HomeA la uneFORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT : Roch face à sa première équation

FORMATION DU NOUVEAU GOUVERNEMENT : Roch face à sa première équation


 

Une semaine après sa prestation de serment, le président Roch Marc Christian Kaboré (RMCK) n’a pas encore fait connaître le nom de son chef du gouvernement. Pourtant, Dieu seul sait si ce gouvernement est attendu par les Burkinabè, tant dans la forme, pour voir les têtes de ceux qui le composent, que dans le fond, eu égard aux nombreux chantiers qui attendent le nouveau chef de l’Etat. Et certains Burkinabè commencent à trouver le temps long, d’autant plus que cela fait un mois que Roch a été élu, à l’issue d’un scrutin jugé transparent par toutes les parties, scrutin qui s’est terminé de surcroît sans recours ni contestation. Pourquoi donc tout ce temps ? En tout cas, les interrogations ne manquent pas, et plus les jours passent, plus l’impatience des Burkinabè est mise à rude épreuve quant à l’identité de l’équipe exécutive qui va conduire les affaires de l’Etat. Et les supputations vont bon train, surtout dans les gargotes, entre ceux qui veulent montrer qu’ils sont dans le secret des dieux et ceux qui veulent prouver qu’ils sont de fins analystes politiques. Comparaison n’est pas raison, mais dans ce genre de situations, Blaise Compaoré avait toujours pris le contrepied de ses compatriotes, dans le choix de ses Premiers ministres. En sera-t-il de même pour Roch ? Les jours à venir le diront, mais d’ores et déjà, l’on peut penser qu’auréolé d’une grande gloire et dans ses habits de président le plus démocratiquement élu de l’histoire du Burkina Faso,  le président Kaboré est conscient qu’il ne doit pas se tromper dans le choix de ses hommes.  Aussi serait-il tout à fait compréhensible qu’il ait pour souci de prendre son temps pour éviter éventuellement les erreurs de casting qui pourraient lui être fortement préjudiciables pour une bonne entame de mandat. Surtout au lendemain de cette période insurrectionnelle où les attentes du peuple en matière de changements sont énormes et perceptibles à tous les niveaux : politique, économique, social, judiciaire, etc.

C’est au pied du mur que le maçon Roch et son équipe sont attendus

On ne forme pas un gouvernement à la va-vite, surtout dans un contexte où l’on veut marquer une rupture avec 27 ans de gouvernance de son prédécesseur Blaise Compaoré, marqués par toutes sortes d’actes de mal gouvernance décriés par le peuple insurgé. En cela, l’on peut dire que Roch marche sur des œufs.  Cela dit, il ne devrait pas avoir peur des grincements de dents dans son propre entourage, en faisant siens les critères de technicité, d’efficacité et de bonne moralité dans le choix des membres de son gouvernement, fût-ce au détriment des critères politiques. Et puis, la tâche peut avoir été rendue plus ardue pour Roch par le besoin de coalition de son parti avec d’autres formations politiques pour s’assurer le contrôle du perchoir à l’Assemblée nationale où son bras droit, Salif Diallo, vient de se voir élire. En outre, si l’idée d’un gouvernement d’alliance populaire devait toujours prospérer, les tractations dans le cadre de la formation d’un tel gouvernement pourraient aussi contribuer à complexifier davantage la situation. Sans oublier le principe non écrit de l’équilibre régional à respecter pour éviter les frustrations, qui pourrait s’être invité à la partie.

Pour toutes ces raisons, l’on peut dire que Roch est face à sa première équation. Mais il va falloir, à un moment donné et le plus rapidement possible, se décider à se jeter à l’eau. Car, il y a la nécessité de sortir de cette situation, pour non seulement cesser de faire languir encore plus longtemps les Burkinabè, tout en  mettant fin au débat sur l’intérim assuré par le gouvernement démissionnaire de la Transition, qui ne manque pas non plus de faire couler beaucoup d’encre et de salive, mais aussi parce qu’il y a urgence à se pencher sur les préoccupations véritables des Burkinabè. Et c’est au pied du mur que le maçon Roch et son équipe sont attendus. En tout état de cause, les syndicats ont déjà donné le ton, en prévenant qu’il n’y aurait pas de période de grâce pour le nouveau gouvernement. Autant donc savoir vite et bien aller au charbon.

Outélé KEITA


Comments
  • Le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, pour bien réussir sa mission devra mettre les hommes qu’il faut aux places qu’il faut. Son gouvernement étant attendu pour mener un travail de qualité, il ne devrait pas commettre l’erreur de former une équipe gouvernementale avec des gens décriés et dont les compétences ne sont pas confirmées. L’opinion publique étant désormais vigilante, pourrait ne pas accueillir favorablement des ministres de complaisance et appelés à la soupe au détriment de l’ardeur au travail. Il existe bien au Burkina, au sein du MPP, dans des EPE, sociétés d’Etat, dans l’administration publique des cadres qui ont fait leur preuve en matière de management des ressources humaines et matérielles et qui peuvent booster l’activité gouvernementale. Le président Roch devrait pouvoir rechercher le répertoire des compétences nationales pour valoriser son tout premier gouvernement qui ne doit pas faillir. Il peut même fouiner dans la liste des cadres décorés en fin 2015 pour leurs mérites dans la gestion de la chose publique.

    5 janvier 2016
  • Le choix de technocrates comme premiers ministres n’est plus une solution idoine pour diriger un gouvernement. La preuve, la plupart des technocrates que l’on tire des institutions financières internationales sont généralement des personnalités altières qui croient qu’on peut jouer avec des phraséologies macro-économiques pour réussir une mission gouvernementale qui est éminemment politique. Ces cadres de l’économie feront plutôt une bonne profession dans les ministères de l’économie et des finances. De nos jours, les meilleurs profils pour les premiers ministres sont ceux des managers. Un management tactique des ressources humaines et matérielles axé sur les résultats. Ces types de profils existent bel et bien au Burkina, pas besoin de se triturer les méninges pour aller chercher hors du pays ce qui est à nos portes. Un premier ministre qui n’a pas un sens avéré de management, créera vite un malaise au sein de son gouvernement et au plan de la politique nationale de gouvernance.

    5 janvier 2016

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