HomeA la uneIDENTIFICATION DE LA TOMBE DE DABO BOUKARY : La vérité a-t-elle rattrapé le mensonge ?

IDENTIFICATION DE LA TOMBE DE DABO BOUKARY : La vérité a-t-elle rattrapé le mensonge ?


S’il y a quelque chose qui a beaucoup retenu mon attention ces derniers jours, c’est le rebondissement que vient de connaître l’affaire Dabo Boukary, du nom de cet étudiant en 7e année de médecine porté disparu depuis 27 ans. Vous savez pourquoi ? Le juge d’instruction en charge du dossier a montré une tombe à la famille et aux avocats de la victime. C’est quelque part là-bas, dans la province du Nahouri, plus précisément à Pô, à 150 km de Ouagadougou. J’imagine l’émotion qui a dû s’emparer des parents en voyant cette tombe qu’ils ont cherchée pendant plus d’un quart de siècle. En tout cas, moi, je n’ai pas pu retenir mes larmes quand j’ai entendu cela. Je ne connais pas Dabo Boukary qui fut un aîné de loin sur le campus. Mais quand on m’explique les circonstances dans lesquelles il a été enlevé et tué, cela ne fait que me révolter. Comment un être humain peut-il disparaître de la sorte ? Ceux qui l’ont « fait » comme on aimait à le dire à l’époque, avaient-ils une pierre à la place du cœur ? Ce sont là autant de questions que je me pose sans réponse. Je me rappelle même que j’ai eu personnellement à participer à plusieurs marches-meetings à l’université de Ouagadougou, pour réclamer vérité et justice pour Dabo Boukary. Mais comme vous le savez, au départ, le régime de Blaise Compaoré nous répondait par la répression. Par la suite, on nous répondait par un silence moqueur qui traduisait un certain mépris. C’est à peine si l’on ne nous disait pas ceci : « laissez-les faire, car, dans tous les cas, ils ne peuvent rien nous faire ». C’est, du moins, le sentiment que l’on avait chaque fois que l’on parlait de Dabo Boukary. Maintenant que les choses ont changé, je me réjouis de voir les lignes bouger.

 

Je mets en garde quiconque contre toute éventuelle tentative de récupération

 

L’identification de la tombe, sous réserve d’une expertise, est une avancée significative. A cela s’ajoute l’inculpation de deux personnes soupçonnées d’en savoir plus sur les circonstances de la mort de Dabo Boukary. Il s’agit, pour ne pas les nommer, du Général Gilbert Diendéré et du lieutenant-colonel Mamadou Bamba. Comme vous le savez, moi, je n’ai rien contre quelqu’un, mais je dis toujours que chacun de nous doit assumer avec courage son passé, bon ou mauvais. Cela dit, je fais confiance à la justice. Mieux, je l’encourage à maintenir le cap jusqu’à ce que jaillisse toute la lumière sur cette affaire qui a un tant soit peu défrayé la chronique. Car, du traitement juste et transparent du dossier Dabo Boukary tout comme de celui de Thomas Sankara, dépendra la crédibilité de notre justice souvent présentée à tort ou à raison comme une institution aux ordres. En tout cas, nos ancêtres avaient raison quand ils disaient ceci : « le mensonge a beau courir, la vérité finira par le rattraper. » Car, voilà 27 ans que courent les assassins de Dabo Boukary. Mais aujourd’hui, son fantôme, à la faveur de l’insurrection populaire, commence à rattraper certains. Peut-être en saura-t-on un peu plus encore avec le temps. C’est ce que souhaitent les Burkinabè dans leur ensemble ; eux qui, je le sais, trépignent déjà d’impatience de connaître la vérité.

C’est, du reste, pourquoi je mets en garde quiconque contre toute éventuelle tentative de récupération. Laissons la justice faire son travail et que les responsabilités soient situées. N’est-ce pas d’ailleurs la conduite que nous devons avoir dans un Etat de droit ? Alors, chers compatriotes, j’invite tout le monde à la retenue et à la pondération dans le débat pour ne pas gêner l’instruction en cours du dossier.

 

« Le Fou »


No Comments

Leave A Comment