HomeA la uneFETE DU TRAVAIL SUR FOND DE REVENDICATIONS SOCIALES TOUS AZIMUTS : Les syndicats ne désarment pas

FETE DU TRAVAIL SUR FOND DE REVENDICATIONS SOCIALES TOUS AZIMUTS : Les syndicats ne désarment pas


 

 

A l’instar du monde entier, les travailleurs du Burkina Faso ont commémoré le 132anniversaire de la fête du travail. Le monde syndical et celui des autres associations se sont retrouvés dans la matinée du 1er mai 2018 à la Bourse du travail de Ouagadougou, après une marche meeting dans certaines artères de Ouagadougou, pour dénoncer les dures conditions de vie et de travail du peuple et dégager des perspectives.

 

Le 1er mai a été décrété « Fête du travail », mais c’est une fête pas comme les autres. En effet, cette fête est commémorée sur fond de revendications sociales. Et l’Unité d’action syndicale (UAS) du Burkina n’a pas dérogé à la règle. Dans la matinée du 1er mai 2018, la maison commune des syndicalistes  arborait les apparats des grands jours de rassemblement. On y voyait plusieurs tentes dressées dans la cour, de nombreuses chaises classées sous ces tentes. Et ce qui ne passait pas inaperçu est l’estrade qui a été dressée juste devant le bâtiment principal, au milieu de la cour. Et pour parfaire le décor, comme il fallait s’y attendre, des banderoles de syndicats et d’associations ornaient la moindre place qui permettait d’accrocher ou de placer un fanion. Aux environs de 8h, par groupes ou en singleton, les férus de la lutte syndicale commençaient à arriver dans la cour et au fur et à mesure que le soleil montait dans le ciel, les parkings prenaient forme aux alentours de la Bourse du travail. A 9h, l’enceinte de la maison commune des syndicalistes était remplie de monde. Tout était prêt pour que la marche prévue par l’UAS débute. Et c’est avec les secrétaires généraux des syndicats, en tête, que le monde, venu commémorer la fête du travail, a arpenté le circuit dessiné au cœur de la ville de Ouagadougou. Durant une heure de temps, hommes, femmes et jeunes gens ont battu le pavé en scandant des slogans propres au monde syndical, sous un soleil de plomb.  C’est donc en sueur que les marcheurs ont bouclé le circuit de la marche. Pendant ce temps, les personnes en âge avancé, portant des bébés ou ne pouvant pas suivre les marcheurs, les attendaient déjà sur place à la Bourse du travail. Et c’est eux qui ont accueilli les marcheurs par des ovations à leur arrivée, sur fond de musique sonore d’artistes engagés. Le meeting peut enfin commencer. Slogans, prestations d’artistes engagés ont constitué la première partie, comme pour permettre aux uns et aux autres de se désaltérer et de bien s’installer. Puis vient l’heure de la prise de parole du Président du mois des syndicats, Olivier Guy Ouédraogo. Celui-ci, d’emblée, a expliqué pourquoi la commémoration de la fête du travail 2018 n’a pas suivi le schéma de la commémoration des années précédentes, c’est-à-dire une marche jusqu’à la Caisse nationale de sécurité sociale où  le Président du mois des syndicats remet le cahier de doléances au ministre en charge de la Fonction publique et du travail et ensuite retour à la Bourse du travail pour un meeting. Mais ce schéma n’a pas été suivi parce que «le cahier de doléances 2017 n’a pas été examiné et la rencontre gouvernement-syndicat n’a pas eu lieu», a expliqué Olivier Guy Ouédraogo et celui-ci a estimé que le comportement de l’autorité « qui n’est pas un fait anodin », « est un affront ». D’autant plus, « qu’une dégradation notable du dialogue social est constatée ». C’est donc la raison pour laquelle les syndicalistes se sont retrouvés à la Bourse du travail sans cahiers de doléances 2018. Mais quand-même, le président du mois avait un message à faire passer. En effet, au niveau national, Olivier Guy Ouédraogo a dépeint en noir le tableau. D’emblée, il a trouvé que «le chômage frappe durement la jeunesse aussi bien en ville qu’en campagne. C’est pourquoi l’UAS invite le gouvernement à faire du travail décent et de l’emploi des jeunes, une réalité».

La situation au plan sanitaire n’est guère reluisante

 

 «La situation nationale est caractérisée par la persistance de la vie chère, l’aggravation de l’insécurité, les luttes des différentes couches populaires pour la prise en compte de leurs préoccupations », a clamé le Président du mois des centrales syndicales, qui a aussi brossé la situation internationale. Et il poursuit en dévoilant le sinistre tableau national : « au plan de l’éducation, la situation est catastrophique à tous les niveaux. De nombreux enfants burkinabè notamment du Sahel et du Nord, sont privés d’éducation ». Même si dans la lutte, il y a eu des acquis au plan éducationnel, Olivier Guy Ouédraogo a tenu à mentionner que sur le terrain, notamment dans le Sahel et le Nord, 219 écoles sont fermées, 751 enseignants en abandon de poste, 20 163 élèves sont hors classe sans omettre la fermeture du Tribunal de grande instance de Djibo. Partant de ce constat, le président du mois des centrales syndicales a laissé entendre que « la situation semble être hors contrôle de l’Etat » malgré « la présence dans cette zone des forces étrangères suffisamment armées ». Toute chose qui conforte l’UAS dans sa position, à savoir que « la présence des forces étrangères viserait tout autre intérêt que la sécurité de nos nations ». La situation au plan sanitaire n’est guère reluisante, à en croire Olivier Guy Ouédraogo : « notre système sanitaire est très défaillant à l’image de l’hôpital de référence nationale qu’est l’hôpital national Yalgado Ouédraogo, qui de jour en jour, plonge dans la déliquescence, au grand dam des agents de santé et des patients. De plus la rupture des médicaments pour la gratuité des soins occasionne d’une part des désagréments pour les patients et d’autre part des incompréhensions entre le personnel de santé et les patients ».

 

« On ne confie pas un secteur de souveraineté comme la communication à une entreprise étrangère »

 

Au cours de son discours, le président du moi s’est intéressé à plusieurs domaines. Mais pour ce qui est du logement, « l’UAS reste attachée à la résolution de cette question qui est devenue une bombe sociale et elle reste attachée à la réalisation de l’informatisation du fichier du foncier que le gouvernement traine à mettre en œuvre ». Pour ce qui est de la justice « la déception est encore plus grande avec la poursuite de la politique de l’impunité pour les auteurs de crimes de sang et de crimes économiques notamment les dossiers de crimes commis sous le régime Compaoré, des victimes de l’insurrection populaire, des victimes du putsch du RSP » a martelé Olivier Guy Ouédraogo. C’est pourquoi, l’UAS « invite la justice à accorder une grande attention dans le traitement des dossiers pendants ». Comme il fallait s’y attendre la question de l’ONATEL s’est invitée dans le discours. Et pour l’UAS, la cession de 10% des actions de l’Etat à Maroc Télécom « est un bradage qui est une illustration d’un manque de vision de la part des autorités car on ne confie pas un secteur de souveraineté comme la communication à une entreprise étrangère ». Le chapelet de doléances n’étant pas exhaustif, l’UAS exige plus de courage, de combativité, de solidarité pour renforcer les organisations de lutte afin de sauvegarder les acquis et arracher de nouvelles victoires, à l’image de la détermination des ouvriers de Chicago.Pour rappel, le 1er mai évoque la lutte menée par les ouvriers de Chicago en 1886. Une lutte qui a été sauvagement réprimée par le patronat américain de l’époque mais qui a permis aux travailleurs, partout dans le monde, de bénéficier d’acquis très importants.

 

Françoise DEMBELE

 

 


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