HomeA la uneGROGNE SOCIALE AU KENYA : Qui pour sauver le soldat Ruto ?

GROGNE SOCIALE AU KENYA : Qui pour sauver le soldat Ruto ?


Les rues des principales villes kényanes ont été, une fois de plus, le 16 juillet dernier, le théâtre d’affrontements entre la police et de milliers de jeunes manifestants qui réclament, plus que jamais, la tête de leur président,  William Ruto. A Nairobi, règne désormais une ambiance de divorce entre le président et son peuple. Ou disons, celle de menaces sur le pouvoir d’un roi déclaré persona non grata dans son pays.  Or, que n’a pas fait le «débrouillard» puis milliardaire devenu président du pays Masaï, pour apaiser les tensions nées du projet de budget 2024-2025, lesquels tumultes ont abouti à des émeutes meurtrières le 16 juillet 2024 ? Longue est la liste des mesures prises pour apaiser la rue : retrait du projet de loi budgétaire, limogeage de la quasi-totalité des membres du gouvernement, hausse des emprunts, baisse des dépenses de l’Etat, suspension de l’achat des nouveaux véhicules pour les membres du gouvernement ainsi que des voyages non essentiels des serviteurs de l’Etat, renvoi du chef de la Police, promesse de dialogue avec les forces vives de la Nation,…  Aujourd’hui, le constat est que ces mesures, au lieu de ramener le calme dans le pays, n’ont fait que révolter davantage les manifestants visiblement déterminés à faire partir le président William Ruto. Dans de telles circonstances, que peut faire le président ? Va-t-il continuer à s’accrocher à son fauteuil ?

 

William Ruto ressemble à un soldat perdu et dépassé par les évènements

 

Quelles mesures peut-il encore prendre pour contenter cette jeunesse qui l’a porté au pouvoir et qui, maintenant, réclame à cor et à cri sa démission ? Va-t-il rendre le tablier et organiser des élections anticipées ? En vérité, l’on a bien envie de dire, en référence à un personnage biblique, qu’il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à Ruto de sortir de cette crise socio-politique sans laisser des plumes. Dans tous les cas, avec autant de morts et d’enlèvements de militants dans la répression policière aveugle, William Ruto a franchi la ligne rouge qui, dans un contexte de difficultés économiques extrêmes que vivent ses concitoyens, devrait le contraindre à changer radicalement son modèle de gouvernance, à défaut de démissionner de son poste de président pour offrir à son peuple, une chance de sortir pacifiquement du cycle de violences.  A l’étape actuelle des choses, le président devrait s’aménager une porte de sortie négociée.   Encore faut-il qu’il ait le courage et l’honnêteté morale et politique de tirer les conséquences de cette crise profonde au Kenya face à laquelle il apparaît désormais impuissant.  En tout cas, dans la gestion des Etats, il y a des signes qui ne trompent pas. Quand la voix du dirigeant ne porte plus ou devient inaudible face à son peuple, c’est que son disque est rayé. Autant dire que William Ruto ressemble à un soldat perdu et dépassé par les évènements. Qui pour le sauver ? Question à mille tiroirs.

 

Michel NANA

 


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