EXPLOSION MORTELLE D’UN CAMION-CITERNE AU NIGERIA : En attendant le prochain drame
Au Nigeria, l’explosion d’un camion-citerne a fait plus de quatre-vingts morts dans le centre du Nigeria, sur la route reliant la capitale fédérale Abuja, à la ville de Kaduna. C’était le 18 janvier dernier. Le drame est survenu lorsque le camion qui s’était renversé, a soudainement pris feu, alors qu’une foule de personnes s’étaient rassemblées autour pour en ramasser le contenu qui se déversait au sol. Une imprudence qui aura coûté la vie à beaucoup de personnes. Et qui est d’autant plus déplorable que ce drame aurait été largement évité si ces populations n’avaient pas eu le mauvais réflexe. Le bilan fait aussi état d’une cinquantaine de victimes ayant subi des brûlures sévères. En attendant …le prochain drame et au-delà des discours des autorités nigérianes, c’est une tragédie qui interpelle d’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’une telle catastrophe se produit dans ce géant pays anglophone d’Afrique de l’Ouest. Selon des statistiques et à titre d’exemple, plus de 1500 accidents de camions-citernes ont été recensés dans le pays, en 2020, causant plus de cinq cents décès.
Le pays traverse une grave crise économique sur fond d’inflation galopante
Des chiffres à donner le tournis ; tant ils sont symptomatiques de la fréquence de ce phénomène qui n’est pas nouveau au Nigeria où pas plus tard qu’en octobre dernier, l’explosion d’un autre camion-citerne a fait plus de cent quarante morts et une cinquantaine de blessés graves dans le Nord du pays. La catastrophe est intervenue lorsqu’une foule compacte s’était agglutinée autour dudit camion qui s’était renversé, pour en recueillir le contenu. Mais avec la reproduction, quelques mois seulement plus tard, de la même scène apocalyptique d’explosion meurtrière de camion-citerne, tout porte à croire que toutes les leçons nécessaires n’ont pas été tirées de part et d’autre, de cet énième drame qui avait pourtant suscité beaucoup d’émotions au Nigeria. C’est dire si les responsabilités sont partagées dans un pays où l’incivisme des populations le dispute souvent à l’incurie des élites dirigeantes. Certes, le pays traverse une grave crise économique sur fond d’inflation galopante suite, entre autres, aux réformes du président Bola Tinubu, qui ont vu la fin des subventions sur les carburants. Ce qui a eu pour conséquence le renchérissement du coût de la vie avec l’envol des prix des produits alimentaires et des transports, chez des populations qui tiraient déjà le diable par la queue, et qui n’ont pas hésité à manifester leur mécontentement. Mais la pauvreté ne peut pas tout expliquer. Encore moins justifier que l’on aille exposer sa vie en voulant siphonner du carburant dans des conditions dont on n’ignore pourtant pas les dangers. C’est dire si au niveau des populations, au-delà de la sensibilisation, une prise de conscience individuelle et collective s’impose. D’autant plus que contrairement aux croyances et autres apparences, ce carburant est loin d’être pain-bénit.
La récurrence des accidents meurtriers et des drames, appelle à la rigueur et à la fermeté en matière de transport de carburants
Quant au gouvernement, sa responsabilité est aussi largement engagée au regard de la forte dégradation des routes qui manquent souvent d’entretien et qui sont à l’origine de bien des accidents dans un pays où le réseau ferroviaire est loin d’être exploité comme alternative à un convoyage beaucoup plus sécurisé des produits pétroliers. Il revient aussi à l’Exécutif de travailler à minimiser les risques en étant très regardant en amont sur l’état des camions. Toujours est-il que dans un pays où le laxisme et la corruption ont pignon sur rue, on peut se demander si ces moyens de transport routier répondent tous aux exigences de l’emploi et respectent scrupuleusement le cahier de charges. En tout état de cause, la récurrence des accidents meurtriers et des drames, appelle d’autant plus à la rigueur et à la fermeté en matière de transport de carburants qu’il s’agit de produits spécifiques dont la dangerosité requiert une observance rigoureuse des protocoles de sécurité. Pour le reste, il appartient aux usagers de faire montre de discipline dans la circulation et sur les routes. Car, il faut éviter d’ajouter de la souffrance à la souffrance des populations nigérianes. Lesquelles sont confrontées à la vie chère et aux incursions meurtrières de la secte islamiste Boko Haram qui n’est pas prête à déposer les armes et qui continue d’endeuiller le pays en s’en prenant à des populations innocentes. Quant au président Bola Tinubu, son mandat ne s’annonce pas comme une sinécure au regard de la grogne sociale et de la mobilisation populaire contre la vie chère, dans un contexte de dégradation continue du pouvoir d’achat de populations qui ne savent plus à quel…sauveur se vouer.
« Le Pays »