HomeA la uneIMPORTANTE DELEGATION MINISTERIELLE FRANÇAISE EN ALGERIE  : Quand Elisabeth Borne balise les voies de la nouvelle coopération !

IMPORTANTE DELEGATION MINISTERIELLE FRANÇAISE EN ALGERIE  : Quand Elisabeth Borne balise les voies de la nouvelle coopération !


Après la visite de 72 heures du président français, Emmanuel Macron, en Algérie du 25 au 27 août dernier avec pour objectif de  lancer « un nouvel agenda bilatéral, construit en confiance et dans le respect mutuel » des souverainetés respectives des deux Etats, la Première ministre, Elisabeth Borne, à la tête d’une imposante délégation forte de 16 ministres, séjourne à Alger dans le cadre du 5e comité intergouvernemental de haut-niveau. Point n’est besoin d’être initié à l’ésotérisme des druides français ou aux signes arabesques des marabouts algériens, pour comprendre que cette forte présence de l’Exécutif français en Algérie est destinée à donner corps à  l’ambition politique manifestée par les deux chefs d’Etat, français et algérien, de réchauffer les relations entre les deux pays qui ont rarement manqué l’occasion de s’étriper depuis les Accords d’Evian qui ont mis fin à la guerre d’indépendance. Pour un début après la rencontre au sommet du mois d’août, pour ne pas attiser la braise qui couve encore sous les cendres, les deux partenaires sont convenus d’éviter les sujets qui fâchent comme le dossier du  lourd passif de l’histoire où Emmanuel Macron avait accusé l’Algérie qui s’en était gravement offusquée, de s’être « construit sur une rente mémorielle entretenue par le système politico-militaire ». A l’ordre du jour de la visite de la Première ministre, ne figurera donc pas la mise en place de la commission d’historiens censés travailler sur la colonisation et la guerre d’Algérie qui prend ainsi de plus en plus les contours d’un serpent de mer. C’est dire si,  pour l’essentiel, Elisabeth Borne et sa délégation ont pour mission, non pas de proposer une thérapie à la purulente plaie de l’histoire qui gangrène les rapports franco-algériens, mais de poser un pansement superficiel fait d’une toile de projets économiques et culturels. C’est d’ailleurs ce que laisse percevoir clairement l’agenda de la PM qui ouvrira un forum d’affaires et rencontrera les élèves du lycée français d’Alger.  Mais ces sujets qui sont inscrits à l’ordre du jour et qui, véritablement, ne sont que « des  remous de surface à oscillation brève » comme disait l’historien,  auront du mal à cacher la lame du fond qui se nourrit de la convoitise à peine dissimulée de Paris pour le gaz algérien dans un contexte où la guerre en Ukraine menace les Occidentaux d’une horrible mort du froid au moment où l’hiver pointe du nez en Europe. Même si dans le discours officiel, l’on ne s’attend pas à des annonces sur une possible augmentation des livraisons du gaz algérien vers la France, l’on sait que dans les coulisses, Paris tentera de faire bouger les lignes, quitte à mettre dans la balance, le dossier des visas pour les Algériens où des concessions pourraient être consenties. Mais rien n’est gagné d’avance pour la France qui est dans ses petits souliers à Alger non seulement à cause d’une opinion publique algérienne hostile en raison des blessures non encore cicatrisées de la colonisation, mais aussi en raison du sentiment antifrançais grandissant sur le continent africain. Il faut donc craindre que le 5e comité intergouvernemental de haut-niveau n’accouche, pour l’essentiel,  de décisions cosmétiques. Celles-ci auront, cependant, leur pesant d’or dans la mesure où elles s’inscrivent dans une dynamique pédagogique qui consiste à déblayer pour les deux pays, le terrain pour les sentiers et les chantiers de l’avenir. Et pour ce faire, le symbolisme est plus fort que tout et c’est là toute l’explication de l’importance de la délégation française et de l’approche plus pragmatique qui a été choisie.

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment