit, la mise sur pied du CNT met ainsi fin au Comité national pour le salut du peuple (CNSP), cet organe politico-militaire qui suscitait crainte et méfiance de la part des Maliens. Sa disparition est un pas de plus vers le retour à l’ordre constitutionnel. Et c’est tant mieux pour le Mali. Il est temps de travailler à asseoir des institutions véritablement démocratiques afin de rompre définitivement avec ce cycle de coups d’Etat qui mettent le pays en retard.
Dabadi ZOUMBARA