HAMA AMADOU ET LE TRAFIC DE BEBES :Pourquoi fuir la justice
Le président de l’Assemblée nationale nigérienne, Hama Amadou, après un bref séjour au Burkina, s’est envolé pour un pays européen non encore connu, tout en continuant de ruer dans les brancards.
Mais pourquoi l’homme qui se réclame numéro un de l’opposition nigérienne, a-t-il pris la poudre d’escampette ?
Hama Amadou n’avait pas de raison de fuir
La thèse de l’acharnement qu’il avance pour justifier sa fuite paraît trop facile. En effet, cet argument pourrait être recevable dans certains pays africains, dont les pratiques sont aux antipodes de la démocratie, mais pas au Niger où la société civile et la Justice présentent des signes tangibles d’indépendance.
D’ailleurs, c’est cette même société civile qui s’est fait entendre, lorsque le fils de Hama Amadou avait été arbitrairement mis aux arrêts.
C’est dire donc que Hama Amadou n’avait pas de raison de fuir, à moins qu’il ne se reproche vraiment quelque chose. D’ailleurs le silence de l’Opposition nigérienne dont il est le leader, en dit long sur le crédit qu’on accorde aux déclarations et lamentations de l’intéressé. Elle prendrait sûrement fait et cause pour la 2e personnalité du Niger, si elle estimait que cette dernière était victime d’acharnement de la part du pouvoir en place. Mais encore faudrait-il, pour cela, que Hama Amadou se mette à la disposition de la Justice de son pays. Il démontrerait ainsi sa bonne foi et son innocence. On le sait, il existe des méthodes fiables pour attester de la paternité d’un enfant. Alors, pourquoi fuir si l’on estime qu’on est blanc comme neige ?
Qui fuit s’accuse, est-on tenté de dire. Du reste, pourquoi Hama Amadou tente-t-il de ramener l’affaire du trafic de bébés à une simple affaire politique ?
Hama Amadou aura beaucoup de peine à se faire passer pour une victime
Plusieurs personnes qui n’ont rien à voir avec la politique sont écrouées dans cette affaire. Et ce devrait être une raison de plus pour Hama Amadou, de rester et de prouver son innocence. Qu’un citoyen lambda prenne la fuite, à la limite, cela pourrait se comprendre. Mais que le président de l’assemblée nationale se soustraye aux lois que lui-même a contribué à voter en prenant la fuite, cela est simplement honteux. C’est à lui qu’il revient de donner le bon exemple car, faut-il le rappeler, nul n’est au-dessus de la loi.
Les amis de Hama Amadou, comme il le dit, qui lui ont suggéré de prendre la route de l’exil, lui auront donné de mauvais conseils. Car par cette fuite en avant, Hama Amadou pourrait compromettre définitivement son avenir politique et ses ambitions d’accéder à la magistrature suprême. Il complique sa situation, par le délit de fuite dont il s’est rendu coupable et se décrédibilise davantage aux yeux de ses partisans et de la communauté internationale. En plus, il ne peut fuir éternellement, puisqu’il peut faire l’objet d’un mandat d’arrêt international si sa culpabilité est établie. Il ne fait donc que retarder l’échéance, parce que l’histoire finira par le rattraper. Quel pays occidental voudrait garder sur son territoire un homme de cette trempe, qui aurait refusé de répondre devant la Justice de son pays ? De toute évidence, Hama Amadou aura beaucoup de peine à se faire passer pour une victime.
Thierry Sami SOU