HomeDialogue intérieurEXIGENCE DU DEPART DE ZIDA A SEULEMENT 3 MOIS DES ELECTIONS : C’est suspect

EXIGENCE DU DEPART DE ZIDA A SEULEMENT 3 MOIS DES ELECTIONS : C’est suspect


La démission du Premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, est exigée par ses anciens camarades d’armes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et la hiérarchie militaire. L’ex-majorité a formulé la même exigence. Mieux, elle exige le départ de tout le gouvernement. Quels que soient les motifs qui font que le RSP, la hiérarchie militaire et l’ex-majorité réclament son limogeage, et c’est le terme qui sied à la situation, et sans préjuger de la qualité de ces motifs, l’on peut se risquer à faire les observations suivantes.

 

L’argumentaire des détracteurs du PM a de fortes chances de plaider pour la cause de Zida

D’abord,  l’on peut faire la remarque que de toutes les forces politiques du pays, seul l’ex-majorité et alliés se sont rangés derrière le RSP et la hiérarchie militaire pour exiger le départ inconditionnel de Zida. A l’appui de cette exigence, l’ex-majorité et alliés, par la voix de leur porte-parole, Hermann Yaméogo, a dit ceci : « Nous soupçonnons que la Transition roule pour une des parties, avec comme manipulateur Zida. Or, cette transition doit travailler pour tous les Burkinabè. Donc, nous exigeons sa démission, et aussi celle de tout son gouvernement pour le bien de la nation ». Les choses sont, on ne peut plus claires. Yacouba Isaac Zida doit partir parce qu’il prêcherait uniquement pour la chapelle des formations politiques et des organisations de la société civile qui, les 30 et 31 octobre 2014, ont envahi la rue et ont obtenu la chute de leur mentor. Il serait donc ce « manipulateur » qui a suscité le vote du nouveau Code électoral qui consacre l’exclusion de certains de leurs camarades des échéances électorales à venir. Cet argumentaire a de fortes chances de plaider pour la cause de Yacouba Isaac Zida au sein de l’opinion nationale, voire internationale, en ce sens qu’il vient révéler que le Premier ministre Zida ne s’écarte pas de l’esprit de la transition. Et cet esprit veut, faut-il le rappeler, que tous ceux qui ont travaillé en toute conscience à soutenir Blaise Compaoré dans sa forfaiture avec les conséquences que l’on sait, en paient le prix. Et cette décision, il faut le dire, n’est pas le fait de Zida. Elle émane de l’ensemble des forces politiques et morales qui, certainement, ont voulu par là, amener les acteurs politiques à assumer leurs actes et propos posés et tenus pendant ces moments difficiles de l’histoire de notre pays. C’est cette dimension pédagogique du nouveau Code électoral qui peut contribuer à donner à la politique toute sa noblesse.

C’est pourquoi, l’on peut dire que la bronca de ce que l’on peut appeler l’axe RSP-ex-majorité contre Yacouba Isaac Zida, en plus de plaider pour la cause de ce dernier, vient apporter de l’eau au moulin de tous ceux qui soutenaient la thèse selon laquelle les partisans de l’ancien président ne sont pas étrangers aux agissements des anciens camarades d’armes de Yacouba Isaac Zida.

La deuxième observation que l’on peut faire à propos des exigences de la coalition RSP-ex-majorité est la suivante et l’on peut la formuler sous forme d’interrogations. Quelles pourraient être les conséquences d’un éventuel départ de Zida et de son équipe et ce, à quelques encablures de la tenue des élections ?

Il revient au président de la Transition de prendre toutes ses responsabilités

Quels sont les acteurs politiques à qui le scénario pourrait profiter ? A ces questions, l’on pourrait apporter les éléments de réponses suivants. Le processus de sortie de la transition s’en trouvera gravement affecté. Les délais de la tenue des élections pourraient être renvoyés aux calendes grecques, avec le risque d’exaspérer les Burkinabè et la communauté internationale. Un tel scénario est, de toute évidence, pain bénit pour l’ex-majorité et alliés pour davantage tirer à boulets rouges sur la transition et pour peut-être in fine demander à l’armée, son allié de circonstance, de mettre fin à la recréation. En réalité, l’attitude de l’ex-majorité et alliés cache mal leur dépit d’avoir perdu la poule aux œufs d’or. Par ailleurs, elle est dictée par leur appréhension de se voir déboutés par la Cour de justice de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) auprès de laquelle ils ont déposé une plainte contre la transition, au motif d’avoir été exclus du jeu électoral. Ils sont d’autant plus fébriles à l’approche du verdict de la CEDEAO qu’ils savent que cette structure ne peut pas contraindre le Burkina à revoir sa copie. Elle peut tout au plus infliger une sanction. Sentant donc la fin des haricots se profiler à l’horizon, et cela Zida ne se prive pas de le marteler, les partisans de l’ancien président donnent l’impression de faire feu de tout bois pour mettre des bâtons dans les roues de la transition. Zida n’est donc qu’un bouc émissaire. Ces tensions à répétition entre RSP et Zida maquillées aujourd’hui en un problème entre l’armée et le PM offrent une occasion en or pour le CDP et alliés de prendre leur revanche sur les insurgés des 30 et 31 octobre derniers. Le contraire peut difficilement être démontré. C’est pourquoi l’on peut dire que l’exigence du départ de Zida est suspecte. Il revient, par conséquent, au président de la Transition, chef suprême des armées et garant de l’intérêt supérieur de la nation, Michel Kafando, de prendre toutes ses responsabilités pour ne pas laisser les Burkinabè languir dans cette situation de ni paix, ni guerre. Car tous ses compatriotes et le monde entier ont les yeux rivés sur lui. Et c’est en pareil moment que les hommes d’Etat savent se déterminer de la manière qu’il faut, pour être utiles à leur patrie. Vivement donc qu’il parle, et bien.

« Le Pays »


Comments
  • kafando sait bien qu’il ne donnera pas raison à l’armée. ou bien il démissionne lui même. on profitera parachever la révolution.

    8 juillet 2015
  • Très belle analyse! Nous devons absolument soutenir le PM et son gouvernement pour maintenir la flamme de l’espoir d’un Burkina démocratique débarrassé de la dictature de Blaise Compaoré et de ses Valets rampants! Ces gens là sont ciniques et n’ont aucun amour pour leur patrie, leur seul préoccupation est de garantir la sécurité des milliards qu’ils ont volés et de jouir d’une impunité malgré les crimes de sang qu’il ont commis.
    Mais ceux qui ne savent pas c’est l’histoire a une dialectique implacable que des vulgaires mortels qui se prennent pour des dieux ne peuvent stopper!, les burkinabè ont déclenché les 30 et 31 leur marche vers plus de démocratie et de bonne gouvernance que rien ne peut arrêter!

    9 juillet 2015
  • Cela veut dire que les “demandes de pardon” des ex partis pro modification article 37 n’étaient que de l’hypocrisie. Ce qui se passe actuellement est une insulte à ces centaines de milliers de crêve-la-faim des villes du Burkina qui ont déferlé pour balayer le système compaoré. Mais il ne faut pas se tromper : le peuple burkinabé ne va plus se laisser subjuguer par la coalition RSP-CDP. La peur est passée sous les coups de feu qui ont tué des dizaines des notres.

    9 juillet 2015
  • Une analyse partisane, en tant que journaliste je m’attendais à ce que vous nous confirmer les thèses de complot de Zida/Barry ou du RSP sont vraies ou pas. La demande de la démission du PM EST fondée sur une crise de confiance. Dans votre écrit vous opposez insurgés du 30,31 octobre à l’ancien regime, ça c’est cultiver la haine donc à éviter en tant que médias. Rappelez vous nous sommes tous des Burkinabè donc disposant du droit à s’exprimer malgré son affiliation politique. Être de l’ancien regime n’enlève rien à un fils du pays à ses droits, c’est à la justice de lui priver de certains droits, pas un gouvernement surtout de transition. Revoyez votre copie sinon vous perdrez de credit auprès de vos lecteurs.

    10 juillet 2015
  • En plus de ce que dit l’article, je voudrais que ceux qui disent que ce sont les éléments proches de ZIDA qui s’agitent de comprendre que KAFANDO Hyacinthe avait été écarté du RSP pour semble t-il avoir tenté un coup contre Blaise. Alors que Hyacinthe était hors du pays en ce moment. Ces gardes rapprochés ont été arrêtés et d’autres exécutés. Cela a profité à DIENDIERE qui régne en maitre au RSP. C’est le même scénario qu’il tente de monter contre ZIDA afin de déstabiliser la transition à son profit.
    Chers amis, ne baissons pas la garde, notre révolution ne sera pas volée. ZIDA fait tout ce qu’il peut pour se conformer à l’idée de notre révolution.

    11 juillet 2015

Leave A Comment