FRAUDES AUX CONCOURS SESSION 2015 : Des candidats en sit-in à la Fonction publique exigent la reprise des concours

Le comité de candidats aux concours de la Fonction publique mis en place aux lendemains de l’annonce de fraudes dans certains concours, n’est pas prêt de lâcher prise. Dans la matinée d’hier 8 septembre 2015, plus d’une centaine de ces candidats a pris d’assaut la devanture du ministère de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale (MFPTSS) pour exiger la reprise pure et simple des concours concernés. Et ils étaient appuyés à cet effet par le Réseau national de Lutte anticorruption (REN-LAC).

 

« Non, non et non à la promotion de la paresse » ; « Non, non et non aux fraudeurs, aux administrateurs corrompus » ; « En avant pour la reprise sans condition des concours » ; « En avant contre les corrompus et les corrupteurs ». Tels étaient, entre autres, les propos tenus par les candidats aux concours de la Fonction publique à notre arrivée hier à 9h 49mn, devant le ministère en charge de la Fonction publique. Estimés à plus d’une centaine, les candidats ont tenu à se faire entendre devant ledit ministère à travers des chants, des vuvuzelas, des coups de sifflets, etc. Et ils n’étaient pas seuls puisqu’ils ont bénéficié du soutien de membres du REN-LAC qui étaient présents. « Nous allons continuer à soutenir le comité de mobilisation pour qu’il réussisse ses activités de mobilisation. Si d’aventure le gouvernement s’entête et publie les résultats, nous utiliserons toutes les voies judiciaires pour que, de façon administrative, ces concours soient annulés et repris. Il y va de la crédibilité de notre Fonction publique », a fait savoir le secrétaire exécutif adjoint du REN-LAC, Sagado Nacanabo. Que faire face à l’argument de manque de moyens financiers avancé par le gouvernement, demande un journaliste.  Et M. Nacanabo de répondre : « Que représente des milliards par rapport à l’honorabilité de la Fonction publique ? Imaginez qu’on recrute dix fonctionnaires pourris, savez-vous ce que cela va représenter pour l’avenir de notre pays ? Le cabinet incriminé, les gouvernements de Blaise Compaoré et celui de la Transition ont contribué à pourrir notre administration. Pour réparer cela, même s’il faut utiliser toutes les ressources du pays, cela vaut la peine. Parce que si on ne le fait pas, on va construire sur du sable et cela ne paie pas. Pour le moment, nous exigeons la reprise des concours où des fraudes ont été délibérément découvertes. Mais le fond de la question est de revoir de fond en comble le processus de recrutement à la Fonction publique. Il est inadmissible qu’on confie le recrutement des fonctionnaires d’un pays à une personne, fût-elle intelligente, intègre. Un cabinet privé ne peut pas recruter les fonctionnaires de tout un pays », a-t-il martelé. Pour lui, l’ampleur de la fraude est forcément inquiétante car depuis qu’elle a été annoncée, on n’a cessé de découvrir d’autres fraudeurs. «  C’est donc important parce que depuis 5 ans, ce cabinet recrute. Et c’est cette année qu’une personne honnête à oser refuser de jouer le jeu que tout a été découvert. Une Fonction publique ne peut pas lésiner sur les moyens dès lors qu’il y va de la crédibilité des hommes qu’on recrute. Si vous recrutez des fraudeurs, vous n’aurez qu’une administration publique de fraudeurs. A ce moment, on ne peut plus compter sur elle », a confié le secrétaire exécutif adjoint pour qui le plus urgent est de mettre en place une structure de recrutement et d’organiser la reprise des concours concernés. A son avis, il faut revoir plus tard la question même du recrutement des fonctionnaires. « Le fait d’avoir découvert ces fraudes cette année est une chance pour repartir sur de bonnes bases », a-t-il conclu.

Peut-être que le Conseil des ministres de ce jour pourra mieux situer les uns et les autres.

Colette DRABO