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HADJ  2016 : En attendant le dernier vol  


 

Le pèlerinage  à La Mecque, en Arabie  Saoudite,  c’est le cinquième pilier de l’islam que tout musulman désire accomplir. A l’instar des fidèles musulmans des autres pays du monde, ils sont chaque année plus d’un millier au Burkina Faso, à se rendre à ce lieu « Saint »  de l’islam pour communier avec Allah. Cette année, ils sont 5 500 pèlerins à avoir obtenu leur visa. Comme les années antérieures, beaucoup ne pourront pas effectuer ce précieux voyage pour faute de visa. En attendant le dernier vol prévu pour cette nuit,  nous sommes allés à la rencontre des  futurs « El Hadj » et « Adja » sur leur site de rassemblement, au stade municipal Dr Joseph Issoufou Conombo, avant leur embarquement.

Il était 18h 15 ce 2 septembre, lorsque nous arrivions au stade municipal Dr Joseph Issoufou Conombo. Malgré  l’obscurité due  au délestage, il régnait une ambiance particulière. Le nombre de parkings  de motocyclettes et de véhicules qui  ont poussé aux alentours du stade comme des champignons, en disait long sur  le monde fou qui s’y trouvait.   Les vendeurs ambulants font également l’ambiance en ces lieux.  A l’entrée principale, de longs rangs se côtoient et s’entremêlent parfois à cause des bousculades. Certains cherchent à immortaliser la séparation avec leurs proches qu’ils ont accompagnés par des séances de photos. Sont de ceux-là, Souleymane Kindo. Il dit être venu pour accompagner  son frère qui doit prendre le vol ce soir-là pour  La Mecque. « C’est émouvant. Vous l’avez constaté vous-même. Puisse Allah les assister  durant leur voyage et qu’ils prient beaucoup pour nous », soutient-il, après avoir serré pendant plus de  trois minutes son frère dans ses bras.  Tout comme Souleymane Kindo, Fatoumata Konseiga dit être venue voir son mari. « Je suis venue assister au départ de mon mari à La Mecque. Je voulais bien  rentrer à l’intérieur du Stade pour le voir, mais la sécurité ne nous le  permet pas. Je souhaite dans cinq ans aussi me rendre là-bas », a-t-elle dit. Pour avoir accès à l’intérieur du  stade, il faut être vêtu de l’uniforme du Hadj 2016. Sous le hall, les Forces de l’ordre et de sécurité, appuyées par des gardiens, avaient barricadé l’entrée du stade pour en faciliter l’accès aux pèlerins. « Qui êtes vous ? Vous partez où ? », nous a lancé un des gardiens en tenue estampillée du nom d’une agence de voyage. C’est après avoir décliné notre  identité que les Forces de l’ordre et de sécurité nous autorisèrent à accéder à la cuvette du stade. A l’intérieur,  la plupart des pèlerins étaient assis à la tribune officielle, en train d’écouter les conseils des encadreurs. D’un côté, des hommes en boubou de hadj 2016. De l’autre côté, des femmes, toutes voilées. « Nous les suivons, nous accomplissons  leurs désirs. Nous leur expliquons comment ils doivent se comporter durant le vol. Nous leur rappelons les comportements qu’ils doivent adopter une fois à La Mecque. Nous l’avons déjà fait, mais la répétition est pédagogique. Car, pour la plupart, c’est leur première fois. Certains  ne sont jamais venus à Ouagadougou », confie Idrissa Traoré, encadreur d’une agence de voyage de la place.  Joséphine Fatimata   Fofana fait partie des 500 pèlerins qui doivent prendre le premier vol cette nuit-là, pour la « Terre sainte ». « Aller à La Mecque a été une surprise pour moi  car je ne m’y attendais pas. C’est mon service qui a pensé à moi », soutient l’agent d’Ecobank. Tout comme Mme Fofana, Ali Konseiga, employé à la mine d’or d’Inata, se rend  à La Mecque pour la première fois. Pour lui, accomplir cet acte est  un devoir et une plénitude. « C’est une obligation pour tout musulman, surtout ceux qui en ont les moyens. Je veux rendre grâce à Dieu pour tous ses bienfaits. Aller à La Mecque est un appel de Dieu », soutient-il. Si pour M. Konseiga il s’agit d’un premier voyage à La Mecque, Inoussa Zallé y va pour la deuxième fois et cette fois-ci, avec sa femme. «  C’est ma deuxième fois et je trouve qu’il n’est pas trop de remercier Allah. Cette fois-ci, j’ai décidé d’amener mon épouse avec moi. Mais, elle, elle bouge demain », a-t-il dit. Entre suspense et peur, Ali Zallé, lui, souhaite que Dieu les épargne de l’incident de l’année dernière qui a coûté la vie à des centaines de fidèles musulmans.

L’octroi des 2 500 visas par l’Arabie Saoudite reste  incertain

A 19h 45, les pèlerins sont convoyés à l’aéroport  à bord des cars affectés pour la circonstance. Mais avant qu’ils y accèdent,  les Forces de l’ordre et de sécurité et les encadreurs commis par leurs agences de voyage s’assurent que tous sont munis des documents nécessaires, notamment le passeport, le visa et le carnet de vaccination. Le nombre de pèlerins burkinabè est estimé cette année  à 5 500 personnes, d’après une source proche du comité national de suivi du pèlerinage. Un supplément de 1 100 visas a été donné l’année dernière par l’Arabie Saoudite pour le Hadj 2015, ce qui a permis de rehausser les quotas par agence de voyage. Y aura-t-il des suppléments cette année?  Le dernier vol pour le dernier groupe de pèlerins burkinabè  est prévu ce jour même (NDLR : 5 septembre 2016), selon les confidences du responsable du service passeport de l’agence Sana Voyages, El Hadj Mahamadi Sana. Vu que la Tabaski est proche, dit-il, l’envoi d’un supplément de visas d’Arabie Saoudite cette année, lui semble pratiquement incertain. Mieux, il a été révélé que l’Arabie Saoudite ferme ses frontières à partir du 6 septembre. L’agence Sana Voyages a réalisé son  quatrième vol à Ouagadougou  le 4 septembre 2016, sur les 6 vols qu’elle doit réaliser. La durée du séjour des pèlerins s’étale sur un mois ; les retours sont prévus entre le 12 et le 19 octobre prochain, selon El Hadj Sana, et le retour est fonction du calendrier de l’avionneur. Il a estimé que cette année, l’organisation du Hadj a été spéciale. « Les passeports et les visas sont sortis à temps », s’est-il réjoui, remerciant au passage les autorités nationales pour leurs efforts à cet effet. Il a relevé cependant que tous les pèlerins inscrits ne pourront pas faire le voyage de La Mecque, pour défaut de visas, selon lui. Il  pense que ceux qui ont pu obtenir le visa feront le voyage de La Mecque. La délivrance des visas par l’Arabie Saoudite est basée, selon lui, sur un calcul de pourcentage par pays, en fonction du nombre de musulmans, croit-il savoir. Les quotas sont de 500 pèlerins par vol cette année, a rappelé El Hadji Sana, pour chacune des 39 agences de voyage  réparties en 2 groupes. Côté sanitaire, il n’y a pas de souci, à l’entendre, puisque, dit-il, le comité de suivi  du Hadj recrute chaque année des infirmiers et des médecins, en fonction du nombre des pèlerins. Pour El Hadj Tapsoba Ousséni de Takbir Voyages, le vrai problème dans l’organisation du Hadj, réside dans la répartition des visas, car, dit-il, chaque année, il y a des gens qui manquent de visa. Quand quelqu’un paie les frais de voyage pour le Hadj, il n’y a pas de raison, selon lui, qu’il ne puisse pas faire le Hadj. La trentaine d’agences de voyage font, chacune, l’inscription des candidats au Hadj, sans se soucier de ce que l’autre recrute. « Un beau jour, on demande de mettre toutes ces inscriptions dans la plate-forme », explique-t-il.  Ce qui génère, à son avis, des problèmes. « Si chaque agence savait à l’avance le nombre de pèlerins qu’elle doit recruter, il n’y aurait pas de problème », relève-t-il. Du point de vue de M. Tapsoba, le ministère en charge de la question du Hadj doit avoir le courage de donner à chaque agence son quota à l’avance, bien entendu avec à l’idée, selon lui, que « toutes les agences sont égales ». Pour lui, cela évitera le dépassement de nombre que certaines agences font lors du recrutement des pèlerins. Les visas supplémentaires espérés sont liés au fait qu’à l’issue du voyage du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, en Arabie Saoudite, ce pays avait promis un supplément de 2 500 visas, selon El Hadj Tapsoba. Ce qui porterait l’effectif des pèlerins à 8 000 personnes, cette année. Le comité national de suivi du Hadj qui avait communiqué sur ce supplément avait poussé beaucoup de fidèles, renchérit-il, à s’inscrire. « Tous ont   gardé espoir que ce sera effectif », souligne El Hadj Tapsoba. Jusqu’à ce jour (NDLR : 2 septembre), ce supplément n’est pas arrivé, alors que des agences ont recruté des pèlerins sur la base de cette promesse de visas supplémentaires de l’Arabie Saoudite. Là, résident les problèmes, dit-il, souhaitant qu’on en finisse une fois pour toutes.  La solution lui paraît simple, à savoir qu’il faut diviser, selon lui, le nombre total de visas par le nombre d’agences de voyage retenues par édition du Hadj. Au niveau de l’agence Takbir Voyage, c’est l’attente des suppléments de visas promis et à l’étape actuelle des choses, il n’est pas évident que tous ceux qui sont inscrits parmi les candidats au pèlerinage à La Mecque, puissent effectuer le voyage cette année. Il estime que de plus en plus, les visas pour l’Arabie Saoudite manquent au Burkina Faso et les candidats au pèlerinage à La Mecque augmentent d’année en année. Chaque année, confie-t-il, ils se bousculent pour les inscriptions, chacun désirant être parmi les premiers à effectuer les premiers vols en direction de La Mecque. Les candidats qui n’auront pas pu effectuer le Hadj à l’édition 2016 peuvent, à son avis, s’inscrire au niveau des agences de voyage pour l’édition suivante du Hadj.  Sauf que là, reconnaît El Hadj Tapsoba, c’est une question de vie et de foi islamique du candidat et de l’agence où il s’est inscrit pour le pèlerinage. Néanmoins, il souhaite que l’Etat se désengage de l’organisation du Hadj au profit des musulmans, mais pas pour l’instant, rassure-t-il. Pour une autre génération, dit-il. Le comité de suivi du Hadj et le ministère ont,  chacun, fait un travail encourageant et remarquable, selon lui. Ultime prière de Tapsoba Ousséni, souvenir des bousculades meurtrières au Hadj 2015 oblige : un Hadj 2016 béni de Dieu, réussi et paisible !

Mamouda TANKOANO et Lonsani SANOGO


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