HomeA la uneGUINEE BISSAU : Quand Vaz danse sur un volcan  

GUINEE BISSAU : Quand Vaz danse sur un volcan  


Le nouveau Premier ministre bissau-guinéen, Baciro Djà, a déjà prêté serment mais tout porte à croire qu’il ne pourra pas exercer ses fonctions. En effet, l’équipe de l’ancien Premier ministre refuse de quitter le palais gouvernemental au motif que Baciro a été désigné par le président, José Mario Vaz, et non par le parti majoritaire à l’Assemblée nationale, le PAIGC, comme l’exige la Constitution. Ce parti est d’autant plus en colère que la désignation de Baciro comme chef du gouvernement avait été qualifiée d’inconstitutionnelle par la Cour suprême  en 2015. Pourquoi le président Vaz veut-il, contre vents et marées, tordre le cou à la Constitution? Certainement parce qu’il ne veut pas d’un Premier ministre qui pourrait lui faire ombrage, mais plutôt d’un homme de peu d’envergure qu’il pourrait manipuler à sa guise. Toute chose qui est déplorable pour un pays qui revient de loin. Faut-il le rappeler, la Guinée Bissau a connu un passé tumultueux, marqué de coups d’Etat sanglants. Or, on espérait qu’avec l’élection de José Mario Vaz, ce petit pays aux gros problèmes, connaîtrait enfin une paix durable et une véritable stabilité.  Hélas, c’était sans compter avec l’incurie des fils de ce pays. En tout cas, l’entêtement du Président Vaz à imposer un Premier ministre à son parti, risque de réveiller les vieux démons. Certes, il s’agit d’un conflit entre le président et son parti. Mais ce bras de fer peut faire vaciller la République. C’est pourquoi l’on peut croire que ce pays danse sur un volcan.

Le président Vaz doit vite se ressaisir

Car, si cette crise conduisait à un blocage institutionnel, l’armée qui ronge déjà ses freins, pourrait trouver des raisons pour intervenir dans le jeu politique. C’est donc peu dire que le président Vaz gagnerait à mettre de l’eau dans son vin, d’autant que ce bras de fer pourrait bien le conduire à sa perte. Si malgré ses nombreuses tentatives, il ne parvient pas à imposer un Premier ministre à son parti, c’est parce que les députés du PAIGC tiennent au respect des textes. Certes, le président Vaz justifie sa volonté d’imposer un chef du gouvernement au PAIGC par le fait que ceux désignés par ce parti, seraient des hommes corrompus. Mais faut-il lutter contre la corruption en violant la Constitution ? Assurément, non ! Au lieu de s’attaquer aux nombreux défis auxquels est confronté son pays, José Mario Vaz aura passé près d’une année à remettre en cause une loi que son peuple aura, de bon gré, votée pour le renforcement de la démocratie. En refusant de respecter les textes de son pays, Vaz renvoie une piètre image de la Guinée Bissau et de lui même au reste du monde. Au demeurant, en se comportant ainsi, il donne l’image d’un autocrate en herbe. Et cela n’est ni rassurant pour les Bissau-guinéens ni pour la communauté internationale, au chevet de la Guinée Bissau depuis plus d’une année pour non seulement réformer son armée, mais aussi ses institutions. En tout état de cause, si le président Vaz tient à obtenir un second mandat, il doit vite se ressaisir avant que le capital de sympathie dont il jouit, ne soit définitivement vendangé.

Dabadi ZOUMBARA  


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