HomeA la uneFORUM DE BRAZZAVILLE SUR LA RCA :Le retour des pyromanes

FORUM DE BRAZZAVILLE SUR LA RCA :Le retour des pyromanes


 

Après avoir suscité beaucoup d’espoir, tant au niveau national qu’internatinal, le sommet de Brazzaville qui réunit les différents protagonistes de la crise centrafricaine, a commencé à piétiner. Une situation de blocage consécutive à l’exigence de la Séléka qui a posé comme condition à toute négociation de sortie de crise, la partition pure et simple du pays. Une partition qui consacrerait le Nord comme un Etat musulman, et le Sud, un Etat chrétien.

 

Ce n’est pas la première fois que les membres de la Séléka évoquent l’idée d’une partition de la Centrafrique

 

L’idée de partition du pays, lancée par la Séléka, a sans doute fait sourire quelques participants au forum, tandis que d’autres se sont sentis plutôt agacés, voyant à travers elle, une volonté des responsables de la Séléka de faire, qui sait, monter les enchères afin de bénéficier de plus d’égards pendant ces négociations. Toujours est-il que ce n’est pas la première fois que les membres de ce groupe évoquent l’idée d’une partition de la Centrafrique entre un Nord musulman, et un Sud chrétien. Au plus fort de la crise, alors que nombre de musulmans étaient massacrés à la hache par les anti-Balaka, c’est un proche conseiller de Michel Djotodia, Abukar Sabone, qui avait lancé cette idée, comme un ballon de sonde, avant de se rétracter devant la levée de boucliers que cela avait provoquée. Michel Djotodia lui-même s’était démarqué de cette déclaration de son proche conseiller. Pourquoi alors cette idée revient-elle comme principale revendication de la Séléka, juste au moment où Michel Djotodia a été reconduit à la tête de ce mouvement ? Michel Djotodia était-il en réalité à l’origine de cette idée ? L’a-t-il récupérée aujourd’hui afin de revenir au devant de la scène politique en Centrafrique ? L’on peut, en tout cas, dire que cette revendication est loin d’être anodine et surtout, qu’elle sonne le retour des pyromanes Djotodia et Bozizé.

 

La communauté internationale doit rester ferme sur le principe de non-partition de la Centrafrique

 

Cette revendication de la Séléka qui s’apparente à une provocation, mérite pourtant d’être traitée avec la plus grande attention par tous les acteurs et partisans d’une Centrafrique unie, débarrassée de tous les démons de la haine et de l’intolérance.

Dans notre parution du mardi 2 juillet dernier, « Le Pays » se demandait avec justesse si l’on pouvait parvenir à une sortie de crise en Centrafrique, sans les parrains que sont Bozizé et Djotodia. On se doutait bien que Michel Djotodia, débarqué du pouvoir par ses pairs de la sous-région, et obligé de quitter la Centrafrique, ne pourrait laisser son ennemi juré, Bozizé, se délecter de cette humiliation. A défaut d’avoir pu gérer la Centrafrique qui, manifestement, dépassait ses compétences, il rêve à présent de revenir gérer un Etat… musulman, qui lui est acquis d’office. Or, si Djotodia s’autoproclame président d’un Etat détaché de la Centrafrique, les anti-Balaka, à leur tour, réclameront le retour de leur mentor, François Bozizé. Et revoilà les pyromanes au devant de la scène politique centrafricaine. Il serait alors malheureux pour la Centrafrique, que son destin retourne entre les mains de ceux-là mêmes qui sont à l’origine de tous ses malheurs. Pourtant, on a bien l’impression qu’après avoir été écartés de la vie politique centrafricaine, le sort semble s’évertuer à les y ramener et pire, à les imposer au peuple centrafricain. La communauté internationale doit donc rester ferme sur le principe de non-partition de la Centrafrique tout comme sur l’impossibilité d’un retour de Djotodia et de Bozizé dans la vie politique centrafricaine. Et qui dit que ces deux larrons, après avoir tous perdu le pouvoir, ne travaillent pas désormais, la main dans la main, pour revenir chacun, en tant que président d’une partie de la Centrafrique ? Le diable n’est jamais à court d’imagination.

 

Dieudonné MAKIENI

 


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