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ETHYLOTEST AU BURKINA


La conduite en état d’ivresse constitue l’une des causes de décès sur les routes, chaque année au Burkina. Le commissaire principal de police, Seydou Ouattara, a étudié la question dans le cadre de l’obtention d’un Diplôme d’études approfondies (DEA). C’était en 2017. Pour justifier le choix de son thème, l’impétrant avait laissé entendre ceci : « J’ai constaté beaucoup de cas d’accidents liés à la consommation d’alcool, qui avaient fait polémique. J’ai pensé à faire une étude pour mettre en évidence la question de la consommation de l’alcool dans les accidents de circulation ». Trois ans après cette étude qui est une première du genre au Burkina Faso, le ministère de la Sécurité, à l’occasion des fêtes de fin d’année, a annoncé l’utilisation, par la Police et la Gendarmerie nationales, d’un éthylotest en vue de contrôler le taux d’alcoolémie des usagers de la route. En attendant qu’une évaluation soit faite, chiffres à l’appui, pour situer les uns et les autres sur la réalité de l’alcool au volant pendant cette période où Bacchus, le dieu de l’alcool, se fait beaucoup d’adeptes, l’on peut déjà saluer l’initiative et souhaiter qu’elle soit couronnée de succès. Il faut rappeler que l’alcootest, appelé en français soutenu éthylotest, est un appareil qui permet de déterminer le taux d’alcoolémie dans l’air expiré. Lequel taux s’affiche directement sur un écran digital. Si ce taux recueilli est supérieur à celui qui est autorisé par la législation, le conducteur mis en cause s’expose à des sanctions. Avant cette mesure, les autorités avaient instauré le radar pour lutter contre les excès de vitesse, notamment à l’entrée et à l’intérieur des agglomérations. C’est un appareil, peut-on dire, qui a permis à plus d’un usager de la route de lever, par endroits, le pied sur l’accélérateur, contribuant ainsi à réduire les risques d’accidents liés à l’excès de vitesse. Et l’alcooltest peut avoir les mêmes effets si les Burkinabè prennent conscience que tout le monde gagne en s’abstenant de conduire après qu’on a bu un verre de trop.

L’utilisation de l’alcootest est d’une pertinence incontestable

Mais, il ne faut pas se voiler la face. Car, bien des Burkinabè tenteront de contourner la mesure par la corruption des agents affectés à la tâche de contrôle du taux d’alcoolémie. C’est pourquoi il faut faire en sorte, au cas où l’alcootest serait inscrit officiellement dans l’arsenal répressif de notre pays, que les agents de contrôle n’aient pas la possibilité de racketter les conducteurs en conflit avec la loi. Sous d’autres cieux, par exemple, le policier ou le gendarme se contente seulement de vous dresser la contravention en cas de faute. La suite ne relève plus de ses compétences. L’on peut évoquer en guise d’illustration, le cas du Bénin. Dans ce pays, en effet, Patrice Talon a réussi à traquer la corruption au sein des agents chargés de la sécurité routière.  Faites-y un tour et vous serez édifiés. En plus de cette impérieuse nécessité d’éviter la corruption dans l’hypothèse où l’alcootest serait adopté dans la durée, il faut une période de sensibilisation et de pédagogie. Et cela pour deux raisons essentielles. La première est que bien des Burkinabè ne savent pas comment fonctionne un alcootest. Il faut prendre le temps de le leur expliquer. L’on a déjà assisté à des quiproquos ou encore à des polémiques à propos de l’utilisation des radars. En tout cas, ils sont nombreux, les usagers de la route qui croient dur comme fer, que les données qu’ils affichent à l’écran sont parfois sujettes à caution. Bref, les Burkinabè pourraient avoir la même perception en ce qui concerne les alcootests. L’autre raison est liée à l’analphabétisme. En tout cas, il faut des démonstrations pour convaincre de la fiabilité de ces alcootests. Dans les pays développés, on en est arrivé à équiper certains véhicules d’éthylotests antidémarrage (EAD), du nom de cet instrument de mesure du taux d’alcool dans l’air expiré, associé au système de démarrage du véhicule. Ce dispositif empêche la mise en route du moteur si le taux d’alcool enregistré est supérieur à la normale. Ces genres de dispositifs sont certainement la solution idéale au problème de l’alcool au volant. Et s’ils sont introduits au Burkina, ceux qui pourraient être tentés de s’y intéresser, ne seront pas une foultitude ; tant la conduite en état d’ivresse est très ancrée dans les habitudes au pays des Hommes intègres. Chez certains d’entre eux, conduire sans avoir au préalable levé le coude, n’est pas envisageable. De ce point de vue, l’on peut dire que l’utilisation de l’alcootest est d’une pertinence incontestable. Et dès que les disciples de Dionysos, dieu de la vigne et de l’ivresse, ont eu vent de l’expérimentation de l’éthylotest au Burkina, certains ont réellement paniqué. Car, ils pourraient, si le contrôle est sérieux, se voir obligés d’abandonner leur véhicule pour se rabattre sur les bus. Un tel scénario n’est pas mauvais. Car, il réduirait de façon significative le nombre d’accidents de la circulation en lien avec l’alcool au volant. C’est tout le mal que l’on peut justement espérer de l’utilisation éventuelle de l’alcootest au Burkina et cela, de manière pérenne.

Sidzabda


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