EXPULSION DE SONIA ROLLEY DE LA RDC : Tshisekedi sur les pas de Kabila
Sonia Rolley, la journaliste française exerçant pour l’agence Reuters après plusieurs années passées à Radio France Internationale (RFI), a été expulsée manu militari de la RDC, le 8 novembre 2022, sans qu’aucun motif ne lui soit signifié. Notre consœur avait été autorisée à se rendre dans ce pays en octobre dernier afin de suivre une conférence sur le climat préparatoire à la COP 27. C’est la deuxième fois en l’espace d’une décennie, que celle-ci fait l’objet d’une expulsion de la RDC. La première expulsion date de 2014 sous le magistère de Joseph Kabila. Une expulsion qui, en son temps, avait été condamnée par l’actuel Président Etienne Tshésékédi alors qu’il était encore dans l’opposition. Aujourd’hui on a du mal à comprendre que le même Tshisékédi aujourd’hui Président, suive les pas de son prédécesseur qui, en son temps, en avait fait voir des vertes et pas mures aux journalistes exerçant leur métier dans son pays. Aujourd’hui aux affaires, Félix Tshisékédi semble se présenter en prédateur de la liberté de la presse . Tout compte fait, les autorités de la RDC qui se sont succédé, n’ont jamais admis le fait que les journalistes exercent librement leur métier dans ce pays d’Afrique centrale. D’ailleurs, elles n’y ont jamais vu d’intérêt dans la mesure où beaucoup d’entre elles sont impliquées dans de sales affaires de mauvaise gouvernance qui ont depuis longtemps pignon sur rue dans ce pays. S’agissant de la liberté de la presse en RDC, un rapport annuel publié par la JED a confirmé qu’ un journaliste a été tué cette année, 44 menacés, 37 arrêtés, 18 agressés, 2 enlevés et 17 médias ou émissions interdites en 2022. Et depuis le 24 octobre 2022, un confrère de New-York Times, Steve Wembi, est porté disparu après avoir été ciblé par de supposés agents des renseignements congolais. Sale temps donc pour les journalistes qui exercent leur métier en RDC. Diantre, pourquoi les autorités congolaises agissent-elles de la sorte ? Qu’ont-elles à cacher ? Pourquoi s’en prendre aux journalistes dont le seul « tort » est de fournir au quotidien, des informations à l’opinion ? La RDC se trompe de combat. Confrontée aujourd’hui à une guerre sans merci contre les rebelles du M. 23 qui occupent une partie de son territoire, aussi ce pays entretient des relations « exécrables » avec son voisin, le Rwanda, qu’il accuse de soutenir les rebelles du M. 23. Une situation difficile à laquelle le gouvernement du Président Tshisékédi doit nécessairement trouver des solutions plutôt que de perdre son énergie dans la traque des journalistes qui ne demandent qu’à faire librement leur travail. Elles doivent d’autant plus se concentrer sur l’essentiel que les échéances électorales de 2024 approchent à grands pas. Le gouvernement congolais qui jusque-là s’est refusé à tout commentaire sur le motif de l’expulsion de de Souïd Rolley, a tout faux d’adopter une telle posture. Car c’est ce genre d’incidents qui d’ailleurs n’honorent ni les dirigeants ni le pays.
Ben Issa TRAORE