HomeA la uneINCENDIE AU GRAND MARCHE DE BANFORA : 43 boutiques parties en fumée

INCENDIE AU GRAND MARCHE DE BANFORA : 43 boutiques parties en fumée


Un incendie s’est déclaré dans le grand marché de Banfora, dans la nuit du 13 au 14 août 2015. Malgré le combat engagé contre le feu par les sapeurs-pompiers et qui a duré jusqu’à 6h du matin, le 14 août, 43 boutiques au total ont été consumées par les flammes. Une rencontre de crise qui s’est tenue ce jour au gouvernorat des Cascades, a permis de mettre à nu les facteurs ayant favorisé la propagation de l’incendie.

 

Jeudi 13 août 2015, il est 24 h lorsque par le biais de coups de fils, les commerçants du grand marché de Banfora, situé en bordure de la RN7, s’informaient les uns les autres du déclenchement d’un incendie dans ledit marché et qui était en train de ravager son aile Sud, d’Est en Ouest. Très vite, les soldats du feu sont appelés à la rescousse. Le chef des opérations de la 5e compagnie de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers (BNSP) de Banfora, l’adjudant-chef Lona Tankoano, mobilise l’ensemble des trois véhicules incendie de la caserne. Après quelques minutes d’action, les camions sont vidés. Il fallait rallier la caserne pour faire le plein. A leur retour, le feu reprenait de plus belle, comme si rien n’avait été fait. Dès lors, l’on comprend que la distance qui sépare le poteau d’incendie du marché en feu, environ un kilomètre, n’était pas un allié. Pendant ce temps, plusieurs badauds s’étaient massés aux alentours. A les entendre, certains commerçants, à leur arrivée sur les lieux, ont tenté d’entrer dans le marché, oubliant leur propre sécurité, certainement pour sauver des biens précieux. Fort heureusement, des agents de sécurité, police et gendarmerie, avaient déjà investi les lieux et ont pu les en empêcher. Sous les flammes qui léchaient les hangars, on entendait des explosions. Certainement des produits cosmétiques, les pommades et autres parfums, répond l’adjudant-chef Lona Tankoano au SG de la région, Aboubacar Traoré, qui craignait pour la sécurité des soldats du feu. Très vite, il est rassuré par son interlocuteur qui, dans sa stratégie, a instruit ses hommes de circonscrire le feu. Toute chose qui a, du reste, permis de limiter les dégâts puisque seules les boutiques situées côté Sud, et qui vont de l’Est à l’Ouest du marché, ont été touchées par l’incendie. Vers 3h du matin, les commerçants, las de ne pas voir la fin du combat contre le feu, ont décidé de regagner leurs domiciles.

Les sinistrés demandent aide et assistance

A chaque fois que les camions incendie regagnaient la caserne pour chercher de l’eau, le feu devenait plus intense. Il a fallu attendre vers 6h du matin, le 14 août 2015, pour que les soldats en viennent à bout. C’est donc vers 7 h que la sécurité décide de permettre seulement aux commerçants sinistrés d’entrer dans le marché pour constater les faits. Pendant ce temps, une foule immense de curieux se trouvait sur la RN7 et sur les autres rues entourant le marché. Parmi eux, il y en a qui avaient des larmes aux yeux. Les femmes étaient inconsolables, à la vue de ce qui restait de leurs boutiques. Assises à même le sol, certaines imploraient la pitié du Seigneur. D’autres par contre, fouillaient les décombres pour voir ce qu’elles pouvaient encore emporter. C’était peine perdue, car le feu n’a rien épargné. Pendant ce temps, les agents de la Régie autonome de gestion des infrastructures marchandes (RAGIM) de la commune de Banfora faisaient des va-et-vient. Selon le directeur de cette structure, Amidou Yao, cette présence des agents visait à recenser les commerçants sinistrés. Exactement 43 ont été répertoriés et la majorité sont des tailleurs, des vendeurs de tissus, de cordes élastiques, de crèmes, de pommades et autres eaux de toilette. L’un d’eux, Abdoulaye Diallo, pleurait la perte de sa machine à coudre, l’unique outil de production qui lui permettait de nourrir les 13 membres de sa famille. « J’ai acquis cette machine en 1980. Avec elle, j’ai formé de grands tailleurs depuis la Côte d’Ivoire. Voilà que je la perds aujourd’hui dans cet incendie. Si les autorités ne nous viennent pas en aide, je ne sais où donner de la tête », a-t-il martelé. Tout comme lui, un jeune vendeur de tissus a fait savoir qu’il venait d’approvisionner sa boutique il y a à peine deux semaines. « Je n’ai rien vendu de cette importante commande que j’ai faite depuis Bobo-Dioulasso » ; et « tout est parti dans le feu », a-t-il lancé à notre micro, presque les larmes aux yeux. Sur le champ, une réunion de crise est convoquée par le SG de la région, Aboubacar Traoré, avec pour objet de statuer sur cet incendie qui passe pour être le premier depuis plus d’une trentaine d’années, au grand marché de Banfora. Dans la salle de conférences du gouvernorat, se trouvaient en plus des autorités administratives, celles de la police, de la gendarmerie, des sapeurs-pompiers et les agents de la RAGIM.

Les commerçants chargent la mairie

Pour les soldats du feu, l’absence de poteaux d’incendie dans la ville qu’ils ont émise à chaque fois que l’occasion s’est présentée, leur a rendu la tâche difficile. Selon l’adjudant-chef Lona Tankoano, les camions étaient obligés de repartir à la caserne pour le ravitaillement alors que si la commune de Banfora en disposait en ville, comme c’est le cas dans la commune rurale de Bérégadougou située à quelques kilomètres de là, les dégâts auraient été moindres. A sa suite, le commandant de la compagnie de gendarmerie, le Lieutenant Rovis Ilboudo, s’est attaqué à l’absence de véritables voies d’accès au marché. En effet, exception faite de deux d’entre elles, toutes les allées ont été obstruées par des hangars de fortune installés par des vendeurs qui n’ont pas eu la chance d’avoir des boutiques. Pour les commerçants qui avaient quelques représentants à cette rencontre, cet incendie n’aurait pas été si grave si la mairie prenait en compte les préoccupations soulevées par leur bureau. Selon leur président, Boureima Sawadogo, c’est la mairie qui a favorisé ces installations anarchiques, car cela lui permettait de renflouer ses caisses. Toutefois, il a tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas des autorités actuellement en place. « De plus, nous avons plusieurs fois interpellé la mairie sur certaines activités pratiquées, notamment la préparation de beignets au sein du marché, l’utilisation du gaz et aussi sur la vétusté de certaines installations. Mais elle n’a rien fait », a-t-il ajouté. En attendant, la Police a demandé et obtenu la fermeture du marché, le temps pour elle de procéder à la sécurisation des lieux et aux auditions entrant dans le cadre de l’enquête devant permettre de situer les causes exactes de cet incendie.

Mamoudou TRAORE

Vu et entendu

La gouverneure obligée d’écourter une mission

La gouverneure de la région des Cascades, Léontine Zagré, était en mission lorsque les flammes ravageaient les boutiques de ses administrés. Saisie de la situation, elle a écourté la mission qui l’avait conduite à Ouagadougou pour venir constater de visu les faits. A ce qu’on dit aussi, on lui aurait fait croire que c’est tout le marché qui était parti en fumée.

La BNSP tire son chapeau à la SN SOSUCO et à certains opérateurs économiques de la place

Pendant leur combat contre le feu, les éléments de la 5e compagnie de la BNSP de Banfora ont eu le soutien de certaines structures et personnes physiques. Il s’agit, a-t-on appris de sources proches des soldats du feu, de la SN SOSUCO, de la PEFAN, des Faradji et d’un jeune opérateur économique répondant au surnom de Ladji. Chacun d’eux a fait venir sur les lieux un camion-citerne contenant de l’eau pour appuyer les sapeurs-pompiers.

La question des poteaux d’incendie à nouveau sur la table

A travers cet incendie, les Banforalais ont perçu la nécessité de l’implantation de poteaux d’incendie dans la ville. Un seul existe dans toute la ville et il est situé à la caserne des sapeurs-pompiers. Les premiers responsables n’ont jamais eu de cesse de demander leur implantation dans des endroits stratégiques qu’ils ont eux-mêmes définis. 2 à 5 millions de francs CFA, tel est le coût d’un poteau d’incendie. Selon plusieurs Banforalais, ce n’est pas « la mer à boire » si cela peut permettre de sauver des vies, des installations marchandes ou même limiter des dégâts.

Rassemblés par M. TRAORE


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