ELECTIONS GENERALES 2016 AU NIGER : Comment les résultats  sont acheminés et traités par la CENI

 

La Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Niger s’active pour la publication des résultats des élections générales  (présidentielle et législatives) du 21 février 2016. Le  Palais des congrès de Niamey s’est transformé en centre de centralisation et de diffusion des résultats du premier tour des élections présidentielle et législatives du 21 février 2016.  Il faut rappeler que quinze candidats se sont lancés dans la course pour le fauteuil  présidentiel, dont le président sortant, Mahamadou Issoufou.  Comment  se font le traitement de la centralisation des résultats au Palais des Congrès de  Niamey ? Nous avons posé la question à Nahodjo Amadou Roulaye, chargé des télécommunications de la CENI, maître de cérémonie à l’occasion de la centralisation des résultats des élections. C’était au Palais des  Congrès de Niamey, le 22 février 2016.

« Le Pays » : Comment les résultats  des élections sont-ils acheminés et traités par la CENI ?

Nahodjo Amadou Roulaye : Au niveau du Palais des Congrès de Niamey où siège la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour  la centralisation des résultats, nous avons une procédure habituelle que nous avons trouvé nécessaire de  préserver. De quoi s’agit-il ?  Au Palais des Congrès, les résultats électoraux des huit régions  (Agadez, Diffa, Dosso, Tahoua, Tillabéry, Niamey, Zinder, Maradi) sont reçus par téléphone.  Pour chaque position  régionale,  sont affectés deux  membres de la CENI (présents dans la salle du   Palais des Congrès de Niamey)  qui ont deux combinés téléphoniques branchés sur une seule ligne. Ces deux personnes reçoivent le coup de fil du président de la Commission d’une région donnée, qui est le correspondant de la CENI nationale. Le travail fait au niveau de la  Commission  régionale est validé par les membres de la CENI régionale.  Les représentants des  candidats des partis politiques signent sur le document  traité par la cellule informatique régionale.   Donc, tout le monde, qu’on soit gagnant ou perdant, est obligé de porter son nom et sa signature. Et le président de la Commission régionale valide par sa signature et son cachet.   Avant d’envoyer le fax, le président de la Commission régionale téléphone à la position  régionale. Les membres de la CENI, dont j’ai parlé tantôt,  reçoivent alors les résultats. L’un d’eux  reçoit et un autre contrôle dans la salle du Palais des congrès.  Une fois que l’enregistrement est fait,  la position régionale demande au président de la Commission  régionale d’envoyer le résultat communiqué par fax, pour confirmation.   Mais avant que le fax soit envoyé, il est codifié.  Car ce sont des appareils fax  que la CENI a codifiés.   Si le résultat  d’une région donnée, parvient au Palais des congrès  sans le code de la CENI, il est automatiquement rejeté.  D’office donc, le fax envoyé  est sécurisé par le code.  On vérifie ensuite, à la réception,  si le fax est lisible, s’il comporte un certain nombre de renseignements. Si c’est fait, le responsable de la commission fax vise pour attester que le fax est valable. On fait ensuite une photocopie du fax pour la remettre à la position régionale indiquée.  Et la copie originale est remise au président de la CENI  qui la garde pour la  transmission à la Cour constitutionnelle.  Ici dans la salle, la position régionale qui a reçu les résultats par téléphone,  et ensuite par le fax, remet le travail à une table de contrôle composée de 4 personnes : un représentant de la majorité, un représentant de l’opposition, un représentant de l’Etat et un représentant de la société civile. Ces quatre personnes vérifient le travail fait par une position régionale donnée.  Elle vérifie si le travail est  conforme au recensement du vote qui a été fait par le CFEB,  notamment pour savoir si  le nombre de bureaux de vote correspond bien  à ce qui a été indiqué,  si le nombre d’inscrits est  exact, etc.  La table de contrôle  remet alors le travail  à la cellule informatique, pour la saisie, dans la salle,  en vue du  BAT (Bon à  diffuser). La cellule informatique fait le travail,  le retourne à la table de contrôle qui vérifie qu’il est conforme au travail demandé.  Une fois que c’est fait, le président de la CENI peut diffuser.  Le président de la  sous-commission administrative et juridique qui est présent au niveau de la table de contrôle, porte son cachet pour le  BAT. Le travail est remis en mains propres au président de la CENI.  A ce moment, ce dernier peut diffuser le résultat et la sous-commission communication se charge de dupliquer le résultat pour le remettre à la presse et aux observateurs qui en ont besoin.  Voilà succinctement ce qu’on peut dire de l’opération de centralisation et de traitement des résultats des élections générales  au Palais des congrès de Niamey.

A quelle heure va commencer la centralisation des résultats ?

Ça dépend des régions. Elles peuvent envoyer leurs résultats  dès qu’elles sont prêtes.  On est présent dans cette salle jusqu’à la  tombée de la nuit, il n’y aura pas d’interruption.

Avez-vous déjà quelques résultats ?

Non, pas encore (il était environ 12h, heure de Niamey).Vous savez que le président de la CENI a pris un arrêté  permettant à certaines régions où il y a eu des retards dans l’ouverture de certains bureaux de vote, ou des manques de bulletins de vote, de prolonger le vote. Donc, les bureaux qui n’ont pas pu ouvrir  ou qui ont ouvert tard, vont continuer à enregistrer des votes aujourd’hui.

Quelles sont vos impressions sur le déroulement du scrutin d’hier ?

Tout s’est passé dans le calme. C’est un plus pour le Niger. On est fier d’être nigérien. Hier, vous l’avez constaté, les rues étaient quasiment vides. Les gens sont sortis massivement pour aller  voter.  Cela démontre l’attachement du peuple à la démocratie.

 ENCADRE

ELECTIONS GENERALES DU 21 février 2016

La CEDEAO tire ses conclusions provisoires

Dans une déclaration signée de son chef Amos Sawyer, le 22 février 2016, la Mission d’observation de la CEDEAO aux élections présidentielle et législatives qui ont été organisées en République du Niger, le 21 février 2016, tire les  conclusions provisoires suivantes. La Mission d’observation de la CEDEAO aux élections présidentielle et législatives qui ont été organisées en République du Niger, le 21 février 2016, est arrivée aux conclusions provisoires suivantes, basées sur son appréciation de tout le processus électoral conduit jusqu’au dépouillement des résultats dans les différents bureaux de vote à ce jour :

– En dépit des insuffisances mentionnées, la Mission d’observation de la CEDEAO juge que, jusqu’à présent, le processus électoral s’est déroulé dans des conditions calmes et paisibles ;

– La CEDEAO félicite tous les acteurs politiques et responsables des organes de gestion des électeurs pour l’organisation de ce scrutin, malgré quelques difficultés ;

– La CEDEAO encourage la Commission nationale électorale indépendante (CENI) et les autres partis impliqués, à achever les dernières phases du processus avec le même sens d’abnégation, de patriotisme et de transparence et ce, jusqu’à la proclamation des résultats définitifs ;

– La Mission recommande à la CENI et aux structures concernées, de prendre note des dysfonctionnements observés lors de ce scrutin et d’en tirer les leçons appropriées afin d’améliorer l’organisation des futures échéances électorales ;

– La Mission lance un appel aux candidats,  à leurs militants et sympathisants pour le respect des résultats issus des urnes et la préservation de la paix et la sécurité tout au long du processus. En particulier, elle exhorte les candidats s’estimant lésés à recourir aux voies légales pour régler tout éventuel contentieux électoral.

– Enfin, la Mission d’Observation de la CEDEAO remercie la CENI et les autorités afférentes pour les mesures prises en vue du bon déroulement de la Mission d’observation de la CEDEAO pour les élections présidentielle et législatives du 21 février 2016 en République du Niger.