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INSECURITE ET MALGOUVERNANCE AU BURKINA  


Le 7 avril dernier, Koumbri, commune de la province du Yatenga, naguère occupée par les terroristes, a été libérée par l’armée nationale. L’aviation a été mise à contribution dans l’opération. Et à ce qu’on dit, un nombre impressionnant de terroristes y ont été neutralisés. L’armée mérite donc d’être félicitée pour cela. Enfin, peut-on dire, une nouvelle du front qui rassure et qui permet de croire que la peur va bientôt changer véritablement de camp ! Car, ces derniers jours, bien des Burkinabè, au regard des percées et des attaques terroristes meurtrières récurrentes au Nord et à l’Est du pays, se posaient des questions quant à la capacité du gouvernement à bouter les ingénieurs du mal hors de nos frontières. La réponse est venue de Koumbri. Mais elle ne suffit pas pour dire que l’armée a désormais l’ascendant sur les terroristes. Loin de là. Et Douma, du nom de cette localité du Yatenga dans la commune de Tangaye, entièrement conquise par les terroristes qui y auraient implanté leur sinistre drapeau, en est une preuve parmi tant d’autres.

 

 

Assurer le service après-vente des bombardements aériens

 

 

Et sans être un spécialiste des questions de stratégies militaires, l’on peut avoir l’impression que les raids aériens font mal aux terroristes. Ce furent les cas des opérations Otapuanu, N’Dofu, Koudanlgou et l’on en oublie. De ce point de vue, l’on peut se poser la question de savoir pourquoi l’armée ne multiplie pas ce genre d’opérations dans sa traque aux terroristes ? Pourquoi elle n’adopte pas une posture offensive dans sa lutte contre le terrorisme ? Et, pourquoi a-t-on attendu aussi longtemps avant d’agir par voie aérienne? En tout cas, le terrorisme est ainsi fait qu’il ne faut jamais lui laisser le temps de s’implanter dans une localité et d’y pousser des tentacules. Or, c’est exactement ce qui est en train de se passer sous nos yeux. Une autre suggestion que l’on peut prendre le risque de faire à nos stratèges militaires, est de les inviter à aller au-delà des bombardements aériens ponctuels pour véritablement sécuriser les localités libérées afin d’empêcher tout retour éventuel des terroristes, une fois que les avions ont regagné leur base. En tout cas, la libération seulement des localités des griffes des terroristes à coups de pilonnages aériens, ne suffit pas pour convaincre les personnes déplacées internes de regagner leurs patelins. Il se pose donc l’impérieuse nécessité d’assurer le service après-vente pour autant que l’on se soucie de l’efficacité des bombardements aériens. Mais tout cela pourrait ne pas suffire pour inverser les tendances.  En réalité, la posture la plus efficace pour casser les reins aux terroristes, est de faire reposer la gouvernance du pays, sur les valeurs de l’exemplarité des gouvernants, du patriotisme et de l’intégrité. Or, sur ce terrain, le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré s’illustre par des comportements dont tout laisse à croire que l’intérêt supérieur du pays est le cadet de ses soucis. En tout cas, certains des ministres du gouvernement donnent l’impression, au regard des impairs supposés ou réels qu’ils commettent, qu’ils ont fini de faire le requiem de l’éthique et de la morale au Burkina. Résultat : ils ne se fixent plus aucune limite en matière de malversations, de détournements de deniers publics, d’accumulations immodérées et illicites de richesses. Bref, le Burkina de Roch semble en train de toucher le fond en matière de mal-gouvernance.

 

Le Burkina a besoin d’urgence, d’une thérapie de choc

 

Sous Blaise Compaoré, il y avait la mal-gouvernance. Et ceux et celles qui en profitaient pour se “sucrer”, étaient un grand nombre et ils ne se recrutaient pas seulement dans l’entourage du président. Blaise avait fait sciemment ce choix pour que les uns et les autres se contentent de  boire le lait et s’abstiennent de compter les vaches et les veaux. Sous le soleil de Roch, le fond de la mal-gouvernance de Blaise demeure. C’est la forme qui a subi deux retouches. La première retouche est liée au fait que ce sont exclusivement les proches et les amis du président qui sont autorisés à jouir des biens de la République. Ce sont les privilégiés. L’autre retouche apportée par Roch est que ces prédateurs ont développé l’art de bien voler. Et comme s’ils voulaient insulter l’intelligence des Burkinabè, ils affichent très souvent des apparences de parangon de la vertu. Ils oublient par là que nous sommes dans un pays de savane où tout se sait et se voit. C’est le lieu de rendre hommage aux médias d’investigation grâce auxquels les basses œuvres du régime de Roch sont régulièrement mises à l’index. Si ces médias n’avaient pas levé les lièvres, on peut se demander ce que serait le Burkina aujourd’hui.   Le pays aurait eu probablement la palme d’or du pays le plus corrompu d’Afrique, actuellement détenue par le  Cameroun. Et pour ne rien arranger, en 2025, le président qui sortira des urnes, risque d’être de l’écurie de Roch. Et il aura eu le temps d’apprendre à l’école de Roch, c’est-à-dire l’école des détournements soft, de la promotion de la politique des coquins et des copains et l’on en oublie. Dans ces conditions, il est difficile voire impossible de gagner la guerre contre le terrorisme. Thomas Sankara avait réussi à mobiliser l’ensemble du peuple burkinabè pendant la guerre de 1985. Car, Sankara montrait la voie, la bonne pour sauver le pays si fait que bien des Burkinabè se sentaient concernés par la guerre de  Noël. Et cela galvanisait l’armée. Aujourd’hui, bien des Burkinabè font l’amer constat que “le plus rien ne sera comme avant”,  n’a finalement été qu’une grosse arnaque. C’est la course à l’enrichissement illicite au moment même où le Burkinabè lambda est contraint de se serrer la ceinture. Pour toutes ces raisons, Roch gagnerait à se secouer et à secouer le cocotier de sorte à se remettre en cause et à assainir véritablement son entourage. Les structures de contrôle de l’Etat doivent le pousser à aller dans ce sens. Car, l’enjeu ici, c’est le présent et l’avenir du Burkina. Déjà, tous ceux qui sont épris de bonne gouvernance, doivent ouvrir l’œil et le bon de sorte à empêcher qu’un homme-lige du régime ne prenne la succession de Luc Marius Ibriga à la tête de l’ASCE/LC quand ce dernier finira son mandat. De manière générale, le Burkina a besoin d’urgence, d’une thérapie de choc pour rompre avec les mauvaises pratiques.

 

« Le Pays »


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