HomeA la uneEXTENSION DU CANAL DE SUEZ : Un exemple africain pour l’Afrique

EXTENSION DU CANAL DE SUEZ : Un exemple africain pour l’Afrique


L’Egypte a inauguré hier, 6 août 2015, avec faste, sa seconde voie du Canal de Suez, devant un parterre de convives de marque dont le président français François Hollande en invité d’honneur. La réalisation de cette infrastructure monumentale menée au pas de charge et portée à bras-le-corps par le président Abdel Fattah Al-Sissi lui-même, a coûté la bagatelle de 4 milliards et demi d’euros, un capital d’investissement entièrement fourni par un consortium d’entreprises et de particuliers égyptiens.

Par ce projet pharaonique, le général Al-Sissi conquiert le cœur de son peuple de la plus brillante des manières.

D’abord, en faisant vibrer la fibre patriotique égyptienne. En effet, non seulement il perpétue la tradition des grands bâtisseurs de l’Egypte pharaonique, mais aussi il poursuit le gigantisme de l’œuvre du père de l’Egypte moderne, le colonel Abdel Gamal Nasser. Ce grand homme d’Egypte, outre le fait d’avoir mis en chantier le grand barrage du continent, le barrage d’Assouan ou Lac Nasser, s’était illustré en nationalisant, de façon visionnaire, en juillet 1956, le Canal de Suez creusé de 1859 à 1869, déclenchant l’intervention franco-britannique et israélienne qui n’a cessé que par la vigoureuse réaction des USA, de l’URSS et de l’ONU. Depuis lors, le Canal de Suez est devenu le point focal du nationalisme égyptien. En acceptant de délier les cordons de la bourse pour un financement entièrement national, les milieux de la finance marquent leur adhésion à ce sentiment national porté par de nombreux citoyens égyptiens qui ont massivement apporté leurs contributions financières pour les festivités. Du même coup, l’homme fort du Caire s’affranchit de la tutelle financière des occidentaux.

Le général Al-Sissi augmente le prestige d’une Egypte dont l’image a été écornée par les Frères musulmans

Ensuite, il remet à flot une économie nationale égyptienne malmenée jusque-là par la crise politique qui a secoué le pays du delta du Nil, et le péril extrémiste. En effet, en plus de renflouer les caisses de l’Etat de la cagnotte annuelle de 5 milliards d’euros, l’extension du Canal crée l’opportunité d’un million d’emplois. Il troque ainsi l’image de casseur d’extrémistes qui lui colle à la peau contre celle d’un président plus soucieux de la croissance économique de son pays.

Enfin, le général Al-Sissi augmente le prestige d’une Egypte dont l’image a été fortement écornée par les actes terroristes des Frères musulmans. Il repositionne l’Egypte dans la place stratégique qui a toujours été la sienne, au cœur des échanges mondiaux. Et la présence aux festivités du président français, en ce sens, n’est pas fortuite.

En effet, la présence de François Hollande, en sus de confirmer le caractère stratégique du Canal, traduit tout l’intérêt porté par les milieux d’affaires français à l’Egypte. Déjà, les échanges entre les deux pays avaient accouché d’un marché d’une frégate et de 24 avions de combats en février dernier. Ce regain de vitalité bénéficie non seulement du tracé de l’histoire, (le Canal de Suez ayant été bâti par des ingénieurs français), mais aussi de l’attitude de la France qui avait soigneusement évité de critiquer le bilan d’Abdel Fattah Al-Sissi en matière de respect des droits de l’homme dans la répression contre les Frères musulmans. Cette attitude de Paris a été un précieux sésame pour le général dans sa quête de légitimité internationale et l’Egypte d’ailleurs en profite pour s’affranchir de ses accointances historiques avec les Etats-Unis d’Amérique.

De toute évidence, Al-Sissi a bien planifié son affaire et le souhait est que le peuple égyptien en tire le maximum de profit. Et pour que cette poule aux œufs d’or dure le plus longtemps possible, le général, en homme averti, doit la mettre à l’abri de la folie destructrice de l’extrémisme. Toutes les mesures sécuritaires doivent être mises au service de la pérennisation de cette œuvre titanesque.

L’Egypte donne là un bel exemple de développement endogène à tout le continent africain, habitué à voir petit ou à échafauder de grands projets sans jamais les conduire à bout. Les exemples en la matière sont légion sur tout le continent : les projets d’autoroutes ou de chemins de fer transcontinentaux, les projets de grands barrages hydroélectriques, le projet de la grande Muraille Verte et tous ces autres serpents de mer qui, pourtant, ont été l’occasion de détournements crapuleux. Il reste à espérer que cette œuvre frappe l’imaginaire de tous les chefs d’Etat africains dont une bonne partie est plus préoccupé à charcuter les Constitutions pour s’éterniser au pouvoir.

SAHO


Comments
  • Cher ami.

    Les travaux pharaoniques ne sont pas un exemple à suivre.

    Par ailleurs, tous les égyptiens sont d’accord pour dire que ces travaux n’apporteront pas des bénéfices substantiels à l’Égypte parce que la voie 1 du canal de suez est déjà déficitaire et sous-exploitée. Faites les nécessaires avant de donner des exemples pour l’afrique.
    MERCI

    7 août 2015

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