GUINEE BISSAU : Petit pays, grands problèmes
Si en Afrique, il y a un pays qui ne semble pas se gêner de s’offrir en spectacle aux habitants du continent noir et au reste du monde, c’est bel et bien la Guinée Bissau, minuscule contrée perdue en Afrique de l’Ouest, brûlée par le soleil ardent du sahel, et dont les vagues de l’Océan Atlantique viennent régulièrement lécher les côtes. Cette petite République semble depuis longtemps frappée par la malédiction du mythe de Sisyphe. Chaque accalmie sociopolitique annonce une bourrasque violente et parfois meurtrière. Tenez! Après sa prise de fonction le 7 septembre dernier, le nouveau premier ministre, Baciro Dja, est contraint à la démission par la Cour Suprême qui juge sa nomination par le président José Mario Vaz anticonstitutionnelle. Son prédécesseur Domingo Pereira, chef de file du parti mythique le PAIGC, parti au pouvoir, avait été chassé le 12 août dernier par le même président Vaz qui l’accusait de corruption; de cette corruption qui est le principal chancre dévastateur de cette ancienne colonie portugaise. Le PAIGC exige le rétablissement dans ses fonctions de son grand mentor, le ci-devant Pereira que le président ne souhaite plus revoir même en peinture.
L’histoire de ce pays montre à suffisance qu’il est sous l’effet maléfique d’un signe indien
Voici donc la Guinée Bissau revenue à la case départ. Ce pays peut désormais se prévaloir de ses turpitudes politiques, lui qui a une culture de la violence d’Etat. En effet, rares sont les présidents de cette république qui survivent aux complications politiques au sommet de l’Etat. Et Dieu seul sait si elles sont nombreuses et récurrentes. Pereira lui-même qui reste en embuscade pour réoccuper son fauteuil, avait été nommé premier ministre après les élections du printemps 2014. L’histoire de ce petit pays, ces dernières années, montre à suffisance qu’il est sous l’effet maléfique d’un signe indien très lié à Thanatos. Les bains de sang dans les plus hautes sphères de l’Etat émeuvent de moins en moins les habitants de ce petit pays aux problèmes inversement proportionnels. Pris en otage par les difficultés inextricables créées par les ego et les calculs politiciens de ses fils, de quel temps dispose finalement la Guinée Bissau pour se consacrer corps et âme à son développement? Amilcar Cabral a dû plusieurs fois se retourner dans sa tombe, lui qui a donné sa vie pour la liberté et la dignité de ce pays. A présent, la question que l’on se pose est la suivante: jusqu’où peut mener ce bras de fer entre un président élu par le peuple et qui ne veut plus de son premier ministre imposé et le PAIGC auquel le président lui-même doit son fauteuil en tant que membre militant de ce même parti? Une véritable équation dont il faut souhaiter que sa résolution ne passe pas par un épandage de sang, toute chose dont est coutumier ce narco-Etat gangrené par la corruption et qui a gravement mal à son armée.
« Le Pays »