HomeA la uneFETE DU 1er MAI : Le nécessaire dialogue social

FETE DU 1er MAI : Le nécessaire dialogue social


Le 1er mai de chaque année est célébrée la fête du travail, qui tire ses origines des combats du monde ouvrier pour une amélioration des conditions de vie et de travail des salariés. Cette tradition qui est née aux Etats-Unis au 19è siècle, est aujourd’hui célébrée dans de nombreux pays dans le monde, notamment en Europe, en Russie, au Japon en Amérique latine, en Afrique, etc., où elle est généralement chômée et payée. Au Burkina Faso, les travailleurs n’ont pas dérogé à la règle et le 1er mai dernier a été marquée par la traditionnelle marche -meeting des syndicats et la remise du cahier de doléances au gouvernement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les travailleurs ont une fois de plus sacrifié à la tradition au Burkina Faso. Mais on notera que ce 1er mai 2017 est célébré au pays des Hommes intègres dans un contexte de revendications syndicales tous azimuts, marqué par des grèves à répétition, des sit-in et autres mouvements d’humeur qui rythment désormais le quotidien des Burkinabè, et auxquels les nouvelles autorités sont confrontées. Et plusieurs secteurs sont touchés, notamment la santé, l’éducation, les impôts, les domaines, le Trésor public, la communication, et la liste n’est pas exhaustive.

Il faudra que chacun mette un peu d’eau dans son vin

En outre, ce 1er mai 2017 coïncide avec le premier grand meeting de l’opposition qui se voulait à l’origine un meeting de protestation, pour dénoncer l’incapacité du gouvernement à trouver des solutions aux préoccupations des Burkinabè. Tant et si bien que le pouvoir semble aujourd’hui pris entre deux feux : celui d’une opposition décidée à aller au charbon pour amener le gouvernement à sortir de sa torpeur, et celui des syndicats qui n’entendent pas relâcher la pression ni lui donner du répit, tant qu’ils n’auront pas obtenu gain de cause. A en croire certains de leurs premiers responsables, les syndicats placent cette commémoration sous l’angle de l’offensive. C’est dire toute leur détermination et si le gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré est dans une mauvaise passe ; lui qui peine visiblement à donner satisfaction aux revendications des travailleurs et qui est régulièrement accusé par les syndicats de faire dans le mépris et le dilatoire par manque de volonté de satisfaire aux doléances des travailleurs. Mais il y a longtemps que les doléances des travailleurs se sont transformées en revendications pures et simples dont certaines demandent à être satisfaites ici et maintenant. Car, sans doute excédés par ce qu’ils considèrent comme un manque d’égards à leur plateforme revendicative, les syndicats ont choisi de passer par le durcissement de la lutte dans le but de faire plier le gouvernement. L’on a même vu des grèves, comme celle du syndicat de la santé, où il n’y a pas eu de service minimum. Et ce sont les pauvres populations qui en payent malheureusement les pots cassés. C’est pourquoi il faudra que chacun mette un peu d’eau dans son vin, pour sauver la maison commune. Et cela, à travers le nécessaire dialogue social qui doit être coûte que coûte maintenu, car il apparaît aujourd’hui comme la seule alternative à même de maintenir le mercure social à un niveau acceptable, à condition que les différentes parties fassent preuve de bonne foi et de sincérité dans les négociations.

Il appartient aux partenaires sociaux aussi de faire preuve de responsabilité

Pour cela, le gouvernement gagnerait à ne pas donner l’impression de minimiser les préoccupations des travailleurs, en peignant la situation tout en rose, même s’il est évident qu’il fait face à des difficultés énormes, qu’il n’est pas donné à n’importe qui de relever en si peu de temps. Car, les questions de cherté et de précarité de la vie, de baisse du pouvoir d’achat des populations et d’augmentation des coûts des prix de certains produits de première nécessité sont loin de ne pas refléter la réalité. Et ce sont là autant de faits dénoncés qui ont des échos favorables auprès des populations. En refusant donc de voir certaines réalités en face et en donnant l’impression de s’enfermer dans une tour d’ivoire, le gouvernement court de gros risques. Il lui appartient de prendre des mesures urgentes et d’envoyer des signaux forts à même de rassurer les citoyens, et de ne pas systématiquement mettre sur le coup de la déstabilisation, toutes les critiques qui sont formulées à son encontre. En tout cas, s’il choisit de se braquer et de fermer obstinément l’œil sur ce que disent les syndicats, l’opposition et les organisations de la civile, le réveil pourrait être douloureux. Quant aux partenaires sociaux, il leur appartient aussi de faire preuve de responsabilité et d’éviter de faire dans la surenchère. Car, à trop tirer sur la corde, elle finit par se casser. Et à ce moment, c’est tout le monde qui sort perdant. Pour en revenir au monde syndical, il doit travailler à maintenir sa crédibilité en se tenant à équidistance des chapelles politiques pour éviter de tomber dans la récupération. En tout état cause, il est évident que la justesse du combat des travailleurs qui ne date pas d’aujourd’hui, ne saurait être remise en cause. Oui donc aux revendications, mais il faudra aussi tenir compte des réalités du pays, sous peine de gripper définitivement la machine. Il y va de l’intérêt de la nation entière.

« Le Pays »


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