HomeA la uneELECTION DU PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE AU NIGER : Quelle légitimité pour le successeur de Hama Amadou ?

ELECTION DU PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE AU NIGER : Quelle légitimité pour le successeur de Hama Amadou ?


Après l’élection, le 24 novembre dernier, de l’ancien opposant Amadou Salifou passé à la majorité, en remplacement de Hama Amadou à la tête du Parlement nigérien, l’on croyait que la page de ce dernier était définitivement tournée, après sa fuite, depuis le 27 août dernier du pays, pour ne pas répondre des soupçons qui pèsent sur lui, dans l’affaire de trafic de bébés qui défraye la chronique au pays du Ténéré.

Mais, voilà que la Cour constitutionnelle, saisie par une douzaine de députés de l’opposition aux fins d’invalidation de ce scrutin qu’ils avaient du reste boycotté, a déclaré qu’elle n’est pas en mesure de valider ni d’invalider le scrutin du 24 novembre dernier, « faute d’avoir reçu le compte-rendu de la séance plénière du jour du scrutin, signé en bonne et due forme ».

Conséquence, le vice-président Daouda Mamadou Berthé, qui assure l’intérim depuis quatre mois, a décidé de convoquer une session extraordinaire lundi dernier, dans l’espoir de recadrer les choses et d’arriver à une solution consensuelle.

Mais on a abouti au même résultat, avec la réélection de Amadou Salifou. Et comme il fallait s’y attendre, les députés de l’opposition crient à la violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale et comptent saisir la Cour constitutionnelle.  Cependant, les élus du pouvoir disent avoir mis fin au débat juridique qui était en cours.

Quand on sait que d’ordinaire, au Niger, la Cour constitutionnelle n’a pas à valider l’élection du président de l’Assemblée nationale, l’on se demande à quoi rime tout ce remue-ménage. Est-ce la recherche d’une légitimité pour le successeur de Hama Amadou ? Cela n’est pas exclu. D’autant plus que si la reprise du scrutin avait connu la participation de l’opposition, cela serait du pain bénit pour Mahamadou Issoufou qui aurait là l’occasion idéale de se débarrasser définitivement d’un concurrent gênant. Mais dans tous les cas, on peut dire que la page Hama Amadou semble tournée pour le parti au pouvoir.

Toutefois,  quand on sait que les implications de la mise à l’écart de l’ancien président, à travers cette élection de son remplaçant, vont au-delà de la simple formalité parlementaire, l’on pourrait comprendre pourquoi l’opposition nigérienne continue de camper sur sa position. Dans ces conditions, cela pourrait-il conduire à un blocage institutionnel ?

L’opposition rechigne à cautionner une telle élection

Quoi qu’il en soit, au-delà de cette situation, se pose le problème de la transhumance politique sous nos tropiques. Tant que dans nos démocraties tropicales, les lois ne seront pas suffisamment étoffées, les gens exploiteront toujours les failles.

Le parti au pouvoir à Niamey, n’est pas le premier sur le continent à enregistrer des transfuges provenant de l’opposition. Ce faisant, il fragilise une opposition bien souvent réduite à jouer les seconds rôles et les faire-valoir, en l’absence d’un véritable contre-pouvoir. Cela n’est pas de nature à renforcer véritablement la démocratie. Pour le cas du Niger, l’on comprend alors que l’opposition rechigne à cautionner une telle élection qui l’humilie davantage. Et tant qu’il n’y aura pas de balises pour éviter ce genre d’attitudes, le nomadisme politique aura de beaux jours devant lui en Afrique, et il y aura toujours des Judas pour monnayer au prix fort leur trahison. Dans ces conditions, ce sont les peuples africains qui en paieront les pots cassés, car le jeu démocratique sera toujours biaisé, au profit des puissants du moment. Etant entendu que ces individus agissent la plupart du temps pour des intérêts plus personnels, que pour la défense d’idées ou d’un idéal au profit de la grande masse. Sinon, comment comprendre que du jour au lendemain, l’on enregistre ces revirements à 90 voire à 180 degrés de certains acteurs politiques? Politique du tube digestif, quand tu nous tiens.

 

Outélé KEITA


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