HomeDroit dans les yeuxELIMINATION DU VICE-CHAMPION : Les Etalons étalés de la pire des manières

ELIMINATION DU VICE-CHAMPION : Les Etalons étalés de la pire des manières


Les Etalons sont arrivés à la CAN  2015 avec l’auréole de vice-champions d’Afrique. Les Burkinabè, à juste titre, s’attendaient à ce qu’ils rééditent au moins l’exploit de 2013. Hélas ! Les Etalons leur ont apporté la preuve que leur parcours passé n’était qu’un coup de hasard. En effet, sur un ensemble de 3 matchs, les nôtres ont enregistré un seul nul et deux défaites avec un seul but marqué, contre quatre encaissés. De toutes les 16 équipes qui prennent part à la compétition, les  Etalons se sont offert gracieusement le bonnet d’âne de la classe. Ces résultats, en plus de les déshonorer, ont surtout humilié le Burkina. L’on peut donc comprendre l’indignation des fans du football. Mais au-delà de ce sentiment légitime, qui témoigne quelque part de l’intérêt que ces derniers portent au Onze national, l’on ne doit pas craindre de dire que l’élimination des poulains de Paul Put, à ce stade de la compétition, était prévisible. Déjà, après leur première prestation contre le Gabon où ils avaient plié l’échine, « Le Pays », dans une de ces éditions, avait pressenti le pire se profiler à l’horizon, en soulignant que leur séjour en Guinée Equatoriale risquait d’être bref et infernal. Et le séjour a été, on ne peut plus bref. C’est donc, la queue entre les pattes et la tête basse de honte, que le capitaine Charles Kaboré et ses camarades ont regagné le bercail, après avoir, comme on le dit chez nous, versé « le visage de notre  pays par terre ». En attendant que les personnes les plus autorisées fassent le bilan de leur participation à cette CAN et tirent, on le souhaite, les enseignements de ce qu’il convient d’appeler le camouflet national, on peut tenter de s’expliquer l’élimination au 1er tour des Etalons.

Premièrement, l’on peut mettre en cause la préparation. Franchement, elle a été mauvaise. En effet, pendant que les autres, dans ce cadre, se mesuraient à des équipes dignes de ce nom, les Etalons se sont contentés du Swaziland et du Botswana qui sont, on le sait, d’illustres anonymes dans le domaine du football. Naturellement, ce fut une promenade de santé pour eux. L’on a voulu se chatouiller pour rire et l’on a réussi parfaitement le coup. Ces deux matchs-tests étaient tout simplement un gâchis, parce qu’ils n’ont pas permis de jauger la forme réelle des joueurs.

Le mauvais impact de la guerre des clans et des ego

Deuxièmement, l’on peut pointer du doigt le lieu de la préparation, à savoir la ville sud-africaine de Nelspruit. Cette ville qui nous avait accueillis et adoptés à la CAN précédente, serait, aux dires de ceux qui font dans le fétichisme, une ville porte-bonheur pour les nôtres. Il fallait donc y retourner pour se préparer. Mais c’est oublier que le climat qui y prévaut actuellement est différent de celui de la Guinée équatoriale. L’acclimatation donc a été ratée. Des pays comme le Cameroun ou le Gabon auraient été un meilleur choix, en raison de leur proximité climatique avec la Guinée Equatoriale.

Troisièmement, notre équipe est vieillissante. Cela s’est ressenti pendant les matchs de qualification pour cette CAN. Les deux matchs que joués contre le Gabon et dans une certaine mesure le match retour contre l’Angola, ont révélé des joueurs avachis, qui manquent de fraîcheur physique. C’était déjà de mauvais signes qui, malheureusement, n’ont pas été perçus  comme tels par l’encadrement.

Quatrièmement, il y a le manque notoire de compétition pour certains cadres de l’équipe. Le cas de Jonathan Pitroipa qui a préféré un championnat douillet et lucratif à un championnat dont le niveau est relevé et celui d’Alain Traoré longtemps blessé et qui a été sélectionné malgré tout, peuvent être cités pour illustrer cet argument.

Cinquièmement, l’on peut épingler le casting de l’entraîneur, Paul Put, et dans une certaine mesure, son indolence sur le banc de touche devant les scories de certains joueurs. En effet, et par rapport au premier reproche, l’on  s’explique difficilement que Paul Put ait jeté son dévolu sur des joueurs qui, visiblement,  n’étaient pas à la hauteur des exigences physiques de la compétition et dont certains étaient d’éternels remplaçants au sein de leur équipe (pour ceux qui en avaient une) au détriment de joueurs qui, aujourd’hui, ont apporté la preuve de leur talent dans des équipes africaines et pas des moindres. Les cas de Issoufou Dayo du Vita club en RDC et de Moussa Yédan qui évolue à Al Ahly, peuvent être évoqués à ce sujet. Dans le même registre, l’on peut se demander pourquoi Paul Put n’a pas sollicité les services du meilleur joueur et meilleur buteur du championnat national, Banou Diawara, sociétaire du Racing club de Bobo-Dioulasso.

Enfin, ce qui peut expliquer la débâcle des Etalons  est la guerre des clans qui y fait rage. A cette guerre de clans s’ajoute  une guerre des ego. Cette réalité a créé un climat délétère au sein de l’équipe. La presse s’en est fait l’écho. Malheureusement, cela n’a pas été du goût du ministre des Sports et du président de la fédération. Pourtant, les journalistes ne faisaient que leur travail, celui d’informer le peuple burkinabè sur ce qui va et sur ce qui ne va pas au sein de l’équipe nationale.

Cela dit, le constat est là et il est amer et parlant. Un seul but marqué durant cette CAN et plusieurs encaissés. Assurément, il faut la tenue  d’une réflexion inclusive sur le football en général et sur les Etalons en particulier, s’impose aujourd’hui. Elle servira de cadre à un diagnostic sans complaisance des maux qui minent le sport-roi au pays des Hommes intègres, afin de leur trouver des solutions durables et appropriées. Mais, en attendant, force est de constater que les Etalons ont été étalés de la pire des manières.

Sidzabda


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