FIN DE L’OPERATION BARKHANE AU SAHEL : La France cherche à sauver ce qui peut encore l’être
Engagée depuis neuf ans dans la lutte contre les groupes armés terroristes au Sahel, l’opération française Barkhane vit ses dernières heures. C’est, du moins, ce qu’annonce l’Elysée qui précise que dans une allocution qui sera prononcée ce 9 novembre 2022, à Toulon, le président Emmanuel Macron prononcera officiellement la fin de l’opération Barkhane. En effet, ils sont quelque 3 000 soldats français qui sont encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso. Rappelons que les principales bases de Barkhane se comptaient essentiellement au Mali où la force française a fini par être poussée hors du pays par la junte qui, au motif qu’il n’y a pas de résultats sur le terrain de la lutte antidjihadiste, a décidé de tourner son regard vers le sulfureux groupe paramilitaire russe Wagner. La suite, on la connaît. Car la tension, depuis lors, n’a cessé de monter entre Bamako et Paris sur fond de passes d’armes et de diatribes parfois virulentes. Cela dit, en annonçant la fin de Barkhane, Paris entend-elle laisser le terrain aux autres puissances rivales que sont, par exemple, les Russes et les Chinois ? Assurément, non ! Car l’annonce de la fin de Barkhane ne signifie pas le départ des soldats français du Sahel. Loin s’en faut !
Barkhane veut opérer sa mue pour ne plus être perçue comme une force d’occupation
Selon l’Elysée, ils vont y rester et poursuivre la lutte contre les groupes armés affilés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et à l’Etat islamique (EI) qui, on le sait, essaient tant bien que mal d’étendre leurs tentacules vers les pays du littoral. A preuve, ils ont déjà conduit plusieurs incursions meurtrières en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo voire au Ghana. En fait, Barkhane veut opérer sa mue pour ne plus être perçue comme une force d’occupation dans l’imaginaire populaire africain. Elle veut, tout en changeant de dénomination, se positionner comme un partenaire pouvant appuyer les pays qui le souhaitent dans la formation, l’équipement, le renseignement, etc. En clair, prenant toute la mesure de la situation, Paris cherche à composer avec une opinion africaine de plus en plus hostile qui l’accuse, à tort ou à raison, de jouer à un jeu trouble, quand certains ne franchissent pas le pas en l’accusant ouvertement de soutenir les terroristes. On se rappelle encore les manifestations monstres de rue au Mali, au Burkina Faso et au Niger, au cours desquelles des voix, et non des moindres, s’élèvaient pour appeler ouvertement au départ des troupes françaises. Des convois de Barkhane, on s’en souvient, avaient même été bloqués pendant plusieurs heures à Kaya au Burkina et à Téra au Niger. Signe d’une exaspération profonde face à laquelle les autorités ne pouvaient pas rester les bras croisés au risque de se faire harakiri. Elles tentent de sauver ce qui peut encore l’être. Y parviendront-elles ? Rien n’est moins sûr.
B.O