HomeA la uneGRACE PRESIDENTIELLE ET LIBERTE PROVISOIRE ACCORDEES A DES OPPOSANTS IVOIRIENS

GRACE PRESIDENTIELLE ET LIBERTE PROVISOIRE ACCORDEES A DES OPPOSANTS IVOIRIENS


Le 17 juin 2021, Laurent Gbagbo marquait son retour en Eburnie et ce, après une longue détention à la prison de La Haye. Un mois après cette date qui ne manquera certainement pas de figurer dans les annales de l’histoire de la Côte d’Ivoire, il rencontrait le  président Ouattara au palais de Cocody. Lors de cette entrevue historique, puisque la précédente rencontre entre les deux hommes, remonte au 25 novembre 2010, Laurent Gbagbo avait transmis à l’Enfant de Kong, une liste de 110 détenus qu’il a qualifiés de prisonniers politiques et dont il avait sollicité la libération. L’argumentaire brandi pour justifier sa doléance était le suivant : « J’étais leur chef de file, je suis dehors aujourd’hui et ils sont en prison. J’aimerais que le président fasse tout ce qu’il peut pour les libérer ». Cette demande n’a pas eu le temps de moisir dans les tiroirs du palais de Cocody. Car, moins de 10 jours après, à l’occasion du 61e anniversaire de l’indépendance du pays, Alassane Dramane Ouattara (ADO) a annoncé la mise en liberté provisoire de 69 détenus.

 

 

Les signaux sont loin d’être au rouge comme ils l’étaient en octobre 2020

 

 

En outre, il a accordé la grâce à neuf personnes condamnées pour des infractions commises à l’occasion surtout de l’élection présidentielle d’octobre 2020. Le président Ouattara a par ailleurs ajouté ceci : « L’examen de la situation d’autres personnes encore détenues, se poursuit ». Ces décisions présidentielles sont loin d’être une surprise. Car, bien de ses compatriotes et les observateurs avisés de la scène politique du pays, étaient presque certains que le président réagirait favorablement à l’appel de son « frère » et « ami » Gbagbo. Certes, l’ensemble des 110 détenus de la fameuse et presque secrète   liste du « Christ  de Mama », n’a pas bénéficié de la clémence présidentielle, mais l’espoir est permis. Car, « l’examen de la situation d’autres personnes encore détenues, se poursuit », selon Alassane Ouattara. Le moins donc que l’on puisse dire, c’est que les nouvelles en provenance du pays d’Houphouët Boigny, sont bonnes en matière d’apaisement de la tension politique et in fine de la réconciliation nationale. En tout cas, les signaux sont loin d’être au rouge comme ils l’étaient en octobre 2020, date à laquelle Alassane Dramane Ouattara s’était fait réélire pour un troisième mandat controversé lors d’une présidentielle boycottée par l’opposition. Cette dernière, rappelons-le, avait jugé ce mandat inconstitutionnel. Cela, rappelons-le également, avait plongé la Côte d’Ivoire dans une crise qui a fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés. C’était entre août et novembre 2020. Depuis lors,  l’opposition et la majorité ont mis beaucoup d’eau dans leurs vins respectifs. Et cela s’est traduit par des actes concrets et observables, à la grande satisfaction non seulement des Ivoiriens et des Ivoiriennes, mais aussi des amis de ce pays. En tout cas, l’on ne doit pas craindre de dire que la grâce présidentielle et la liberté provisoire que Alassane Dramane Ouattara vient d’accorder à des opposants ivoiriens, représentent un nouveau pas vers la réconciliation nationale. D’autres pas allant dans le même sens, l’ont précédé.

 

 

Un effort devrait également être fait en direction des victimes des deux crises

 

 

L’on peut retenir, entre autres, la rencontre du président avec celui qu’il appelle son « ainé », c’est-à-dire le président Henri Konan Bédié. C’était le 11 novembre 2020. Cela avait contribué à faire baisser de manière significative, la dangereuse tension politique provoquée par le troisième mandat de l’Enfant de Kong.  L’autre pas allant dans le sens de la réconciliation, a été incontestablement la rencontre  entre Alassane Dramane Ouattara et celui qu’il appelle  son « jeune frère », c’est-à-dire Laurent Gbagbo. L’événement a eu lieu le 27 juillet dernier. Et la liberté provisoire accordée aux 69 inculpés détenus ainsi que la grâce présidentielle accordée à 9 personnes condamnées pour des infractions commises à l’occasion des crises politiques majeures que la Côte d’Ivoire a connues depuis 2010, sont, à n’en pas douter, la conséquence immédiate de ces démarches. Et il est encourageant que des partis d’opposition et non des moindres, aient accueilli ce geste présidentiel avec satisfaction. Ce fut le cas notamment du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et de celui du Front populaire ivoirien (FPI). Même les GOR (Gbagbo ou rien) n’ont pas daigné, en tout cas, au moment où nous tracions ces lignes, craché sur le geste d’Alassane Dramane Ouattara. Et le meilleur pourrait être à venir pour la Côte d’Ivoire. Mais pour cela, les uns et les autres devraient s’abstenir, religieusement, de faits, propos et gestes  susceptibles de réveiller les vieux démons et de rouvrir les plaies qui sont en train de se cicatriser. Un effort devrait également être fait en direction des victimes des deux crises qui ont endeuillé la Côte d’Ivoire de sorte à ce que leurs parents et ayants droit, n’aient pas le sentiment que toutes ces tractations ne sont que des arrangements entre politiciens pour sauvegarder leurs intérêts et s’offrir une impunité à peu de frais. Et dans l’absolu, on ne peut pas dire qu’ils ont tort.

 

« Le Pays »


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