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GROGNE DU PARTI AU POUVOIR CONTRE LE PREMIER MINISTRE MALIEN :Peut-on encore sauver Moussa Mara ?


Rarement vu en Afrique : le camp du chef de l’Etat malien est prêt à en découdre avec son propre Premier ministre. La grogne tend à l’emporter chez les partisans du Président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), qui veulent chasser Moussa Mara, et le remplacer par l’un des leurs.

 

Moussa Mara a commencé à agacer l’entourage du Président IBK

 

 

L’actuel chef du gouvernement malien a lui-même accédé au pouvoir, suite au limogeage du technocrate Oumar Tatam Ly. A la tête d’un parti minoritaire, avec un seul député sur les 147 que compte le Parlement malien, Moussa Mara se trouve à son tour fragilisé. Candidat malheureux au premier tour, il avait eu l’intelligence de constituer une coordination de la majorité présidentielle regroupant tous les partis soutenant l’action du Chef de l’Etat. Bon manœuvrier, il en a pris la tête, ce qu’on lui conteste. Mais, les déboires s’accumulant depuis sa nomination, il a commencé apparemment à agacer l’entourage du Président IBK, en proie à toutes sortes de tourments.

Moussa Mara est qualifié de « militant de la 25ème heure ». Visiblement, des gens sont pressés de le remplacer. Depuis son arrivée au palais de Koulouba, IBK a successivement fait appel à un technocrate puis à un homme politique. Mais jusque-là, la mayonnaise tarde à prendre. Le Mali peine à résoudre la crise du Nord, laquelle vient encore de faire une victime dans les rangs de l’armée française. Un sous-officier a rendu l’âme lundi, sur le sol malien, le jour même de la commémoration du 14- Juillet. Evidemment, cela a gâché la fête tant dans l’Hexagone qu’à Bamako. Encore une fois, les faits ont rattrapé ceux qui osaient rêver d’un Mali débarrassé des forces du mal, en plein ramadan.

En ces temps où les nerfs sont à fleur de peau, on avait beaucoup compté sur l’avènement de Moussa Mara à la tête du gouvernement. Mais, l’homme a non seulement du mal à faire avancer les chantiers, mais encore, il fait huer dans les brancards tous ceux qui aspirent à jouer les premiers rôles dans un pays qui cherche sa voie.

Il est vrai que généralement, chacun se sent apte à faire bouger les montagnes, dès que le choix se porte sur une autre personne.

En un temps record, le règne d’IBK s’est caractérisé par une grande instabilité. Pourquoi donc tous ces errements ? Dès lors, on peut comprendre les cris d’orfraie des caciques du Rassemblement pour le Mali (RPM), parti au pouvoir à Bamako. Ils ont bien raison de chercher à s’assumer en tant que majorité élue du peuple malien. On peut donc saluer la franchise de ces illustres démocrates, si tant est que leur course en vue de récupérer le pouvoir égaré, n’ait pas pour objectifs de confisquer tout le pouvoir, aux dépens de l’ouverture d’esprit et des libertés démocratiques.

Il faut dire qu’en plus d’être insignifiant au plan politique (1 député sur 147), Moussa Mara n’a pas beaucoup fait pour se mettre à l’abri des critiques. Traité de suffisant et d’arrogant, il se trouve difficilement des avocats pour le défendre.

 

Pour ses adversaires, il n’a guère le profil de l’emploi

 

Chacun semble avoir des raisons de réclamer la tête du chef du gouvernement. D’aucuns le rendent coupable de la déroute de Kidal. Il y a aussi le coût controversé de l’achat de l’avion présidentiel, etc. Pour ses adversaires, en tout cas, il n’a guère le profil de l’emploi. N’est-il pas temps pour M. Mara de prendre ses responsabilités ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, IBK se trouve au pied du mur.

Au-delà, c’est le régime présidentiel tout puissant qui est en cause. A l’image du président Maky Sall du Sénégal, IBK semble avoir des difficultés dans le choix de ceux qui l’accompagnent. Il lui faut revoir le profil des hommes qu’il choisit, et prendre en compte des paramètres de référence beaucoup plus fiables. Il faut faire la chirurgie nécessaire et passer rapidement à autre chose. La réconciliation et la reconstruction du Mali doivent se poursuivre. Il faut avoir le sens de l’Etat dans le choix des conseillers et des bâtisseurs de l’Etat de droit démocratique : ne pas seulement faire appel aux proches. Eviter le copinage, mettre en avant l’efficacité de l’équipe gouvernementale sont impératifs, si l’on veut baisser les tensions. Dans le cas contraire, aux moindres secousses, le nouveau régime pourrait avoir des problèmes.

Des leçons à tirer ? Il y a du courage ici, dans la conduite du parti présidentiel. Celle du RPM constitue un modèle du genre, si vraiment l’honnêteté est à la base des actions.

Il faut saluer le courage et l’honnêteté des cadres du RPM qui ont pris sur eux de demander le départ de Moussa Mara. Cette attitude si franche, de s’opposer au choix du Chef de l’Etat himself, est à encourager surtout lorsqu’il met en péril la cohésion nationale, et hypothèque à terme la coopération bilatérale et multilatérale. A moins qu’IBK lui-même ne soit derrière cette volte-face, auquel cas le chef de l’Etat se retrouverait coincé par toutes ses incohérences qui mettent à mal son régime.

Sauver Moussa Mara s’avère donc de plus en plus difficile. Peut-on encore le sauver ?

 

« Le Pays »


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