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FORUM MONDIAL DE PARIS SUR LA PAIX


Paris, la capitale française, accueille, depuis le 11 novembre 2021 et ce pour trois jours, le quatrième Forum mondial sur la paix. Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement dont une douzaine d’Africains, participent à cette rencontre de haut niveau qui verra aussi la participation de dirigeants d’organisations internationales, et qui est consacrée, cette année, à la réduction des fractures mondiales, en rapport avec l’élargissement du fossé Nord-Sud, exacerbé par la pandémie du Covid-19 et la complication des rapports Est-Ouest, avec un gros volet numérique. Une thématique plutôt large et ouverte, qui vient rappeler toute la difficulté de cerner la problématique de la paix. Un terme dont l’explication peut sembler a priori couler de source, mais dont la définition, à la réflexion, devient difficile ; tant le concept peut, à la fois, se montrer sous des facettes aussi polysémiques que multidimensionnelles. Ainsi, au delà de l’état de calme ou de tranquillité qu’il véhicule et qui peut dépendre de plusieurs facteurs comme la peur, la faim, la maladie, etc., ce concept qui fait aussi référence à l’absence de perturbation, de trouble, de guerre ou de conflit,  peut aussi correspondre à un idéal social et politique.

 

 Les priorités de l’heure sont loin d’être partout les mêmes

 

De ce point de vue, l’on peut se demander si relativement à la question de la paix, les priorités du Nord où les populations sont relativement en sécurité, peuvent aussi être celles du Sud où,  plus que le calvaire, la majeure partie des populations vivent l’enfer sur terre ; exposées qu’elles sont à toutes sortes de calamités.   C’est pourquoi,  aussi d’actualité qu’il puisse l’être, l’on peut se demander si par rapport à leurs priorités de l’heure, des pays comme ceux du Sahel en proie aux violences du terrorisme, se retrouveront dans le thème de ce sommet qui consacrera une place de choix aux questions de santé, de climat et d’intelligence artificielle à travers le numérique. Quelles retombées peuvent-ils en attendre ? Eux dont le quotidien jure aujourd’hui  plus que jamais avec le mot « paix » qui semble d’autant plus une arlésienne que les populations meurtries ne savent plus véritablement… à quel protecteur se vouer. C’est dire si au regard du thème, ce quatrième Forum de Paris sur la paix, peut être lu comme une véritable « confrontation des visions ». Car, pendant qu’elle se conjugue, pour certains, en termes d’initiatives de gouvernance dans la « lutte contre la désinformation et la régulation des débris dans l’espace, qui encombrent l’orbite basse», pour d’autres, comme les pays du Sahel, elle se décline en urgences sécuritaires de tous ordres face au péril terroriste avec ses visées expansionnistes jusqu’aux pays du littoral. C’est dire si les priorités de l’heure sont loin d’être partout les mêmes, d’Est en Ouest et du Nord au Sud de la planète. Au point qu’au regard de son thème central,  l’on peut se demander à quoi riment des sommets du genre où le dirigeant du Sud qui vit, par exemple, dans le terrorisme, peut s’asseoir avec son homologue du Nord qui a la tête plutôt dans les étoiles pour parler de paix.

 

 

Ce Forum mondial de la capitale française pourrait avoir la saveur d’une séance de rattrapage de la diplomatie française

 

 

 Mais cela ne saurait remettre  en cause la pertinence d’un tel  Forum qui aborde des sujets d’actualité qui sont autant de sujets de préoccupations de portée mondiale. Car, s’il est vrai que la guerre est l’absence de paix par excellence, il n’en demeure pas moins que quand on a faim, quand on est malade, quand on souffre des conséquences du changement climatique, quand on est exposé aux aléas et autres effets pervers des nouvelles technologies de l’information et de la communication avec leurs corollaires de désinformations et autres fake news ou contenus terroristes et extrémistes sur les réseaux sociaux,  on n’a pas non plus cette quiétude du corps et de l’esprit qui est aussi la traduction de la paix. Autant  dire que la question de la régulation du numérique qui est un des sujets majeurs de ce Forum, est un thème qui concerne au plus haut point les pays du Sahel, dans la lutte contre le terrorisme. Au regard de cela, l’on peut dire que Paris valait bien le déplacement pour les dirigeants du Sahel qui auront, du reste, un sommet du G5 Sahel avec des partenaires extérieurs, en marge de ce Forum sur la Paix. Pour cette raison et pour bien d’autres, ce Forum mondial de la capitale française pourrait avoir, pour bien des chefs d’Etat africains, la saveur d’une séance de rattrapage de la diplomatie française par rapport au récent sommet de Montpellier qui les a royalement ignorés au profit d’acteurs de la société civile.

 

 « Le Pays »

 


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