INONDATION AU QUARTIER TANGHIN DE OUAGADOUGOU : La population en colère contre l’entreprise Globex construction
La pluie qui s’est abattue sur la ville de Ouagadougou dans la nuit du 26 juin dernier a fait des dégâts au secteur 17, ex-secteur 23, dans le quartier Tanghin. Lors de notre passage dans la matinée d’hier, 27 juin 2016, ce sont des murs et des maisons effondrés que nous avons trouvés, laissant les habitants de la zone dans la consternation. Ceux-ci accusent l’entreprise Globex construction ayant exécuté les travaux de bitumage de la voie, d’être à l’origine de leur sinistre. Ils ont exprimé leur mécontentement en barricadant certaines voies du quartier.
Il est 10h 05mn ce 27 juin, lorsque nous arrivons au quartier Tanghin de Ouagadougou. Au niveau du premier feu tricolore après l’Université libre du Burkina (ULB), pas de passage pour les usagers, la voie ayant été barricadée par des jeunes très remontés. Approché, un d’entre eux fera savoir qu’ils manifestent pour exprimer leur mécontentement suite à l’inondation ayant occasionné l’écroulement de maisons dans le quartier. Mais après quelques minutes de négociations, les manifestants lèvent leurs barrières de fortune pour laisser passer notre véhicule. Nous tournons à gauche, longeant le nouveau goudron inauguré récemment et qui va vers le lycée privé intégré Neerwatta. A droite, des murs et des maisons (au nombre de quatre) écroulés ou souvent envahis par les eaux. Sur les lieux du sinistre, encore des barricades érigées à l’aide de branches d’arbres par des jeunes, sous le regard de riverains très remontés contre l’entreprise Globex construction qui a exécuté les travaux de bitumage de la voie. Georges Tapsoba, un habitant du quartier sinistré raconte : « les fossés du nouveau goudron sont trop restreints pour contenir les fortes densités d’eau qui coule. La pluie d’hier (NDLR : du dimanche 26 juin) a envahi plusieurs maisons qui se sont écroulées. Pourtant, nous avons interpelé l’entreprise chargée de la construction de la voie sur le sujet… Elle a fait un fossé d’1m2 alors que nous lui avons indiqué qu’il faut un fossé d’une largeur de 3m, sinon l’eau ne pourra pas passer. Le constat est là aujourd’hui. Nous n’avons pas été entendus et voilà les dégâts que cette pluie a occasionnés… ». Tout comme M. Tapsoba, Ezéchiel Ouédraogo, un sinistré, en veut aussi à Globex construction qui a exécuté les travaux de bitumage de la voie. « Quand ils sont venus faire le goudron, ils ont supprimé le pont qui s’y trouvait et qui permettait l’évacuation de l’eau. Ils ont construit des fossés qui ne peuvent pas contenir les fortes eaux de ruissellement. La preuve nous a été donnée avec cette pluie du dimanche qui a inondé nos maisons… Nous avons été contraints d’abandonner nos concessions avec nos femmes et nos enfants pour aller trouver refuge ailleurs », a-t-il laissé entendre.
Il y a urgence à agir
Pour Pierre Nabayaogo, un riverain, l’entreprise a été de mauvaise foi dans la mesure où elle a été interpelée par les populations riveraines sur le sujet. « Ce projet a été très mal ficelé. Ils ont été témoins, l’année dernière, de la quantité d’eau qui a coulé ici à telle enseigne qu’ils ont eu à interrompre leurs travaux. Cette année ils arrivent, font la voie sans canalisation parce que ce qu’ils appellent canalisation ressemble plus à des conduits de WC et non à des canalisations pour l’évacuation des eaux. Pour une pluie d’une heure ou 1h 30 mn, on se retrouve avec un tel nombre de sinistrés. Cela prouve que le travail a été mal fait. Les populations riveraines avaient signalé le problème aux premières heures à l’entreprise qui ne les a pas écoutées. C’est de la mauvaise foi ou bien c’est le projet qui a été mal conçu, donc mal exécuté. Je pense qu’un projet est fait pour les populations et non pour des animaux. Ce n’est pas une piste pastorale. Si l’on se porte mal après l’exécution d’un projet, c’est dire qu’il y a problème…. Ces caniveaux qui sont là ne valent pas la peine. Nous sommes dans un glacis inférieur. Toutes les eaux coulant depuis le sommet se croisent ici et se dirigent vers le barrage. Il ne faut donc pas venir barrer la route de l’eau », a confié M. Nabayaogo, pour qui il faut, dans l’urgence, « couper la route, quitte à refaire un pont en bonne et due forme », la saison des pluies étant déjà là.
En tout cas, pour les populations de la zone sinistrée, il y a urgence à agir car « c’est une question de vie ou de mort ».
Colette DRABO
Daouda Berte Dit Daoudagoast
/
Commentaire…Tous Les Problemes De La Ville De Ouagadougou
28 juin 2016