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ENIEME ANNONCE DE LA MORT DE SHEKAU


Plus de deux semaines après les affrontements qui ont opposé les deux groupes dissidents de Boko Haram, dans la forêt de Sambisa, des zones d’ombres demeurent sur le sort du leader de cette organisation islamique, Abubakar Shekau.  Est-il mort ? Difficile pour l’heure d’y répondre avec certitude  même si le groupe Etat islamique de l’Afrique de l’Ouest (ISWAT) annonce formellement sa mort dans une vidéo. Selon ce groupe rival, « Shekau a préféré l’humiliation dans l’au-delà à l’humiliation et ce, en se suicidant ». Vrai ou faux ?   La prudence doit être d’autant plus de mise que c’est la énième fois que Shekau est donné pour mort au combat. Mais à chaque fois, tel un phénix qui renaît de ses cendres, l’homme est réapparu pour écourter la joie de ses adversaires. Qu’il démente donc encore s’il peut ! En tout cas, ce serait la seule manière pour lui de prouver qu’il est encore en vie. En attendant confirmation, Shekau se serait donné la mort comme Abou Bakr-al Baghdadi, l’ex-leader du groupe Etat islamique. Dans ce cas, il n’est pas mort en martyr, et donc, il a peur d’être tué. Cela confirme l’adage selon lequel « le bourreau a peur du gourdin ». Cela dit, en attendant que d’autres informations nous situent davantage sur le sort de Shekau, les populations lassées par les atrocités commises par cet homme et sa bande de criminels, auraient souhaité que sa mort soit avérée. Ce serait un ouf de soulagement pour ces populations qui souffrent le martyre depuis plus d’une décennie, si la mort de Shekau venait à être confirmée. Le Nigeria, et c’est peu de le dire, se serait ainsi débarrassé de son pire ennemi. En fait, en une décennie, les attaques de Boko Haram et de l’ISWAP auraient fait près de quarante mille morts et deux millions de déplacés.

 

La mort d’Abubakar Shekau ne mettra pas fin aux attaques terroristes au Nigeria

 

La cruauté de Shekau, et c’est un euphémisme, n’a pas de limite. Utilisation d’enfants kamikazes, kidnapping de lycéens, bref, pour ce sanguinaire, la fin justifie les moyens. Qu’il soit mort ou vivant, il restera, aux yeux des Nigérians voire au-delà, ce chacal de la forêt de Sambisa qui se complaît à dévorer tout sur son passage y compris les êtres les plus faibles tels les enfants qu’il utilise à des fins criminelles. On se rappelle encore ce kidnapping des jeunes filles de Chibok dont certaines avaient été mariées de force, d’autres utilisées comme esclaves sexuelles tandis que les moins chanceuses avaient servi de kamikazes. La mort d’un tel individu ne pourrait que constituer une épine en moins dans le pied du président Muhammadu Buhari qui avait promis d’en finir avec son mouvement en 90 jours, s’il accédait au pouvoir. Ce serait également un poison de moins pour les populations, surtout celles du Nord du Nigeria, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Toutefois, tout laisse croire que même si elle venait à être confirmée, la mort d’Abubakar Shekau ne mettrait pas fin aux attaques terroristes au Nigeria. Car telle une hydre, l’organisation islamique, même décapitée, poussera, à coup sûr, une autre tête. A preuve, la mort, en 2009, du fondateur du mouvement insurgé, Mohamed Yusuf, n’a pas fait disparaître l’organisation criminelle. Bien au contraire, passée l’étape du deuil, elle a repris du poil de la bête avec, à sa tête, Abubakar Shekau. C’est dire si le successeur de ce dernier, pourrait être tenté de suivre ses pas. Il n’empêche que les autorités nigérianes gagneraient à vérifier rapidement la véracité de la mort de Shekua. C’est d’autant plus nécessaire que même si cette disparition ne mettait pas fin aux souffrances des populations, elle pourrait scier le moral de certains combattants et partant, les rendre moins actifs.  

 

Dabadi ZOUMBARA


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